Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

D

munauté. Il mettra sur l'autel de Saint-Pierre des chasse-mouches en

plumes de paon 1. Il veillera à l'entretien de l'endroit où se bénissent » les rameaux, à celui du bénitier de Saint-Jean et de son goupillon... » Il ornera les autels de nappes, les jours de fête, comme c'est d'usage, » ainsi que les siéges épiscopaux de riches revêtements. Il fournira l'huile » pour la confection du chrême et de l'huile des catéchumènes, en même >> temps que les vases où on les conserve. Mais c'est à l'évêque à fournir » le baume pour le chrême.

Le sacristain munira de coussins le banc placé à la porte du chœur, » où siège l'évêque, soit quand il officie, soit quand il assiste aux » cérémonies; et il en fera autant pour les deux bancs à côté. Il mettra » des draperies de soie ouvragée au dos de la chaire épiscopale et à » la place de la tête des chanoines ou dignitaires assistants. Il aura » également, au profit de ces derniers, des coussins rembourrés de >> plumes.

D

Au sacristain le soin d'étendre et de replier les courtines. A lui encore >> celui d'entretenir la lampe établie à l'autel Notre-Dame de l'église des » saints apôtres Pierre et Paul par le frère Bernard, convers de Mague>> lone, avec l'assentiment de l'évêque, du prévôt et du chapitre, mais » jusqu'à concurrence d'un setier d'huile d'olive seulement chaque

» année 1. »

Que de précieuses traditions dans cette partie des Statuts de 1331! Que de curieux détails liturgiques et archéologiques! Mais aussi que de sujets de dépense pour le sacristain de Maguelone!

Heureusement le sacristain avait ses ressources. Le prieur de Fabrègues lui faisait, chaque année, onze livres tournois. Le prieur de Pignan lui

la

messe,

1 On faisait autrefois usage du chasse-mouches ou de l'éventail pendant le canon de soit pour le repos du célébrant, soit pour prévenir la souillure de l'hostie ou du calice. Martène, qui nous renseigne sur cette pratique, nous dit en même temps qu'elle se maintint dans l'Église romaine jusqu'au XIVe siècle. (Voy. De antiquis Ecclesiæ ritibus, I, 398.) Elle était surtout indispensable à Maguelone, eu égard à la multitude de moucherons répandue à certains jours sur cette partie du littoral. Nos chanoines avaient, pour la même nécessité, des chasse-mouches dans leur réfectoire.

2 Statuts de 1331. De sacrista, 75-90.

envoyait, chaque année également, à son cellier de Montels, trois muids de vin, à la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge; le prieur de Cournonterral, trente-sept setiers et un tiers de froment à la même fête, et autant à la Saint-Pierre d'août. Le prieur de Saint-Georges lui adressait, à sa maison de Montpellier, à la Saint-Pierre d'août, un muid de froment, et à Montels un muid de vin. Le prieur de Frontignan lui transmettait, la veille du dimanche des Rameaux, une hémine d'huile, applicable au chrême à bénir le Jeudi-Saint. Le prévôt et le cuisinier nourrissaient, en outre, les ouvriers qu'il employait à réparer ou orner l'église, ou bien à fabriquer les cierges, ainsi que ses auxiliaires pour le service, aux jours des grandes solennités. Le prévôt lui fournissait, de plus, les lits pour lui et ses gens1.

Le sacristain se trouvait, au moyen de ces diverses contributions, en mesure de faire honneur à sa charge.

XVIII. Pareil avantage était dévolu au pontanier. Ce huitième dignitaire avait pour mission d'entretenir et de réparer le pont de Maguelone, ainsi que la maison attenante à ce pont, avec le portique ou l'auvent destiné à y abriter les pauvres. En cas de réparation, toutefois, le prévôt pourvoyait à la nourriture des ouvriers, à moins qu'ils ne fussent d'ordinaire au service du pontanier2. Le prévôt donnait, en outre, au pontanier deux setiers de blé annuellement. Le sacristain et le vestiaire en fournissaient deux autres setiers chacun, et il en était de même des prieurs de Lunel, de Saint-Firmin de Montpellier, et de Sainte-Eulalie de Mireval. Le pontanier en recevait aussi chaque année un setier des prieurs de Saint-Denis de Montpellier, de Saint-Denis de Ginestet, de Lunel-Viel, de Montauberon, de Pérols, d'Auroux, de Saint-Marcel, de Sauteyrargues, de Maurin, de Frontignan, de Notre-Dame d'Aix ou Balaruc les Bains, de Fabrègues, de Pignan, de La Vérune, de NotreDame de Londres, de Saint-Vincent, de Saint-André de Buèges, de SaintDrézéry, de Castelnau, de Novigens. L'aumônier et l'infirmier lui en

Statuts de 4331. Ad que alii canonici sacriste teneantur, 1-44.

2 Statuts de 1331. De pontanerio, ad quid teneatur.

donnaient autant, ainsi que les prieurs de Notre-Dame des Tables de Montpellier, de Saint-Jean de Buèges, de Sauret, de Castries, de Vendargues, de Soriech, de Clapiers et de Cournonterral '.

Le pontanier, quoique payé en nature, pouvait donc compter sur d'assez fructueuses rentrées, et son budget n'accuse pas de moins sages prévisions que celui des autres dignitaires ou bénéficiers de Maguelone.

XIX. Voilà comment les églises de la mense capitulaire servaient à faire vivre la communauté maguelonaise. On s'explique dès lors le soin du chapitre à veiller avec l'attentive sollicitude dont témoignent nos documents, sur l'administration des prieurs, sur leur régularité à acquitter les redevances imposées à leurs paroisses ou chapelles respectives. L'évêque se trouvait lui-même intéressé au bon ordre de leur gestion car il percevait une sorte de tribut de la plupart d'entre eux. Le vestiaire lui devait annuellement cinquante sous; le prieur de SaintFirmin de Montpellier, soixante-et-un sous et demi; celui de NotreDame des Tables, quarante-six sous onze deniers; celui de Notre-Dame de Londres vingt-cinq sous dix deniers; ceux de Soriech et de Fabrègues, vingt sous six deniers; ceux de Saussan, de Cournon, de Gallargues, de Moulières, vingt sous; ceux d'Auroux et de Saint-Marcel, douze sous; ceux de Noals, de Vendargues, de Lunel-Viel et de Novigens, dix sous; ceux de Saint-Jean et de Saint-André de Buèges, sept sous huit deniers; celui de Castries, six sous six deniers; celui de Montauberon, quatre sous dix deniers; celui de Gorniès, trois sous trois deniers; ceux de Saint-Georges, de Maurin, de Saint-Denis de Ginestet, de Substantion et de Pignan, deux sous dix deniers; les prieurs de Cabrières, de Baillargues et de Saint-Brès deux sous; ceux de Notre-Dame d'Aix out Balaruc les Bains, de Sainte-Eulalie de Mireval, de Vic, de Cocon, de Sauteyrargues, d'Issensac, de Saint-Denis de Montpellier, dix-huit deniers; celui de Clapiers, quatorze deniers; ceux de Frontignan et de Lunel, six deniers : celui de Saint-Gély du Fesc, six deniers, et douze livres

1 Statuts de 1331. Ad quid alii pontanerio teneantur, 1-36.

de cire. Le prieur de Baillargues devait, en outre, à la chapelle épiscopale de Saint-Blaise à Melgueil huit setiers de froment et huit setiers d'orge'.

L'évêque de Maguelone avait donc, à divers titres, une assez bonne part.

XX. Les Statuts de 1331 finissent en réglant ce qui, dans les offrandes et les legs funéraires, doit revenir, soit au prévôt, soit au cuisinier ou intendant de la table canoniale, et en spécifiant pour chaque chanoine admis dans la communauté l'obligation d'apporter avec lui un drap d'or, de la valeur de cent vingt sous tournois, pour faire des ornements à l'usage de l'église de Maguelone 2.

XXI. Tels sont en substance les Statuts de 1331. Ils furent, je l'ai dit, adoptés en chapitre général, le 4 et le 5 novembre de cette année-là. Le manuscrit d'après lequel je les ai analysés, et qui m'a servi à combler les lacunes du texte mutilé du Cartulaire de Maguelone, seul connu de Charles de Grefeuille, est parfaitement authentique; car il porte la date expresse du 26 août 1333, et est revêtu de l'apostille du notaire même qui avait mis son nom à la minute primitive. C'est un très-beau petit volume de soixante-quinze feuillets de parchemin, appartenant aujourd'hui aux archives départementales de l'Hérault. Il a donc l'autorité d'une transcription contemporaine, primant à tous égards celle du Registre de Gaucelm de Deaux, postérieur de plus de trente ans ".

1 Statuts de 1331. De quartonis, synodis et usaticis, dandis domino episcopo per canonicos et alios priores, 1-39.

2 Statuts de 1331 De novis canonicis. Cette sorte de droit d'entrée se payait encore au XVIe siècle, comme l'atteste un reçu du 17 mai 1529, délivré par le procureur du chapitre de Maguelone, à deux nouveaux chanoines, Gaspard Amalric et François Cler, qui venaient de l'acquitter. (Arch. départ. de l'Hérault, Fonds du chapitre de SaintPierre, Cassette cotée Maguelone.) Quelle provision d'ornements ne devait donc pas renfermer notre cathédrale, à cette époque, si l'argent de ce droit de réception avait toujours été affecté depuis 4334 à son véritable usage!

3 Je donne aux Pièces justificatives, No XL, une sorte de fac-simile de cette transcription originale, à l'usage des lecteurs jaloux de connaître à fond ce que je n'ai pu

Remercions l'évêque Jean de Vissec de nous avoir ménagé par ce petit code le moyen de connaître d'une manière si intime l'état de Maguelone au XIVe siècle. Il y a bien peu de sociétés monastiques dont la vie puisse être à ce point mise à jour. On croirait, à 538 ans d'intervalle, voir fonctionner au sein de son île notre monde canonial de 1331.

III.

I. Jean de Vissec, néanmoins, tout en s'occupant dans le plus grand détail de la restauration économique de la maison, n'avança guère la réforme morale. Ce régime de bien-être, dont il assura la permanence, était plus propre à entretenir les passions qu'à les éteindre. Nos chanoines avaient plus qu'il ne leur fallait ; car on voit, en 1333, le procureur du prévôt de Maguelone affermer, au prix annuel de cent soixante livres, la pêche de l'étang de Villeneuve'. C'était plutôt un groupe de célibataires aisés, qu'une réunion de cénobites se vouant à l'ascétisme.

Quelle prise une pareille société n'offrait-elle pas aux mauvais instincts de la nature humaine! Les a siles les plus austères eux-mêmes leur ontils donc toujours résisté?

qu'analyser. Une comparaison attentive des deux textes, quand les mutilations de celui du Cartulaire de Maguelone ne l'ont pas rendue impossible, m'a permis de faire d'utiles corrections, sans altérer la sincérité du document. J'édite les Statuts de 1334 en entier, afin qu'on puisse à leur aide contrôler et compléter mon analyse, en y recueillant nombre d'indications qui, secondaires pour moi, seraient de nature à obtenir la préférence auprès de certains érudits.

1 Voy. De Grefeuille, Hist. de Montp., II, 99. Nos chanoines possédaient, soit par leurs bénéficiers, soit par leur évêque, directement ou indirectement, selon les divers modes de la tenure féodale, presque toute la partie des bords de la Méditerranée comprise entre les limites des diocèses de Nimes et d'Agde, indépendamment de ce que les donations et acquisitions de tout genre avaient accumulé dans leurs mains à l'intérieur des terres. Les évêques de Maguelone touchaient, comme comtes de Melgueil et de Montferrand, seigneurs de Sauve, de Durfort, etc, jusqu'aux hauteurs des Cevennes. Le clergé était, sans contredit, sur ce point de la France, le plus grand propriétaire. Aussi devait-il suffire d'une étincelle, quand se développerait le protestantisme, pour embraser toute cette région.

« PoprzedniaDalej »