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Tout pontife, choisi parmi les hommes, est établi pour le bien des hommes, dans les choses qui regardent la Divinité ; c'est l'idée que l'apôtre des nations nous donne du sacerdoce chrétien, & la raison nous dit avec la religion que le but de tout gouvernement est le bien de ceux qui sont gouvernes, non de celui qui gouverne; & que le pasteur est établi pour l'utilité du troupeau, non le troupeau pour l'utilité du pasteur.

Mais si les évêques, les curés & les autres ministres de la religion, ne sont établis que pour les peuples, à qui convient-il mieux qu'aux peuplus de les choisir? La discipline de l'église primitive ne connoissoit pas non plus d'autre forme de pourvoir aux offices ecclésiastiques. On y tenoit pour maxime qu'un ministere qui porte tout entier sur la confiance des hommes, ne pouvoit être exercé dignement & utilement par celui qui ne connoissoit point ceux qu'il devoit gouverner, & qui n'en étoit pas connu. On étoit persuadé que celui à qui tous doivent obéir, que tous doivent écouter, doit être choisi par tous, & qu'il est insensé de donner pour pasteur à une église, une personne qu'elle n'a pas desirée, ou que souvent elle rejette.

Les apôtres en avoient donné l'exemple. Appelés directement par Jésus-Christ, chargés expressément par lui de prêcher, de baptiser les nations, ils ne croyoient pas qu'il leur appartînt exclusivement de se donner des collegues ou des coopérateurs, encore moins les recevoir d'une main particuliere. Quand il fut question de renplacer le disciple perfide que sa trahison avoit fait déchoir de l'apostolat, c'est l'assemblée

de tous les fideles qui choisit deux sujets, & le sort décida lequel des deux rempliroit la place.

L'exemple qu'avoient donné les apôtres, a été suivi par leurs successeurs. Nul n'étoit élevé à l'épiscopat, nul même n'étoit promu à l'ordre de la prêtrise, que par ies suffrages du peuple. Nos pontificaux nous en retracent encore le souvenir. Jamais un évêque n'est consacré que sur la réquisition faite par l'ancien des assistans, au nom de toute l'église. Jamais l'évêque ne donne les ordres sacrés, qu'après avoir demandé le consentement du peuple.

Sans doute, Messieurs, les suffrages du peuple, même unanimes, ne faisoient pas l'évêque; ils ne lui donnoient ni les pouvoirs, ni la mission qui sont le caractere distinctif de l'épiscopat. Après avoir été élu par tous les fideles, il lui restoit à être examiné, confirmé, institué par son métropolitain, ou par les évêques de la province. Mais il n'en est pas moins certain que le métropolitain ou les évêques provinciaux n'élevoient jamais à la dignité d'évêque que celui qui leur étoit présenté par le peuple.

C'est cette ancienne discipline, que nous vous proposerons, Messieurs, de remettre en vigueur. L'église gallicane l'a conservée plus long-tems qu'aucune autre ; & la nation n'a jamais pu être dépouillée du droit de choisir celui qui doit parler à Dieu en son nom, qui doit lui parler au nom de Dieu, l'enseigner & la consoler. Le peuple ne peut être forcé de donner sa confiance à celui qu'il n'a pas choisi, à celui qui lui est envoyé par une main quelquefois suspecte, quel quefois ennemie.

Voici les articles décrétés aujourd'hui.

<< V. Sur la premiere nouvelle que le procureurgénéral-syndic du département recevra de la vacance du siege épiscopal par mort, démission ou autrement, il en donnera avis aux procureurssyndics des districts, à l'effet par eux de convoquer les électeurs qui auront procédé à la derniere nomination des membres de l'assemblée administrative ; & en même tems, il y aura 15 jours entre le jour de la convocation & la formation de l'assemblée.

VI. Si la vacance du siege épiscopal arrivoit dans les quatre derniers mois de l'année où doit se faire l'élection des membres de l'administration de département, l'élection de l'évêque seroit différée & renvoyée à la prochaine assemblée des électeurs.

VII. Pour être éligible à un évêché, il sera nécessaire d'avoir rempli les fonctions ecclésiastique dans le diocese, au moins pendant dix ans, en qualité de curé, ou pendant quinze ans en qualité de vicaire de paroisse, de vicaire supérieur de l'évêque, où de vicaire-directeur dans un séminaire. »

Le cinquieme & sixieme articles ont été admis sans aucuns débats, seulement au sixieme, au lieu de détendre à l'année la disposition par laquelle les électeurs pourroient attendre à faire l'élection d'un évêque, on l'a restreinte à 4 mois.

Sur l'article 7, M. le Camus a proposé pour amendement que les vicaires fussent admis au concours. Leurs fonctions sont aussi honorables & aussi pénibles que les fonctions curiales. Les vicaires portent comme les curés le fardeau du mi

nistere ils apprennent à l'école de l'expérience la maniere de gouverner les peuples; il me paroît qu'après 15 ans de fonctions ils doivent être admis à l'éligibilité. Je les mettrois même de niveau avec les curés, s'il n'étoit pas plus que vrai→ semblable que pour parvenir à être curé on aura rempli pendant quelques tems les fonctions de vicaire.

M. de Beaumets a combattu l'opinion qui tendoit à ne pas faire mention des grands vicaires des évêques. Je ne vois pas, & personne ne le verra non plus que moi, que ce soit un motif d'exclusion que d'avoir passé une partie de sa vie dans les grades qui, jusqu'à ce moment, conduisoient à l'épiscopat. Il y a, dans cette partie du clergé, des personnes du plus grand mérite, & remplies de vertus, & qui ont réellement supporté & supportent encore le fardeau d'un ministere aussi pénible qu'honorable. Cette disposi tion étoit déjà dans l'article, mais MM. les vicaires de l'évêque étoient mis au niveau des cu rés pour le laps de tems exigé pour être éligible; & sur les observations de M. Camus & autres, ils ont été mis au niveau des vicaires de paroisse.

La séance s'est levée à neuf heures.

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, Place du Palais-Royal, au coin de la rue Fromenteau.

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ASSEMBLEE NATIONALE

PERMANENT E.

Séance du 11 juin 1790.

MM. du Mouchel & Gourdan ont lu une nouvelle rédaction des procès-verbaux renvoyés; & elle a été approuvée.

M. Bouche a rendu compte d'une action, digne de l'aurore de la liberté, du maire de la ville d'Aix. Le régiment de Véxin, prétendant avoir à se plaindre de celui de Royale-Marine, s'est rendu à peu de distance de la ville d'Aix pour en avoir raison. Il étoit suivi de 12 à 15 cents brigands. Royale-Marine est sorti de son côté, & 'ces deux corps alloient en venir aux mains, lorsque le maire a paru & a cherché à rétablir la paix. Voyant qu'il ne pouvoit y parvenir, il s'est écrié: «< Hé bien ! puisque vous ne voulez pas vous rendre à ce que je propose, je reste au milieg de vous. Tirez sur moi. Je ne veux pas être le témoin des excès où vous allez vous porter. »

T

A ces mots, les soldats des deux régimens mettent bas les armes, embrassent ce brave homme, s'embrassent entr'eux; & le maire parvient à sau Tome XII. No. 18.

S

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