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ensemble comme l'intelligence et la volonté; mais ils restent parfaitement distincts de même que ces deux facultés.

Le bien diffère aussi du beau, quoique le bien, du moins le bien supérieur, soit toujours beau. Le beau est ce qu'il est agréable de connaître, tandis que le bien est ce qu'il est doux de posséder. Mais la beauté est une perfection et par conséquent un bien.

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450. Fondement et forme du bien. Dans le bien, comme dans le vrai, distinguons le fond et la forme. Le fond c'est l'être même, qui est désirable, de même que le fond du vrai c'est l'être même, qui est connaissable; la forme du bien c'est l'être en tant qu'il est désiré, de même que la forme du vrai c'est l'être en tant qu'il est connu. Donc, si nous définissons la vérité l'égalité de l'intelligence et de son objet, nous définirons le bien l'union de la volonté et de son objet, c'est-à-dire l'obtention de la fin.

Ces notions préliminaires justifient déjà la première partie de la thèse suivante, qu'il faut établir et expliquer:

THÈSE. Tout être est bon.

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Il n'y a donc pas

de mal absolu ni de nature essentiellement mau

vaise.

· Le mal ne peut venir que du bien et accidentellement. Mais de ce que tout être est bon il ne suit pas que tout soit parfait.-Seulement l'imparfait suppose absolument le parfait : — le contingent suppose le nécessaire;—le composé, le simple; - le fini, l'infini; - le muable, l'immuable.

451. Tout être est bon. Nous affirmons que tout être est bon, comme nous avons affirmé que tout être est un et vrai. Qu'est-ce, en effet, que le bien ou le bon? C'est l'être en tant qu'objet de quelque

désir ou tendance. Or l'être, par cela même qu'il est, est une perfection, un acte, au sens transcendant de ce mot il est donc désirable à quelques égards, comme fin dernière ou comme moyen, comme principal ou comme accessoire, comme tout ou comme partie.

D'autre part, le bien est quelque chose de positif. Ce n'est pas une simple négation, puisqu'il attire quelque volonté ou détermine quelque tendance. Donc tout bien est, de quelque manière, et dans la même mesure où il est bien. En un mot, tout être est bien, et tout bien est être ces deux réalités s'affirment l'une de l'autre et se prennent l'une pour l'autre : Bonum et ens convertuntur.

452. Remarques. -1° Cependant le bien et l'être ne s'identifient pas dans leur forme, dans leur mode, mais seulement dans leur fond. C'est pourquoi, tandis que l'être a ses degrés depuis l'être premier ou substantiel jusqu'aux dernières perfections qui l'achèvent et le consomment, le bien aussi a ses degrés, mais en sens inverse, depuis la perfection qui est dans l'achèvement de l'être jusqu'à la simple existence. D'où il arrive que ce qui est principal comme être est secondaire comme bonté ou perfection; et réciproquement, ce qui est principal comme bonté ou perfec tion est secondaire comme être. Exemple: un homme existe; cette existence est l'être principal ou la réalité première de cet homme, mais ce n'est que le point de départ de sa perfection. Arrivé à l'âge mûr, à la plénitude de ses forces intellectuelles et morales, il remplit sa fin, c'est un homme parfait; mais cette perfection consiste en des réalités accessoires à la première. Tel est le sens de cet aphorisme scolastique :

Ens simpliciter est bonum secundum quid et bonum simpliciter est ens secundum quid.

2o Remarquons maintenant cette autre différence entre le bien et le vrai. Le premier se dit proprement des existences, des réalités; un bien purement imaginaire est un faux bien : le vrai, au contraire, est donné dans l'ordre idéal, non moins que dans l'ordre réel; il se dit des choses abstraites, des propositions, des jugements par lesquels nous combinons les idées. Pourquoi cette différence? Elle s'explique, si l'on se souvient que le vrai a son terme, sa forme dans l'esprit, tandis que le bien l'a dans les choses: la connaissance s'étend indistinctement au possible et au réel, tandis que la volonté n'est bien attirée que par le réel. Découvrir les possibles, c'est le rôle de l'intelligence: réaliser des projets ou des possibles, c'est l'œuvre de la volonté.

453. Espèces de biens. - Pénétrons plus avant dans la notion du bien. Il est de plusieurs sortes :

1o Et d'abord il est vrai ou apparent. Comme la volonté suit l'intelligence, son objet peut être dit vrai ou apparent, suivant que l'intelligence dirige la volonté ou l'égare. Le bien vrai est celui qui convient réellement à la volonté ; le bien apparent est celui qui paraît seulement lui convenir, mais qui est faux en réalité.

2o Ensuite le bien est corporel ou spirituel. Le premier est une perfection du corps: par ex. la santé ; le deuxième, une perfection de l'âme par ex. la science (perfection intellectuelle) et la vertu (perfection morale).

3o D'une manière un peu différente, on divise le bien en physique et en moral. Le premier perfectionne la nature; le deuxième, l'esprit et les mœurs.

4o Mais la principale division du bien est celle du bien considéré en lui-même, c'est-à-dire comme fin. La voici. Le bien est honnête, ou utile, ou délectable. L'honnête est désiré comme une fin et pour lui-même; l'utile est désiré comme moyen; le délectable est désiré comme une fin et non pas précisément pour lui-même, mais pour ce qu'il procure. Voici l'explication de cette division. Le bien est essentiellement l'objet d'une volonté ou d'une tendance, le terme d'un mouvement. Mais l'utile n'est qu'un terme moyen, une fin intermédiaire; l'honnête et le délectable, au contraire, sont des fins proprement dites. Seulement l'honnête est la fin en elle-même, tandis que le délectable est le repos dans cette fin, la jouissance de cette fin.

On sent déjà l'importance de cette division en morale. L'honnête est l'objet de l'amour pur, désintéressé, il donne leur forme aux actes de vertu les plus élevés et en particulier à la charité, à la contrition parfaite. Le délectable, au contraire, donne leur forme à l'espérance, aux actes plus ou moins intéressés. Ces actes peuvent être bons, vertueux, si l'amour du bien délectable n'est pas opposé à l'amour du bien honnête; mais ils sont égoïstes et facilement coupables dans le cas contraire. Le motif suprême de la volonté et de la conduite doit être l'honnête, bien qu'un motif secondaire et subordonné puisse être le bien délectable, et que la délectation où le plaisir soit la conséquence nécessaire de l'obtention de la fin dernière ou de l'honnête.

454. Le mal. Au bien est opposé le mal. Le mal est ce qu'il faut fuir, ce qui ne convient pas à la nature, c'est un défaut. Le mal n'est donc pas une

pure négation d'être, une simple limitation d'existence et de perfection, mais c'est une négation de bien, l'absence d'une perfection due, une privation en un mot (1). Par exemple ce n'est pas un mal que la pierre ne voiepas, mais c'est un mal que l'homme perde la

vue.

Puisque le mal est une privation, il s'ensuit qu'il n'a rien de réel en soi c'est un être logique plutôt que réel; mais il n'est que trop réel et objectif par le bien qu'il limite indûment: par exemple la cécité n'est pas, le péché n'est pas; mais la cécité est dans le corps, et le péché dans l'âme.

Le mal est donc fondé sur le bien, non pas sur celui auquel il est opposé, mais sur un autre : ainsi la cécité n'est pas fondée sur la vue, ni le péché sur l'innocence.

455. Espèces de maux. 1° On distingue le mal métaphysique, physique et moral. Mais le premier, imaginé par Leibniz, n'est pas un mal proprement dit : il est facile de le voir par ce que nous avons dit. Le mal métaphysique, en effet, n'est pas une privation, c'est une simple limitation, et, comme toute créature est limitée dans ses perfections, il s'ensuivrait que toute créature subirait le mal. Mais ce n'est pas un mal que la pierre, par exemple, ne vive pas, que la plante ne sente pas, que l'homme ne soit pas un pur esprit, qu'il n'ait pas l'agilité du cerf ni la force du lion, c'est-à-dire qu'il n'ait pas les per

(1) Cf. S. Th. « Malum est defectus boni, quod natum est et debet haberi » (1a, q. 49, a. 1). << Malum distat et ab ente simpliciter et non ente simpliciter, quia neque est, sicut habitus, neque sicut pura negatio, sed sicut privatio » (q. 48, a. 2, ad 1).

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