Obrazy na stronie
PDF
ePub

pas à une division réelle de la personne. S'il joue plusieurs personnages simultanément ou successivement, s'il se prend pour un autre, cette multiplication de la personne ne laisse pas que d'être superficielle, elle n'atteint pas le fond, le moi lui-même, mais seulement les actes et les groupes d'actes par lesquels le moi se connaît. De même encore les changements lents ou subits qui surviennent dans les passions et semblent avilir ou relever le caractère n'atteignent pas davantage le moi; ils atteignent seulement les organes et, par eux, les facultés et les actes : la substance, la personne est par delà. Il est vrai que les positivistes nient la substance ou n'en tiennent nul compte. Mais il n'est pas étonnant alors qu'ils tombent dans l'absurde.

2o L'absurdité ici est particulièrement révoltante. La personnalité cesserait d'exister dans certaines. folies, dans l'état de stupeur et dans le sommeil. La personne humaine serait toujours en voie de transformation, et, dans certaines maladies, le changement serait subit et total. Dès lors plus de responsabilité, de mérite, de démérite, de droit, etc., car tout cela suppose la permanence et l'identité de la personne, ou du moins de la partie principale et dirigeante de la personne, comme cela a lieu pour les âmes séparées du corps.

3o En théologie, les conséquences ne sont pas moins absurdes. En effet, si la personne est dans la conscience, il y aura deux personnes en Jésus-Christ, de même qu'il y a deux natures, et une seule personne en Dieu. Inutile d'insister. Cette opinion est inconciliable avec la foi comme avec le bon sens.

CHAPITRE XXVII

DES ACCIDENTS EN GÉNÉRAL,

ET EN PARTICULIER DE LA QUANTITÉ, DE LA QUALITÉ ET DE LA RELATION.

490. L'accident. Ses espèces. Modes accidentels. - L'accident est ce qui existe dans un autre comme dans un sujet, ainsi qu'il a été dit, et, pour éviter déjà toute équivoque, l'accident est ce qui doit exister naturellement dans un sujet.

La catégorie de l'accident ne se confond point avec l'accident logique, l'un des cinq universaux dont il a été traité en dialectique. L'accident logique est opposé à l'essence, à l'espèce ou substance seconde : c'est, par exemple, la main dans l'homme, la feuille et la branche dans l'arbre. L'accident catégorique, au contraire, est opposé à la substance première ou physique c'est, par exemple, la stature dans l'homme, la forme dans l'arbre. Au point de vue des catégories, la main, la feuille, la branche sont des substances ou font partie de substances, elles ne sont pas des accidents.

Les scolastiques distinguent les accidents absolus et les accidents modaux. Les premiers ne sont pas dits absolus parce qu'ils subsisteraient comme des

substances moindres, ni parce qu'ils n'impliqueraient aucune relation, car ils se rapportent essentiellement à leur sujet ils sont dits absolus parce qu'ils affectent immédiatement la substance sans impliquer de relation extérieure. Ils sont fondamentaux, si on leur compare les autres accidents; et leur réalité, comme nous le verrons, ne se confond pas avec celle de la substance. Ces accidents sont la qualité et la quantité. Ils sont opposés aux accidents modaux.

Ceux-ci n'ont pas de réalité distincte de la substance ou plutôt des accidents plus importants qu'ils affectent immédiatement: telle est l'attitude de l'homme, elle n'est pas distincte réellement de l'homme ou plutôt de sa forme extérieure; telle est encore l'intensité de la chaleur d'un corps, elle n'est pas réellement distincte de la chaleur.

Mais les définitions précédentes ne sont rien moins que reçues par tous les philosophes. Les cartésiens et nombre d'autres regardent tous les accidents comme de simples modes ou états de la substance, à ce point qu'ils n'en seraient pas réellement distincts. Leibniz partagea d'abord cette opinion, en l'atténuant, mais il l'abandonna ensuite pour l'opinion scolastique. Plus d'un philosophe catholique, tout en croyant s'attacher aux doctrines scolastiques, a regardé tous les accidents sans exception comme des modes, d'ailleurs réellement distincts de la substance. Mais, en admettant même que des modes accidentels soient réellement distincts du sujet qu'ils affectent, comment pourraient-ils exister sans ce sujet ? Nous établirons donc la thèse suivante :

THÈSE. Dans les créatures, il y a, outre la substance, des accidents dits absolus (qualité et

quantité), qui en sont réellement distincts, - si bien qu'on ne voit pas qu'il répugne que Dieu les conserve indépendamment de leur substance.Spécialement pour la quantité, son essence n'est pas celle de la substance corporelle - et elle ne consiste pas dans la divisibilité et l'étendue extérieures, mais plutôt dans la divisibilité et l'étendue intérieures. Aux accidents absolus s'ajoutent

[ocr errors]

les relations, dont plusieurs sont réelles.

491. Accidents réellement distincts de la substance. La distinction réelle de la substance d'avec ses principaux accidents se prouve par les considérations suivantes. Ce qui existe ou n'existe pas sans que la substance elle-même cesse d'être; ce qui la modifie étonnamment et lui vaut une foule de perfections ou de qualités; ce qui est le principe ou le terme d'opérations remarquables et très efficaces, que la substance ne pourrait exercer ni recevoir par ellemême, doit être quelque chose de surajouté à la substance et de réellement distinct. Or tels sont les accidents principaux. Que l'on considère, par exemple, les substances corporelles : c'est par la forme, la dimension, la dureté, l'éclat, la souplesse et autres qualités sensibles qu'elles sont belles ou repoussantes, utiles ou nuisibles, précieuses ou viles. Or la plupart de ces accidents ou même tous peuvent exister ou disparaître sans que la substance perde rien d'ellemême; ils permettent à la substance d'agir ou de subir elle-même l'action des causes extérieures. Bref, et puisque les substances ne sont connues que par les accidents, on peut dire que toutes les différences si variées et si étonnantes que nous observons entre les corps tiennent aux accidents.

[blocks in formation]

Il en est de même pour les esprits. La science, les connaissances, les habitudes, les plus hautes facultés, le génie lui-même, que sont-ils à les prendre en euxmêmes? Des accidents. Les vertus elles mêmes, avec le dévouement, la générosité, l'héroïsme, n'ont pas d'autre caractère. A ce titre, ils peuvent jusqu'à un certain point augmenter ou diminuer, apparaître même ou disparaître, sans que la substance ou la personne ait rien perdu de son identité. Les transformations morales sont infiniment plus remarquables que celles qui s'accomplissent dans les qualités sensibles. En vérité, la substance ne suffit donc pas à tout expliquer formellement; il s'y ajoute des réalités distinctes. On peut hésiter sur le degré de cette distinc tion, mais non sur la distinction elle-même.

Ici encore il est permis de s'éclairer des vérités de la foi. Elle nous enseigne que l'àme, sans cesser d'être naturelle, est ornée de vertus et de qualités surnaturelles. Comment cela se ferait-il, si l'âme n'était pas réellement distincte de ses qualités ?

Essayons maintenant de préciser la distinction que nous venons d'établir. Faut-il la qualifier d'entitalive et dire par conséquent que l'accident diffère de la substance comme une chose d'une autre, ou bien suffit-il de la qualifier de modale? Il ne nous paraît pas que la distinction modale suffise; car le mode est inséparable de la chose qu'il affecte; or la théologie, sinon la foi, enseigne que les accidents eucharistiques sont séparables de la substance. Mais nous convenons qu'il est bien difficile à la seule raison de préciser le degré de la distinction et surtout de l'exprimer.

492. Accidents absolus: peuvent-ils exister séparément? On ne voit pas qu'il répugne

« PoprzedniaDalej »