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L'exception unique est faite pour le roi, a dit M. de la Fayette. Les princes du sang sont comme les autres hommes, citoyens actifs, quand ils ont rempli les conditions requises.

M. de Faucigny a représenté que cette question étoit constitutionelle. Il en a demandé le renvoi à lundi midi..

M. Alexandre de Lameth: On ne dit point le duc Fox, le comte Washington, le marquis Franklin; mais Charles Fox, Georges Washington, Benjamin Franklin. Et ces hommes sont grands aux yeux du monde : de plus, je demande que l'encens soit réservé à la divinité, & qu'il n'y ait plus de livrée.

M. de Saint-Fargeau Je ne viens point ici faire le sacrifice des titres des ci-devant comtés & marquisats dont je possede les terres. Je ne les ai jamais portés. Je demande seulement que chacun ne prenne que le nom de sa famille. Il n'y a plus de seigneurs de terres. En conséquence, je signe ma motion, Michel le Pelletier.

Si, d'un côté, l'on a combattu de sacrifices, de l'autre, on s'y est opposé avec violence. J'en rendrai compte demain. Voici les deux décrets qui ont été rendus, sauf rédaction:

DÉCRETS.

« L'assemblée nationale, à l'approche du grand jour de la fédération générale, voulant donner à tous les François l'exemple de la fraternité, décrete que les symboles de la servitude qu'on voit aux pieds des statues des rois dans la capitale, seront détruits incessamment. >>

Le second: « L'assemblée nationale, considérant que la noblesse héréditaire ne peut subsister dans un état libre, décrete en conséquence que les titres de ducs, comtes, marquis, barons, excellences, grandeurs, abbés & autres de toute espece, seront abolis; que tous les citoyens ne pourront prendre que leurs noms de famille & patronimique; que personne ne pourra faire porter de livrée ni prendre d'armoirie; que l'encens ne brûlera dans les temples que pour honorer la Divinité; que le tire de monseigneur ne sera donné à aucuns corps ni individus, sans que néanmoins, sous prétexte de mettre à exécution le présent décret, on puisse attenter aux propriétés ni à la décoration des monumens publics & privés, & sans qu'on puisse forcer à quitter les livrées d'ici au 14 juillet dans Paris, & d'ici à trois mois dans les provinces.

Le scrutin n'a pas donné de président. Les voix se sont partagées entre MM. le Pelletier', de Bonnay, de Mirabeau, Treilhard. I es secrétaires sont MM. du Dellay d'Agier, Populus, Robespierre.

La séance s'est levée à onze heures.

LE HODEY.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, Place du Palais-Royal, au coin de la rue Fromenteau.

Suite de la séance du soir, 19 juin.

M. Milet de Mureau a continué la discussion

en ces termes :

MESSIEURS,

Nous nous sommes fort éloignés de la premiere motion. M. de l'Empirée a dit : Malheur aux écrivains qui viendront après moi; & moi, Messieurs, je dis : Malheur au patriote qui dans une occasion pareille monte le vingtieme à la tribune. M. de Lameth vous propose d'élever un monument aux vertus de Louis XVI. J'adopte să motion: ce monument existe déjà dans le cœur de tous les François ; mais je m'oppose à la destruction de la statue de la place des Victoires; il faut une ombre au tableau, vous ne pourriez effacer son existence de l'histoire, & elle servira à prouver la différence des lumieres du dix-septieme au dix-huitieme siecle.

M. l'abbé Maury: Il n'est aucune des propositions étonnantes qu'on nous fait qui ne mérite une discussion approfondie. On propose de dé

truire les emblêmes de la servitude consacrées sur la place des Victoires, & les inscriptions fas-" tueuses qui se lisent autour du piédestal. On en Tome XII, No. 26.

Cc

fait un crime à Louis XIV; mais ce n'est pas lui qui a ordonné ce monument. Il doit son existence à la basse adulation d'un de ses courtisans, du maréchal de la Feuillade. Pourquoi ne portet-on pas ses regards sur le statue de Henri IV, chargée d'une inscription en l'honneur du cardinal de Richelieu ? sur la statue de Louis XIII, qui paroît plutôt élevée en l'honneur de ce ministre? Ne voit-on pas aussi des esclaves aux pieds de Henri IV? Je pense que bien loin de les enlever, il faut les y conserver soigneusement, pour montrer aux siecles futurs jusqu'où la flatterie a osé se porter. Quoi qu'on en dise, Louis XIV a aggrandi la nation. S'il n'avoit pas dans le génie autant de grandeur que dans le caractere, il n'en méritoit pas moins le nom de grand. On propose d'élever une statue au restaurateur de la liberté. Honorez vos rois, en dirigeant vers un but moral les monumens que vous éleverez à leur gloire, mais ne dégradez pas leurs prédécesseurs aux yeux des peuples.

Quant aux titres, déjà du tems de M. la Rochefoucault on ne reconnoissoit plus les hommes au nom, ni les femmes au visage; mais pour ce qui regarde la noblesse, la détruire, c'est détruire la monarchie sans noblesse, plus de monarchie, a dit Montesquieu.

La livrée remonte au tems des armoiries. Elle appartient aux seuls nobles; & le maire de Paris n'a pas même le droit de la faire porter. Croyezvous que le bonheur des subalternes dépende de cette réforme ? Non certainement. Au reste, je conclus à ce que ces questions, la plupart constitutionelles, soient ajournées à une séance du matin.

Et moi aussi, a dit M. Mathieu de Montmorency, pourrai-je trouver encore à faire un sacrifice à la patrie après tant de généreux citoyens. Si quelque chose a puleur échapper, je demande que les armoiries soient abolies, & qu'il n'y ait plus d'autres armes que celles de France.

Un Montmorency, disoit-on, en gémissant du côté droit! rénoncer aux seize alérions! ...

M. d'Estourmel annonce un amendement. On ne compose point avec l'honneur, s'écrie M. de Digoine. Un gentilhomme ne peut proposer ici d'amendement. Je connois les devoirs d'un gentikhomme, a répondu M. d'Estourmel: je demande que le roi des François puisse toujours sceler avec les trois fleurs de lys d'or en champ d'asur.

M. Lanjuinais proscrit les titres d'altesse, d'excellence, de grandeur, d'abbé : il n'y a plus d'abbayes.

Sur la représentation de M. de Virieu que l'exécution du décret pourroit exciter des mouvemens Cc a

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