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choses extérieures, les parties de la substance doivent se comparer entre elles; avant de mesurer ensemble ce qui les entoure, elles doivent se mesurer ellesmêmes ce n'est même que parce qu'elles se mesurent au dedans qu'elles mesurent le dehors. Il serait étrange que la quantité consistât précisément dans ce qui est extrinsèque et que les corps n'eussent leur quantité que par ce qui les entoure, par les relations qu'ils soutiennent avec les corps extérieurs. On comprend très bien que ces relations constituent le lieu et l'espace, qui sont des relations de quantités, mais elles ne sauraient constituer la quantité elle-même. La quantité d'un corps ne consiste pas en ce que ce corps occupe l'espace ou le lieu, mais en ce qu'il puisse l'occuper au moyen de ses parties: ce n'est pas la quantité des corps qui résulte de l'espace; c'est plutôt l'espace qui résulte des quantités des corps.

Ici encore les vérités de la foi sont des indications précieuses et confirment nos conclusions philosophiques. Le corps de Jésus-Christ est dans le saint sacrement; il y est impassible, tout entier, sans diminution, sans ́ altération; il a donc toutes ses propriétés, sa stature, ses proportions, mais sans que les saintes espèces le mesurent, il n'est mesuré que par lui-même.

Concluons de tout ceci que l'impénétrabilité des corps, leur faculté d'occuper l'espace, de mesurer ce qui les entoure, etc., ne sont que des propriétés secondaires. On voit par là que non seulement les substances nous échappent, mais encore les essences des accidents nos sens ne saisissent que la superficie des choses, et il n'y a que l'esprit qui puisse pénétrer au delà. (Cf. no 674.)

496. Objection.

Si l'on nous objecte ici que

cette quantité est inimaginable et que l'on ne se représente pas de corps qui ne soit dans un lieu, nous répondrons que cette quantité se conçoit et que cela suffit. En supposant même qu'un corps ne puisse exister sans être dans un lieu, on ne voit pas d'impossibilité à ce que ce corps soit dans ce lieu sans le mesurer et sans en être mesuré à son tour.

497. La qualité. — Un autre accident important et absolu, c'est la qualité. Elle est même plus remarquable que la quantité, car elle affecte les esprits aussi bien que les corps. Impossible de la définir, à proprement parler, de même que les autres genres suprêmes; mais elle est assez connue par elle-mème : c'est elle qui qualifie la substance, c'est-à-dire qui la modifie, la dispose en elle-même, la complète dans son existence et sa causalité.

Il importe de distinguer ici la catégorie de la qualité, dont nous voulons parler, des autres qualités qui ne méritent ce nom que d'une manière indirecte. 1o Dans un sens très large, on appelle qualité tout ce qui est attribué à une substance ou à un sujet : de cette manière, l'unité, la vérité, la bonté, l'existence, etc., sont des qualités. Mais il est évident qu'il s'agit ici de qualifications, d'attributs ou de modes quelconques, et non de qualités réelles, proprement dites. 2o D'une autre manière, la qualité sort de sa catégorie et affecte toutes les autres en s'ajoutant à elles, pour ainsi diré; car il y a des qualités de quantités par exemple la forme est grande ou petite; il y a des qualités d'action, de passion, de temps, de lieu. Mais la catégorie de la qualité est un accident distinct de tous les autres et qui affecte immédiatement la substance.

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Elle diffère de la quantité, qui elle aussi affecte immédiatement la substance, en ce que la quantité dérive du principe matériel de la substance, de la matière première, tandis que la qualité se rattache à la forme substantielle. Elle diffère de la relation, qui n'est pas un accident absolu et n'affecte la substance ou ne lui appartient que par rapport à autre chose. Mais, malgré leur distinction essentielle, la qualité, la quantité, la relation et en général tous les accidents reviennent en quelque sorte les uns sur les autres et achèvent de se déterminer mutuellement ; car il y a, comme nous le disions, des qualités de quantité, etc., et il y a aussi des quantités de qualité, etc. On qualifie les nombres et on mesure les qualités; les nombres ont leurs proportions, c'est-à-dire leurs relations, et les qualités ont leurs opposées, c'est à dire leurs relations encore. Ceci fera mieux comprendre ce qui suit.

498. Propriétés des qualités. - Les qualités ont diverses propriétés; on a surtout remarqué les trois suivantes :

1o Les qualités ont leurs contraires. C'est-à-dire qu'à chacune d'elles en correspond généralement une autre qui l'exclut dans le même sujet ainsi à la lumière correspondent les ténèbres; aux vertus, les vices; à la science et aux connaissances, l'ignorance ou l'erreur et la fausse science. Et si par qualités nous entendons non seulement la catégorie de la qualité mais toute qualification, il faudra dire que toute chose a son contraire le fini, l'infini; l'être, le néant; le bien, le mal, comme l'avaient fort bien remarqué les pythagoriciens.

2o Les qualités sont susceptibles d'augmentation

et de diminution. C'est-à-dire que généralement elles tombent de quelque manière sous la quantité, comme nous l'avons expliqué plus haut ainsi il y a plus ou moins de lumière, de science, de force, de vertu.

3o Enfin les qualités sont le fondement de la ressemblance ou similitude et de la dissimilitude. C'està-dire que les choses sont dites semblables à cause de leurs qualités communes. L'égalité, au contraire, est fondée sur la quantité (v. Vocab. : Qualité. Egalité).

499. Espèces de qualités. Les scolastiques réduisent à quatre principales toutes les espèces de qualités : l'habitude et la disposition; — la puissance; -la passion (v. Vocabulaire); la forme et la figure. L'habitude et la disposition préparent à agir; la puissance est la faculté même d'agir, dont l'habitude n'est qu'une détermination, bonne ou mauvaise. Il ne faut pas confondre cette puissance, qui n'est qu'une qualité, un accident, avec la puissance, notion transcendante, qui est opposée à l'acte et à l'existence. Quant à la forme et à la figure, ou bien elles proviennent de la nature même du sujet (ainsi la forme humaine dans l'homme, la forme de plante dans la plante, la forme de cristal dans les minéraux), et alors ce sont des qualités proprement dites; ou bien elles proviennent d'une action extérieure et sont de simples limites de la quantité (ainsi la forme humaine dans la statue), et alors ce sont des qualités de quantité plutôt que des qualités proprement dites, car elles affectent la quantité sans affecter immédiatement la substance même.

A un point de vue moins philosophique, on peut distinguer les qualités sensibles et celles qui ne le sont pas. Les qualités sensibles se divisent comme les sens: les unes sont visibles, les autres tangibles, etc.

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500. L'habitude. Nous parlerons spécialement de l'habitude. Elle est une disposition permanente, stable, qui prépare le sujet à agir bien ou mal. Il est des habitudes qui perfectionnent le sujet en lui-même plutôt qu'elles ne le disposent à l'action ainsi la grâce sanctifiante. Mais, d'une manière générale, on peut dire que l'habitude se rapporte toujours de quelque manière à l'action, puisqu'elle perfectionne la nature, qui est le premier principe d'action : c'est pourquoi l'habitude est dite une seconde nature (v. Vocabulaire: Habitude).

De la définition même de l'habitude il suit qu'elle n'est pas, à proprement parler, dans la matière, car celle-ci est déterminée inflexiblement à sa fin et à ses opérations il n'y a pas de milieu pour elle entre la puissance et l'acte. Cependant, si l'on considère que la matière peut s'assouplir par l'usage, que les difcultés peuvent diminuer par l'exercice ou par l'action de causes extérieures, on ne sera pas étonné que la matière elle même paraisse sujette de quelque manière à l'habitude. Il en est de même, à plus forte raison, pour les plantes et les animaux ; les uns et les autres s'acclimatent; les animaux surtout paraissent susceptibles de véritables habitudes. Est-ce qu'on ne les dresse pas, est-ce qu'on ne les habitue pas aux exercices les plus compliqués et les plus difficiles? Cependant l'animal est tout passif dans l'éducation qu'on lui donne; il reçoit, si l'on veut, l'habitude, mais il ne la prend pas; en tout cas elle ne le dispose 'ni au bien ni au mal moral (1).

(1) Cf. S. Th. 1a, 2æ, q. 49, 50, etc. Le saint Docteur parait accorder moins encore : « Et ideo, proprie in eis (brutis) habitus esse non possunt » (q. 50, a. 3, ad 2).

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