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UN

FABLE V.

LE LOUP ET LE CHIEN.

N Loup n'avoit que les os et la peau,
Tant les Chiens faisoient bonne garde:

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,

Gras, poli, qui s'étoit fourvoyé par mégarde,"
L'attaquer, le mettre en quartiers,

Sire Loup l'eût fait volontiers.
Mais il falloit livrer bataille,

Et le Mâtin étoit de taille,
A se défendre hardiment,

Le Loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment,
Sur son embonpoint qu'il admire,

Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables,

Cancres, hères et pauvres diables,

Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi? rien d'assuré: point de franche lippée;

Tout à la pointe de l'épée.

La Genisse, la Cнévre, et la Brebis, en

Societé avec le Lion. Fable. VI.

FABLE VI.

LA GENISSE, LA CHEVRE ET LA BREBIS, EN SOCIÉTÉ AVEC LE LION.

A Genisse, la Chevre, et leur sœur la Brebis, Avec un fier Lion, seigneur du voisinage, Firent société, dit-on, au tems jadis,

Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs de la Chevre un Cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussi-tôt elle envoie.

Eux venus, le Lion par ses ongles compta,
Et dit: Nous sommes quatre à partager la proie;
Puis en autant de part le Cerf il dépeça;
Prit pour lui la premiere en qualité de sire :
Elle doit être à moi, dit-il, et la raison,
C'est que je m'appelle Lion:

A cela l'on n'a rien à dire.

La seconde, par droit, me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant, je prétends la troisieme.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrieme,
Je l'étranglerai tout d'abord.

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FABLE VII.

LA BESA C E.

JUPITER dit un jour: Que tout ce qui respire S'en vienne comparoître aux pieds de ma grandeur,

Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, Il peut le déclarer sans peur;

Je mettrai remede à la chose. Venez, Singe, parlez le premier; et pour cause; Voyez ces animaux: faites comparaison

De leurs beautés avec les vôtres.
Etes-vous satisfait? Moi, dit-il, pourquoi non?
N'ai-je pas quatre pieds aussi-bien que les autres?
Mon portrait jusqu'ici, ne m'a rien reproché.
Mais pour mon frere l'Ours, on ne l'a qu'ébauché:
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'alloit
plaindre.

Tant s'en faut, de sa forme il se loua très-fort,
Glosa sur l'Eléphant, dit qu'on pourroit encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles,
Que c'étoit une masse informe et sans beauté.
L'Eléphant étant écouté,

La Besace. Fable. VII.

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