Obrazy na stronie
PDF
ePub

tout ce qui est possible intrinsèquement; la possibilité extrinsèque des choses par rapport à Dieu n'est pas moins étendue que leur possibilité intrinsèque, mais l'une cependant n'est pas l'autre : les choses sont possibles extrinsèquement parce que Dieu peut les faire, et intrinsèquement parce qu'il les conçoit.

Ne nous laissons pas abuser ici par la dérivation du mot possible, qui vient de pouvoir (possibile: posse) et nous est connu par le pouvoir: absolument, le possible est fondé sur autre chose que le pouvoir. Encore cette fois, comme plus haut, l'ordre de connaissance ou de découverte (subjectif) n'est pas l'ordre des choses (objectif).

cherchent le dernier

D'autres, avec Descartes, pourquoi de la possibilité des choses dans la liberté divine. Les choses, d'après eux, seraient possibles ou impossibles de la même manière qu'elles existent ou n'existent pas, en définitive parce que Dieu l'aurait voulu librement. Dès lors, plus de vérités absolues en métaphysique ni en mathématique. Dieu pourrait faire un cercle carré et bouleverser les lois non seulement de la nature mais encore de la géométrie et de la philosophie; car toute loi serait contingente. Il serait très facile, dans cette opinion, d'expliquer les miracles et en particulier le mystère de l'Eucharistie ; mais au prix de quelles contradictions, et disons même de quel scepticisme!

Nous soutenons, au contraire, que les choses sont possibles d'abord et formellement parce que Dieu les conçoit, et en définitive parce que Dieu existe.

429. Critique d'Occam. - Rejetons d'abord l'opinion d'Occam. La puissance de Dieu a pour objet les choses contingentes, physiques, existantes, tandis

que la possibilité intrinsèque des choses est quelque chose d'idéal, d'absolu, de nécessaire. Donc, si les choses sont possibles, ce n'est pas précisément parce que Dieu peut les faire. D'ailleurs, si on dit que Dieu est tout-puissant parce qu'il peut faire tout ce qui est possible, il s'ensuivra que Dieu est tout-puissant parce qu'il peut faire tout ce qu'il peut faire. Mais c'est là une pétition de principe. A ce compte, toute créature serait omnipotente, car son pouvoir s'étend à tout ce qu'elle peut faire. Et si on nous répond que Dieu seul a la puissance absolue, nous ferons remarquer que cet absolu de la puissance se mesure sur l'absolu de l'intelligence; mais l'absolu de celle-ci ne se mesure pas sur l'absolu de celle-là. Disons donc que Dieu est toutpuissant parce qu'il peut faire tout ce qui est possible en soi, c'est-à-dire tout ce qui a quelque vérité : Dieu est tout-puissant parce qu'il peut faire tout ce qu'il conçoit et que son intelligence est inépuisable.

430. Critique de Descartes. - L'opinion de Descartes est moins admissible encore. Il est absurde que Dieu puisse faire ce qui répugne ou que la contradiction absolue que nous trouvons entre certaines choses vienne de la volonté libre de Dieu. Ce qui est contradictoire n'a pas de vérité, c'est néant absolu; comment Dieu, qui est vérité première et être pur, pourrait-il prendre pour objet l'absurde et le néant? Ajoutons que si l'opinion de Descartes était vraie, la science humaine n'aurait plus pour objet que le contingent, l'absolu lui échapperait, toutes nos certitudes seraient hypothétiques; car les essences des choses, qui sont l'objet de la science, seraient muables aussi bien que leur existence. Enfin le bon sens dépose ici contre l'opinion cartésienne. Pour savoir si une

chose est possible absolument, on ne recourt pas à la volonté libre de Dieu, on considère cette chose en elle-même, dans ses éléments et, s'ils sont conciliables ou inconciliables, on ne doute plus de la possibilité ou de l'impossibilité de la chose.

Par là même se trouve démontrée notre opinion : c'est à la vérité pure et première, c'est à l'intelligence divine qu'il faut recourir pour expliquer la possibilité intrinsèque des choses. Cette possibilité n'est autre chose que leur intelligibilité; or leur intelligibilité première et absolue est en Dieu, considéré comme souveraine intelligence. D'autre part l'intelligence de Dieu ne fait qu'un avec l'essence divine. Si Dieu connait, comprend, çonçoit les possibles, c'est qu'il existe. Les choses sont donc possibles d'abord et formellement parce que Dieu les connaît, et finalement parce qu'il existe,

[ocr errors]

431. Objections. 1o On nous objecte que les choses possibles, d'après notre opinion, se confondent⚫ avec les idées divines et partant l'essence divine: de là le panthéisme.

Rép. Les idées divines ne font qu'un avec l'essence divine, mais elles expriment autre chose que l'essence divine: cette essence est unique, tandis que les idées ne sont pas moins nombreuses que les termes de création qu'elles expriment. Il n'y a donc pas de panthéisme à dire que l'essence logique des choses ou les idées de ces choses s'assimilent de quelque manière aux idées divines, que leur vérité et que leur essence se rapportent à la vérité et l'essence divine. Le panthéisme consisterait à confondre l'essence réelle des choses avec l'essence logique et à mettre le monde en Dieu, le terme de la création dans la divinité même.

2o On insiste il suit de ceci que la création consisterait à tirer les choses de leur possibilité et non pas du néant.

Rép. Les choses sont tirées de leur possibilité, c'est-à-dire qu'elles étaient possibles, mais elles sont aussi tirées du néant, puisqu'elles n'existaient d'aucune manière ni dans leur forme ni dans leur matière. Encore une fois l'essence logique ne se confond pas avec l'essence réelle; l'essence logique n'est point par rapport à l'existence, comme une matière par rapport à la forme qui en est tirée ou qui s'y ajoute: c'est l'essence réelle et créée qui est dans ce rapport avec l'existence.

3o Nous pouvons concevoir la possibilité intrinsèque des choses sans penser à Dieu. Donc elle ne dépend pas de Dieu.

Rép.

Nous pouvons aussi concevoir l'existence des choses sans penser à Dieu s'ensuit-il que l'existence des choses ne dépende pas de Dieu? Mais nous connaissons mieux et par ses premiers principes l'existence quand nous pensons à Dieu de même aussi nous connaissons mieux la possibilité des choses, quand nous nous élevons à la première vérité et à la première puissance.

4° Toute intelligence, mème l'intelligence divine, présuppose son objet. Donc l'intelligence divine présuppose les essences des choses ou leur possibilité, qui dès lors ne dépend pas de l'intelligence divine.

Rép. Toute intelligence présuppose seulement son objet essentiel et premier; or ici l'objet premier et essentiel de l'intelligence divine c'est la divine essence, dans laquelle Dieu connaît les essences des choses.

CHAPITRE XXIII

DE L'UNITÉ ET DE LA DISTINCTION

432. L'un, l'unité. La multitude. - L'un est ce qui n'est pas divisé d'avec lui-même ; c'est l'être sans division, du moins sous le rapport où notre esprit le considère : l'unité est donc le manque de division.

On ajoute à cette définition que l'un est ce qui est divisé et distinct de toute autre chose. Mais alors la définition renferme denx concepts, deux sortes d'unités, deux notions transcendantes (unum et aliquid), comme on l'a expliqué plus haut (v. no 390). De ces deux unités, d'ailleurs inséparables, l'unité positive est celle qui consiste dans l'indivision.

Ce concept précède absolument celui de multitude; car l'unité est dans la définition de la multitude, tandis que celle-ci n'est pas dans la définition de celle-là; nous connaissons, en définitive, la multitude par l'unité, et non pas l'unité par la multitude. L'idée de distinction ou de division, avec celle de négation, résulte immédiatement de l'idée d'être et précède celle d'unité; mais celle d'unité précède celle de nombre ou de multitude (1).

(1) Cf. S. Th.: « Divisa non intelligimus habere rationem

« PoprzedniaDalej »