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changements faits à la liturgie et aux autres parties du culte divin, les cérémonies essentielles ont toujours été respectées, et sont parvenues intactes jusqu'à nous, telles qu'elles étaient lors de leur institution; d'où il est aisé de conclure combien nos cérémonies sont saintes et vénérables, et avec quel respect elles doivent être conservées. Plusieurs sont aussi anciennes que le monde; d'autres ont été instituées par Jésus-Christ même ou par ses apôtres, et consacrées dans l'Eglise par un usage immémorial; celles qui sont d'un usage plus récent ont été établies, dans les différents âges, par les évéques, successeurs des apõtres, ou par les papes, vicaires de Jésus-Christ, et émanent par conséquent de la même autorité.

II. IMPORTANCE DES CÉRÉMONIES.

Si l'on envisage les cérémonies d'une mamère superficielle, on a de la peine à se persuader qu'elles soient si importantes à la religion; mais si on les considère attentivement et sous leur véritable point de vue, si on en recherche la signification, si on en examine les salutaires effets, on se convaincra aisément qu'une sagesse supérieure a présidé à leur institution, que ces rites sacrés ont des avantages inappréciables, et qu'ils sont tout à la fois un moyen nécessaire à la conservation du culte intérieur, une profession de foi claire et à la portée de tous les esprits, un préservatif contre l'erreur, une leçon de morale, un aliment à la piété : Imagines fidei, incitamenta pietatis, signacula religionis (1).

1. C'est une vérité confirmée par l'expérience, qu'il ne peut y avoir et qu'il n'y a jamais eu de religion sans cérémonies. L'homme est dans une si grande dépendance de ses sens qu'il lui serait bien difficile de s'élever aux objets spirituels, et de concevoir des sentiments religieux, sans être aidé par quelque signe sensible, propre à les exciter dans son cœur. Ce qui ne frappe pas les sens ne fait jamais sur l'âme une impression vive et durable. Il faut à l'homme un culte extérieur, des signes expressifs, des symboles, des cérémonies, pour lui représenter vivement la dignité des choses saintes; pour captiver son imagination et émouvoir puissamment son âme, pour lui inspirer le respect, la reconnaissance, la confiance, la soumissien envers Dieu, pour nourrir, entretenir et fortifier ces pieux sentiments dans son cœur. Nos frères errants, qui se sont dé chaînés avec tant de violence contre les rites usités dans l'Eglise catholique, sentent aujourd'hui les suites funestes de la triste nudité où ils ont réduit le culte; ils sont contraints d'avouer qu'en voulant épurer et simplifier la religion, ils en ont fait un squelette aride, qui n'a plus d'effet pour frapper les sens, pour fixer l'attention et intéresser les cœurs. Aussi un incrédule moderne est-il convenu que l'abolition des cérémonies religieuses chez les protestants en a banni la

(1) Conc. Camer, 1563.

(2) Foge. le Catéch, phi'os. de Feller.

piété, et y a fait éclore l'irréligion et l'a théisme (2).

2. Nos cérémonies sont une profession de foi claire et à la portée de tous les esprits C'est par ces symboles religieux que l'Eglise fait connaître la majesté du Dieu qu'ele adore, et rend en quelque sorte sensibles a grandeur et la sainteté de ses inystères. Le signe de la croix, si souvent répété dans l'administration des sacrements, nous retrace les mystères de la très-sainte Trinité et de la rédemption des hommes, c'est-à dire tout ce qu'il y a de plus grand dans la religion. Les cérémonies du baptême nous apprennent la corruption de la nature humaine par le péché; celles de la liturgie nous attestent, d'une manière vive et frappante, la présente de Jésus-Christ dans l'Eucharistie (3). Ou peut même assurer qu'il n'y a rien qui soit plus capable d'exciter dans les fidèles la foi et la dévotion envers le saint sacrement de l'autel, que de voir avec quelle solennité on célèbre le divin sacrifice; de voir que tous les sacrifices anciens ont été abolis, et qu'il n'y a que celui de Jésus-Christ qui suit offert au vrai Dieu dans tout l'univers; que dans tous les lieux et dans tous les siècles. depuis les apôtres jusqu'à nous, il y a eu une succession non interrompue de prêtres pour l'offrir avec des cérémonies si variées et si expressives; et qu'au milieu de cette diversité de rites on trouve cependant une parfaite uniformité entre tous les peuples sur la foi de ce mystère. Non, il n'est rien qui marque plus clairement la croyance universelle de l'Eglise envers ce divin sacrement, que la pompe des cérémonies qu'elle a établies pour l'honorer. Ce sont autant de démonstrations de ses sentiments envers le Dieu qu'elle reconnaît présent dans ce mystère: c'est la preuve publique et le témoignage authentique de sa foi, qui forme contre tous les seclaires un argument de prescription, auquel ils ne répondront jamais.

3o Les cérémonies sont un préservatif puissant contre l'erreur; elles servent à faire passer, de siècle en siècle, le dépôt des verités saintes, en les liant à des usages publics, à des pratiques observées parmi les peuples, et par là même plus difficiles à déraciner; monuments toujours subsistants de l'ancienne croyance, qui déposent à chaque instant contre toutes les nouveautés impies. Les ennemis de l'Eglise l'ont bien senti; et c'est une chose digne de remarque, que parmi les sectes nombreuses qui ont paru dans les différents siècles il n'en est presque point qui n'aient attaqué quelques-unes de nos cérémonies religieuses (4); jusqu'à ce qu'enfin la prétendue réforme de Luther et de Calvin, portant ses mains sacriléges sur toutes les parties du culte saint, mit tout en œuvre pour avilir les objets sensibles de la vénération des fidèles, et pour changer la forme extérieure de la religion, espérant, par ce moyen, en altérer plus facilement la foi. Mais l'Eglise n'en a que mieux senti l'impor

(3) Diction, theolog. de Bergier, (4) Voyez le Catéch. philos.

tance de ces pleuses cérémonies: elle les a toujours opposées comme une barrière aux nouvelles doctrines; et lorsqu'un dogme a élé attaqué par les hérétiques, elle en a fait extérieurement une profession plus expresse et plus solennelle, elle a multipié les formules et les rites les plus propres à manifester hautement sa croyance (1). Ainsi, quand les gnostiques et les ariens s'élevèrent contre le mystère de la Trinité, l'Eglise établit le chant du Trisagion, ou Sanctus, et la doxologie, à la fin de chaque psaume, pour attester sa foi aux trois personnes divines. Ainsi elle a rendu le culte de l'Eucharistie plus pompeux, la liturgie plus majestueuse; elle a établi les processions solennelles du saint sacrement, depuis que l'hérésie a osé nier la présence réelle de Jésus-Christ dans cet ineffable mystère (2). Ce seul trait suffirait pour montrer combien il importe de conserver nos rites sacrés, et combien il serait dangereux d'y donner atteinte.

4. Ce sont autant de leçons de morale qui nous rappellent nos devoirs. Le cérémonial du baptême est un tableau des obligations du chrétien; celui du mariage une exhortation sur les devoirs des époux; celui de l'ordre une instruction pour les ministres des autels. La prière que nous récitons tous les jours nous apprend que nous sommes tous frères, et que nous avons tous un même Père, qui est Dieu. Nos solennités réunissent, au pied des autels, les conditions les plus inégales: la communion place tous les chrétiens à la même table. Que peut-on trouver de plus propre à maintenir parmi les hommes l'union et la paix? Le chant des psaumes et des cantiques flatte agréablement l'oreille, inspire l'amour de la vertu, dégoûte des chansons licencieuses, si funestes aux bonnes mœurs. Le lugubre appareil des funérailles nous rappelle la fragilité de la nature humaine, et porte nos pensées vers une autre vie; les images des saints exposées à nos regards nous présentent des modèles parfaits de toutes les vertus; les fêtes que nous célébrons en leur honneur nous animent puissamment à les imiter.

5o Enfin un avantage bien reconnu des cérémonies de l'Eglise, c'est que, quand elles sont bien exécutées, elles deviennent un moyen très-efficace pour élever l'esprit et le cœur à la contemplation des choses spirituelles, pour aider et nourrir la piété des fi lėles, les instruire, les éclairer et les toucher; pour répandre dans leur âme le sentiment, l'onction, le goût des choses divines, en leur apprenant à joindre l'esprit à la lettre, le moral au physique, l'instructif, le pieux, l'édifiant au simple et au naturel (3). La forme et la beauté de nos églises, le son des cloches, les cierges et les flambeaux allumés, les processions publiques, la couleur et la forme des vêtements sacrés, les prostrations, les génuflexions, les signes de croix, la marche et les différentes attitudes du pré

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tre à l'autel, ses saluts réitérés vers le peuple, le baiser de paix, les encensements, l'eau bénite, le pain bénit: tout est figuratif, expressif, édifiant, pour le fidèle attentif et re ligieux. Quand on voit un prêtre pieux célébrer avec un air pénétré de ce qu'il fait, avec une contenance grave et modeste; réciter les prières saintes d'un ton plein d'onction; observer avec une religieuse exactitude jusqu'aux moindres cérémonies; en un mot, porter pour ainsi dire écrits sur tout son extérieur les sentiments respectueux dont il est animé envers les sublimes mystères qu'il traite, on est touché, on est porté à la piété et au recueillement, on aime les saints exercices de la religion, on vient avec plaisir aux divins offices. Oui! la vue d'un ministre des autels qui s'acquitte ainsi de ses augustes fonctions est une prédication souvent plus touchante, plus persuasive, plus efficace que le discours le plus éloquent. Plus d'une fois on a vu des hommes sans religion pénétrés de sentiments de dévotion, et attendris jusqu'aux larmes; des hérétiques même convertis, ou du moins saisis d'une crainte religieuse pour nos divins mystères, en assistant à nos cérémonies.

Saint Grégoire de Nazianzeen cite un exemple trop mémorable pour le passer ici sous silence. L'empereur Valens, protecteur déclaré des ariens, n'ayant pu vaincre saint Basile, ni par promesses ni par menaces, voulut l'intimider par un coup d'éclat, et le forcer de communiquer avec lui. Il vint done, le jour de l'Epiphanie, environné de tous ses gardes, dans l'église de Césarée, dont le saint était évêque. Mais quand il entendit le chant majestueux des psaumes; quand il vit le bel ordre et la modestie d'un peuple immense, qui paraissait bien mieux une assemblée de pieux solitaires; quand il aperçut la pompe toute céleste da culte et des cérémonies, les ministres sacrés plus semblables à des anges qu'à des mortels; l'évêque tel que le sacriti cateur éternel qu'il représentait, immobile devant l'autel, le regard modeste et pénétré, l'esprit aussi uni à Dieu que si tout eût été dans le calme; tous ceux qui l'environnaient, remplis de crainte et de respect; le prince fut frappé d'un spectacle si nouveau; il demeura immobile, et comme glacé d'une religieuse horreur. S'étant néanmoins un peu remis de ce saisissement, il s'approcha pour présenter son offrande; mais comme aucun des ministres ne vint pour la recevoir selon la coutume, parce qu'on ne savait pas si saint Basile voudrait l'accepter, alors, agité d'un soudain tremblement, et ses genoux chancelant sous lui, Valens serait tombé si lun des prêtres, qui s'aperçut de sa faiblesse, ne l'eût soutenu (4).

On dira peut-être que les petites villes et les campagnes ne peuvent offrir un aussi grand spectacle que celui que nous venons de décrire; mais il est certain qu'un pasteur qui a vraiment le zèle de la maison de Dieu

(3) Diction. des sciences ecclésiast., par Richard. (4) Devoirs d'un pasteur, ch. 7. Diction, histor., art Sam Bas.le.

Par

trouve toujours le moyen de faire le service divin de manière à intéresser les fidèles et à les édifier. S'il ne peut réunir autour des aute's cette multitude imposante de ministres sacrés, lui est-il impossible de former un certain nombre de jeunes gens à faire toutes les cérémonies avec piété et religion? Serait-il indigne de lui de faire de sa maison une espèce de petit séminaire, qui, dirigé par lui ou par quelque ecclésiastique veriueux, donnerait à sa paroisse tous les officiers dont le culte public a besoin, et fournirait ensuite de bous prêtres à l'Eglise? Ne pourrait-il pas même trouver, dans les confréries des pénitents ou du saint sacrement, des jeunes gens distingués par leur piété et leur assiduité à l'église, pour l'aider à célébrer avec dignité les divius offices? Enfin ne pourrait-il pas, aux approches des solennités, réunir tous ceux qui doivent officier, pour préparer les cérémonies qu'ils auront à faire? Car il ne faut pas oublier que si nos cérémonies saintes produisent les salutaires effets dont nous avons parlé, ce n'est que lorsqu'on s'en acquitte bien. Si on les fait inal, elles produisent un effet tout contraire : au lieu d'inspirer le respect pour la religion, elles la font mépriser; au lieu d'édifier les peuples, elles les scandalisent. De là pour tous les ministres des autels l'étroite obligation d'observer les cérémonies de l'Eglise avec exactitude, avec décence et piété.

III. DE L'OBLIGATION DE BIEN OBSERVER LES CÉRÉMONIES.

1o L'Eglise, saintement jalouse de la gloire de son divin Epoux, n'a rien négligé de tout ce qui peut contribuer à la majesté de son culte. L'ordre de la prière publique, l'office de chaque jour de l'année, les rites usités dans l'administration de tous les sacrements,

la couleur et la forme des vêtements de ses

ministres, la décoration des temples et des autels, les bénédictions, les encensements, le chant, la psalmodie, rien ne lui a paru in

digne de son attention et de son zèle; rien n'a été laissé à l'arbitraire; et depuis les plus sublimes fonctions de l'épiscopat jusqu'aux moindres offices de la maison de Dieu, elle a tout réglé dans le plus grand détail, elle n'a cessé de recommander à tous ses ministres l'observation de ces saintes règles. Elle décerue des peines sévères contre ceux qui aux rites approuvés et consacrés par un saint et fréquent usage osent en substituer d'au4res (1). Elle frappe d'anathème ceux qui ont la témérité de soutenir qu'on peut mépriser ces cérémonies saintes; que les ministres peuvent sans péché les omettre à leur gvé, ou que chaque pasteur a le droit de leur en substituer de nouvelles (2).

Quelle confusion, en effet, ne serait-ce pas daus l'Eglise, si des objets aussi importants que les cérémonies de son culte étaient livrés aux variations et aux caprices des hom

(1) Conc. Trid. sess. 22, de observand, et evitand. in celebr. miss.

2) Ibid., sess. 7, can. 15.

(5) Collet, Traité des saints myst., ch. 1.

(4) Erat sollicitus Nepotianus si uiteret altare, si pa

mes! Chacun aurait donc ses usages particuliers pour la dispensation des choses saintes: une même paroisse, toutes les fois qu'elle changerait de pasteur, verrait aussi changer ses rites, ses pratiques les plus révérées, et toute la forme extérieure du culte public. Et dès lors que deviendrait cette parfaite uniformité qui donne un si grand lustre à l'E glise? A quel danger la foi des peuples ne serait-elle pas exposée au milieu de tant de variations? Aussi les théologiens enseignentils que la plupart des rubriques du Missel, du Rituel et du Bréviaire, sont de véritables lois qui obligent en conscience; que tous les ministres des autels sont tenus de s'y conformer dans la pratique; que celui qui, de propos délibéré, ou parune négligence coupa ble, omet ce qui est prescrit par ces rubriques, commet un péché mortel de sa nature, à moins qu'il ne devienne véniel par la légèreté de la matière; que ce qui est léger en soi peut devenir mortel, à raison du mépris qui fait transgresser la loi, ou du scandale qui pourrait en résulter (3). Maximes incontestables, et qui ont de quoi faire trembler tant d'ecclésiastiques qui, ne suivant dans l'exercice de leurs fonctions que l'habitude et la routine, y accumulent sans cesse faute sur faute, négligence sur négligence; ne font presque aucune cérémonie de la manière et dans les temps marqués, et récitent toutes les prières avec tant de rapidité, qu'il est souvent douteux s'ils ont prononcé les paroles sacramentelles.

2o Mais il ne suffit pas pour un ecclésiastique de suivre littéralement, dans l'exercice de ses fonctions, les règles de l'Eglise : il doit encore observer toutes les cérémonies avec décence. Or la décence demande que les églises soient propres et bien ornées, et que le service divin se fasse avec dignité. Le zèle pour la décoration et l'embellissement de la maison de Dieu fut toujours le caractère d'un ecclésiastique plein de l'esprit de son état. La foi vive dont il est animé ne peut voir le lieu que le Très-Haut honore de sa présence, dans l'abandon et le dénûment. Si la pauvreté de son Eglise ne lui permet pas d'y prodiguer l'or et l'argent, il met tous ses soins à l'entretenir dans la propreté et la décence, et à suppléer ainsi à ce qui lui manque du côté de la richesse. Car la décence du culte divin ne demande ni des linges de grand prix, ni des ornements somptueux; elle n'exige que des soins, de l'attention et du zèle. Et tandis que l'on voit des églises fort riches entièrement négligées, dans un état de malpropreté qui fait horreur, celle d'un prêtre que le zèle de la maison de Dieu dévore est toujours bien entretenue, ornée et décente; on n'y voit rien de déchiré et de malpropre; tout y est dans l'ordre, tout y respire la piété, tout y annonce la saintete de celui qui y réside (i).

rietes absque fuligine, si pavimenta tersa, si sacrarium mundum, si vasa luculenta; et in omnes cæremonias pa solicitudo disposita, non manus, non majus negligebat offi cium: ubicumque eum quæreres, in ecclesia invenires. Hieron., epist. 35, ad Hel.

.

Mais suivons ce ministre pieux dans l'exercice de ses fonctions: avec quelle dignité, avec quelle gravité ne s'en acquitte-t-il pas?

s'y prépare toujours par le recueillement et la prière; et sa foi vive lui découvrant la sainteté du ministère qu'il va exercer, il évite tout ce qui pourrait détourner son attention du grand objet qui doit la fixer tout entière. Revêtu des ornements sacrés, il s'avance vers l'autel, comme l'ordonne la rubrique, les yeux baissés, le corps droit, et avec celle gravité imposante qui atteste combien il est pénétré de ce que le ciel va opérer par ses mains: Procedit erecto corpore, oculis demissis, incessu gravi (1). Persuadé qu'il n'est rien de petit au service de Dieu, il s'applique

à faire toutes les cérémonies avec dextérité et bienséance, sans affectation, sans singularité, évitant également et une précipitation scandaleuse, et une lenteur fatigante. Son respect, son amour, se montrent au dehors, et se peignent dans tout son extérieur, sa demarche, son maintien et le son de sa voix. Un port grave, une contenance humble et modeste, un air attentit et pénétré, un ton simple, mais plein d'onction, tout frappe les assistants, tout réveille en eux la foi, et leur inspire le respect le plus profond pour nos mystères; tout fait une impression vive sur leur âme, et leur communique les sentiments dont le ministre est animé. On rapporte de saint Vincent de Paul qu'on ne pouvait le voir à l'autel ou dans les offices publics sans être ravi d'admiration. On découvrait dans

toute sa personne je ne sais quoi de si grand, de si majestueux et en même temps de si humble, qu'on a plusieurs fois entendu des personnes qui ne le connaissaient pas se dire les unes aux autres : « Mon Dieu! que voilà un prêtre qui dit bien la messel il faut que ce soit un saint. >> D'autres disaient qu'il leur semblait voir un ange à l'autel (2)..

Mais si, au lieu de ces exemples d'édification, les peuples n'aperçoivent dans un ministre du sanctuaire que négligence et dissipation; si, au lieu de cette décence qui doit être pour ainsi dire répandue sur toute sa personne, il porte dans ses fonctions un air léger et dissipé, un maintien qui annonce le dégoût et l'ennui, quelle impression un tel spectacle ne doit-il pas faire sur eux? Quel scandale pour des yeux chrétiens de voir un prêtre monter à l'autel sans préparation, porter çà et là des yeux égarés, faire toutes les cérémonies sans dignité, parler Dieu souverainement grand avec aussi peu de respect qu'au dernier des hommes; en na mol, traiter les divins mystères avec tant de précipitation et avec si peu de dignité, qu'il semble se jouer de tout ce que la religion a de plus auguste! Comment pourrontils prier avec dévotion dans un lieu où règne la confusion et le tumulte, où le clergé, les

(1) Ril. miss. priv., c. 1.

(2) Vie de saint Vincent de Paul, par Collet.

au

(3) Matth. xv, 8. Le plus sûr moyen pour soutenir son attention et nourrir sa piété dans les cérémonies, c'est d'en connaître le sens et les mystères qu'elles reaferment. On trouvera des notions très-intéressantes sur cette

enfants de chœur, les chantres et le peuple conspirent, ce semble, à augmenter le désordre? De telles indécences otent au servico divin toute sa dignité; clles détruisent la piété et ébranlent même la foi des fidèles; elles exposent la religion à la dérision des peuples; elles servent de prétexte à l'impie pour s'autoriser dans son incrédulité.

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3o Le respect religieux que nous devons aux fonctions du culte divin ne doit passenlement paraître à l'extérieur, il doit être profondément gravé dans notre cour. C'est le cœur que Dieu regarde principalement; et il n'y a qu'une piété véritable qui puisse lui faire agréer les hommages que nous lui reudons. Les cérémonies, les prières vocales les signes extérieurs et visibles ne sont que des protestations publiques des sentiments dont nous sommes pénétrés envers la souveraine majesté. Il faut donc, pour que notre culte soit sincère, que ces sentiments exis. tent, autrement le cœur et l'action se con. tredisent, et nos fonctions les plus saintes ne sont plus aux yeux de Dieu qu'un vain simulacre de piété, et nous méritons le même reproche que les Juifs, dont le Fils de Dieu disait: Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi (3).

IV. CONCLUSION

Après les considérations précédentes, il n'est personne qui révoque en doute l'inportance des cérémonies religieuses; elles constituent le culte extérieur dont la néces

sité est incontestable; elles expriment le dogme dans beaucoup de circonstances; elles sont un dépôt de la tradition, lorsqu'elles remontent jusqu'à l'antiquité la plus reculée; elles sont un lien d'unité dans l'Eglise, propre à prévenir les schismes et à ramener les dissidents au catholicisme. Rien n'est plus propre aussi à confirmer dans la foi, par les impressions profondes qu'elles font dans l'âme, quand elles sont bien exécutées. Licet ipsæ cæremoniæ nullam secundum se perfectionem, nullam contineant sanctitatem, sunt tamen actus externi religionis, quibus quasi signis excitatur animus ad rerum sacrarum venerationem, mens ad superiora elevatur, nutritur pietas, fovetur charitas, crescit fides, devotio roboratur, instruuntur simpliciores, Dei cultus ornatur, conservatur religio, et veri fideles a pseudochristianis et heterodoxis discernuntur (Bona apud Marten. in præf. tom. I de Ecclesiæ Ritibus). Quelle est donc la nécessité, surtout dans un siècle dépourvu de foi comme le nôtre, quelle est donc l'importance d'un livre qui présente, commo dans un tableau, avec tous leurs détails, les principales fonctions sacerdotales et cléricales, telles qu'on les pratique dans l'Eglise latine? Quoiqu'il y ait des différences en France, la liturgie, quant au fond, doit y être essen

matière dans l'Explication littérale, historique et dognintique des prières et cérémonies de la messe, par le P. Lebrun; dans la troisième dissertation de Collet, à la fin de son excellent Traité des divins mystères; dans les Origines de la liturgie, par M. Pascal, qui font partie de la présente Encyclopédie théologique, tom. VIIL

tiellement romaine; les livres romains ont formé le droit public, le droit commun de la liturgie parmi nous, depuis le temps de Charlemagne. Maintenant les livres qui composent le corps de la liturgie romaine sont le Bréviaire, le Missel, le Rituel, le Pontifical

et le Cérémonial des évêques; chacun de ces livres, revêtu de l'autorité du chef de J'Eglise, a reçu de nombreux éclaircissements par les décrets émanés de la congrégation des Rites, dont la plupart ont force de loi, ayant été confirmés et sanctionnés, implicitement ou explicitement, par le législateur luimême, le souverain pontife. Enfin un grand nombre d'hommes érudits ont fait de ces matières une étude spéciale; ils ont tracé, dans le plus grand détail, les fonctions des ministres du sanctuaire, toujours en conformité avec les règles écrites qu'on vient d'énoncer, qu'ils ont respectées comme des lois inviolables, tout en les expliquant selon la pratique la plus autorisée dans l'Eglise.

C'est à de pareilles sources qu'ont puisé les auteurs du Manuel des cérémonies romaines. Les règles du droit positif étant variables sur certains points, et l'ouvrage de l'homme toujours imparfait, ce manuel a reçu des ad ditions, a subi des corrections, comme l'indiquent des éditions déjà un peu anciennes ; mais il n'a été corrigé qu'imparfaitement, puisqu'on y trouve des contradictions, surtout entre le premier et le second volume; de nombreux décrets émanés plus tard de la congrégation des Rites ont fixé les opinions sur certaines difficultés, ont déclaré abusifs certains usages plus ou moins anciens, plus ou moins étendus; d'autres décrets ont étendu la liberté, ont consacré certains usages; les souverains pontifes ont fait de nouvelles concessions; des auteurs récents ont recueilli

ces nouvelles dispositions du droit liturgique, ont discuté de nouvelles questions, ont constaté la pratique actuelle de l'Eglise, etc., etc. Tout cela démontrait la nécessité de faire à ce manuel de nouvelles corrections, et combien il pouvait être amélioré. C'est la tâche que je me suis imposée. J'ai voulu qu'un livre qui annonce, par son titre, les cérémonies romaines, les présentât dans toute leur pureté, telles qu'on les pratique surtout à Rome. Pour cela j'ai vérifié avec soin le texte des livres liturgiques sur les éditions approuvées et récentes; j'ai consulté les auteurs les plus approuvés et les plus récents, surtout Merati, qui résume bien d'autres auteurs; Bauldry, qui fait autorité, même actuellement à Rome; Romsée, qui professait naguère les rites sacrés en Belgique, et qui tient compte de plusieurs usages de France; Baldeschi et Gardellini, l'un cérémoniaire dans la basilique du Vatican, l'autre assesseur de la sacrée congrégation des Rites et souspromoteur de la foi. Ce dernier est éditeur d'une collection des décrets de la même congrégation; c'est là que j'ai vérifié les décrets cues dans l'ouvrage.

J'ai laissé subsister, dans cet ouvrage, tout ce que je n'ai pas jugé défectueux; mais le stvie a subi des modifications. J'ai tenu

compte des usages locaux, quand ils ne m'ont pas paru contraires aux bonnes règles. J'ai souvent indiqué plusieurs manières de faire une même chose, quand la manière est arbitraire; cela met à l'aise ceux qui ont là-dessus des habitudes ou des opinions différentes. J'ai souvent retranché des choses de détail qui m'ont paru peu fondées ou pou importantes; cela n'empêchera pas ceux qui en ont l'habitude de la continuer s'ils la trouvent bonne. J'ai souvent fait des additions puisées à différentes sources que j'indique par des citations entre parenthèses, ou que l'expérience a fait juger utiles ou nécessaires. Les corrections sont bien souvent aussi justifiées par des citations.

La plus grande partie de ce livre concerne la célébration solennelle et privée de la sainte messe; les règles en sont dans le Missel romain et le Cérémonial des évêques; ce même Cérémonial avec le Rituel romain fournissent une grande partie de ce qui concerne les autres fonctions ecclésiastiques décrites dans cet ouvrage. Il ne faut pas perdre de vue l'autorité imposante de ces différentes sources. Voici les paroles du concile de Trente, citées à l'appui du Rituel : Si quis dixerit receptos et approbatos Ecclesiæ catholicæ ritus, in solemni sacramentorum administratione adhiberi consuetos, aut contemni, aut sine peccato a ministris pro libito omitti, aut in novos alios per quemcumque ecclesiarum pastorem mutari posse, anathema sit. Quant au Missel, outre l'autorité de saint Pie V, ou plutôt du concile de Trente, qui s'en est déchargé sur le souverain pontife, voici un décret de la sacrée congrégation que le pape Urbain VIII a fait imprimer en tête des Missels, avec ordre de s'y conformer: Mandat sacra congregatio in omnibus el per omnia servari rubricas Missalis romani, non obstante quocumque prætextu et contraria consuetudine quam abusum esse declarat. Quant au Cérémonial des évêques, voici ce qu'en a dit en dernier lieu Benoît XIV: Hujusmodi vero leges et instituta cæremonialia ab iisdem cardinalibus præscripta, et a nobis inspecta cum probassemus, quo firmius subsistant et serventur exactius, tenore præsentium, apostolica auctoritate approbamus et confirmamus, atque ab omnibus et singulis ad quos spectat, et in futurum spectabit, perpetuo observanda esse statuimus, præcipimus et mandamus.

Le Pontifical romain a été publié avec les mêmes prescriptions, par la même autorité. Il est expressément défendu d'y rien changer, ajouter ou retrancher. Ce livre ne s'est pas multiplié en France comme les autres livres liturgiques.

C'est à ces diverses sources qu'on a puisé pour donner des livres élémentaires à ceux qui ont besoin d'apprendre nos saintes cérémonies. Ici on trouvera les sources mêmes. On pourra étudier les saintes regles dans la Jangue même de l'Eglise; on les trouvera aussi dans sa langue maternelle. Tout ce que doit faire chaque ministre de l'Eglise y est amplement détaillé. Les prières et les formu

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