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raient définir comme nous Dieu, l'âme, l'homme, etc., et c'est à défendre leurs fausses définitions qu'ils s'appliquent, comme nous nous appliquons à justifier les nôtres. « Les mots sont les forteresses de la pensée », a dit Hamilton, et ce mot profond renferme plus de vérité encore qu'Hamilton ne le croyait.

111. Division. Tout réel; tout logique. A la définition succède la division. Par la première on distingue l'objet de tout ce qui lui est étranger, on reconnaît pour ainsi dire son unité; par la seconde on distingue ses parties, ses éléments, on reconnaît sa pluralité ou plutôt sa complexité et la pluralité de ses parties. Par la définition de l'objet l'idée devient claire; par la division, l'idée devient distincte.

Puisque la division consiste à distribuer une chose, un tout en ses parties, il y a autant d'espèces de divisions qu'il y a d'espèces de touts et de parties. Or, on peut distinguer d'abord le tout réel, actuel, et le tout purement logique ou universel. Quelques-uns appellent ce dernier potentiel. Mais alors il faut le distinguer du tout réel potentiel que nous signalons plus bas et qui est potentiel à cause de ses parties et non à cause de lui-même. Le tout réel est actuel, il est donné formellement dans les choses: ainsi l'homme, le corps. Le tout logique ou universel est formellement une idée, qui s'applique à plusieurs autres, et, sous ce rapport du moins, les renferme, tantôt d'une manière analogue, tantôt d'une manière univoque. Ainsi l'idée d'être est un tout analogue, où l'on peut considérer l'idée de substance et l'idée d'accident. L'idée de corps est un tout univoque où l'on peut considérer l'idée de to Acorps, org niques ou vivants.

LIBR

UNION

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THEOLOGICAL SEMINARY,

NEW YORK

112. Tout physique; tout métaphysique. -Le tout réel est composé de parties distinctes réellement ou logiquement. De là le tout physique et le tout métaphysique. Exemple du premier: l'homme en tant qu'il est composé d'une âme et d'un corps. Exemple du second: l'homme encore en tant qu'il est composé de genre et de différence, d'animalité et de raison.

113. Tout essentiel, intégral, potentiel, accidentel. - Le tout physique est composé de parties essentielles, ou intégrales, ou potentielles, ou accidentelles de là encore diverses sortes de touts. Exemple de tout essentiel : l'homme, en tant qu'il est composé de matière et de forme substantielle, d'âme et de corps. Exemple de tout intégral: le corps de l'homme, en tant qu'il résulte de divers membres. Exemple de tout potentiel : l'âme, en tant qu'elle réunit diverses puissances ou facultés : sensibilité, raison, etc. Exemple de tout accidentel : l'homme, au dire de ceux qui expliquent l'union de l'âme et du corps par une harmonie préétablie; ainsi encore toutes les œuvres artificielles : un meuble, une maison.

114. Règles de la division. - 1o Dans toute division il faut que toutes les parties prises ensemble cadrent exactement avec le tout, c'est-à-dire l'égalent sans le dépaser.

2° Il faut ensuite que chaque membre de la division soit distinct et ne rentre pas dans un autre. La division moderne des facultés de l'âme en intelligence, sensibilité et volonté, pèche contre cette règle; car elle induit à ranger sous l'intelligence les facultés de connaissance sensible qui se rapportent en réalité à la sensibilité.

3o La division doit être graduée, c'est-à-dire qu'il faut assigner d'abord les parties les plus étendues, les plus générales, puis les parties immédiates de cellesci, et ainsi de suite. Les divisions et les subdivisions doivent se succéder naturellement et former des ramifications.

4o Cependant il ne faut pas multiplier outre mesure les subdivisions. Diviser jusqu'à la poussière, remarque Sénèque, ne vaut pas mieux que tout confondre.

Bien pratiquée, la division achève ce que la définition avait commencé, et elle mérite les mêmes éloges : « Si je trouvais un maître, disait Socrate, qui sût parfaitement diviser, je suivrais ses traces comme celles d'un Dieu. >>

CHAPITRE VI

DU JUGEMENT ET DE LA PROPOSITION

115. - Le jugement: sa nature. Le jugement est l'acte par lequel l'esprit compose ou divise deux idées; il les compose par l'affirmation et les divise par la négation. Expliquons cette définition. Le jugement est un acte de l'esprit, et non de la volonté, comme a paru le soutenir Descartes. Car, bien que la volonté influe d'une manière étonnante sur la plupart de nos jugements, et qu'elle puisse jusqu'à un certain point les commander (v. chap, LIV, de la liberté), cependant ils sont effectués par l'intelligence.

Maintenant l'intelligence juge-t-elle par là même qu'elle voit la convenance ou la disconvenance des idées ? Plusieurs le pensent; d'autres les contredisent et prétendent qu'il faut un acte ultérieur qui constitue l'affirmation. Mais leur opinion nous paraît se rapprocher singulièrement de celle de Descartes. Si le jugement est un acte de pure intelligence, on ne voit pas ce qui peut le constituer, si ce n'est une vue, celle de la convenance ou de la disconvenance de deux idées. Qu'est-ce qu'affirmer intellectuellement si ce n'est se dire à soi-même que telle chose est ou n'est pas une autre? Et qu'est-ce que se tenir un pareil langage si ce n'est voir qu'il en est ainsi et en avoir conscience? Il n'y a donc pas deux actes dans l'intelligence l'un, par lequel elle verrait que deux idées

sont associables; l'autre, par lequel elle les associerait. Mais l'intelligencé voit simplement que les idées sont associées ou ne le sont pas. (Cf. 880.)

Quoi qu'il en soit, par le jugement l'esprit unit ou divise deux idées. Les idées, en effet, sont les éléments essentiels du jugement; et il ne suffit pas, pour juger, de les juxtaposer d'une certaine manière, c'est-à-dire de les voir l'une et l'autre il faut encore voir leur rapport en affirmant ou niant l'une de l'autre. Par exemple, il ne suffit pas de dire la vertu aimable, mais il faut dire ou sous-entendre la vertu est aimable. Le jugement consiste même formellement dans cette affirmation ou cette négation; les idées ne sont que sa matière. C'est pourquoi le jugement est essentiellement un. Il est indivisible comme tel. Ajoutons enfin que les idées qui le composent ont été préalablement comparées, c'est-à-dire que la comparaison précède nécessairement le jugement, comme la comparaison elle-même est précédée de l'appréhension.

116. Le jugement n'est pas une opération première. - Cousin et ses disciples ont regardé certains jugements comme des actes premiers de l'esprit ; certaines perceptions primitives seraient, d'après eux, des jugements. Mais ils se sont trompés, aussi bien que l'école de Kant (1). Ce qui a pu les induire en erreur, c'est que certaines appréhensions primitives donnent des idées complexes, qui, décomposées aussitôt et recomposées, deviennent des jugements. L'homme se

(1) Cf. GARNIER, Traité des facultès de l'âme, t. III, liv. ix, ch. 1. M. Janet reste dans le doute; mais il admet que pour l'analyse, les parties du jugement lui sont théoriquement antérieures » (Traitė ėlėm., no 304).

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