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les biens éternels; il n'altère aucune part de son cœur que Dieu s'est réservé tout entier, pour le donner tout entier, comme il se donne lui-même. Voilà le magnifique rôle du prêtre : il est donné de Dieu, il donne Dieu, il donne l'universel, il le donne sans obstacles, sans gêne aucune, il le donne à tout. Libre de servir, grand et noble servage. »>

Je n'ai pu vous rendre cette voix forte et généreuse, cette science inépuisable, ces beaux développements qui ouvrent des espaces quasi infinis, et tant d'horizons par delà ces vastes espaces; cela est le secret du génie et l'inénarrable parfum de ces fruits de sagesse si remplis de sucs de vie. Mais cette esquisse décolorée vous dit pourtant ce que doit être le prêtre. Si votre âme n'a pas assez d'un tel fardeau, elle n'est pas digne de le porter; éloignez-vous.

XI

AINSI SOIT-IL.

Corps soumis aux infirmités, esprit soumis à

l'erreur, âme soumise aux tentations.

Le plus homme d'esprit finit par faire, sans y prendre garde, toutes les sottises dont il s'est moqué. Heureux le plus homme de bien s'il évite la moitié des fautes dont il a horreur!

A trente ans, tout homme a été humilié dans ses délicatesses, à quarante ans, dans ses vanités, à cinquante, dans ses hauteurs; il connaît à soixante ans le néant de ses forces; plus outre, le néant de la vie.

L'homme meurt longtemps, pour ne pas dire toute la vie. Dès qu'une illusion est envolée, la mort commence. Avec le premier bien que nous perdons, nous sommes déjà dans le cercueil.

Si Jésus-Christ n'était pas dans ce monde, vivant, immuable, éternel, toujours là pour être aimé de nous et pour nous aimer, toujours là pour être servi et pour nous servir; si nous ne savions pas qu'Il sera dans l'avenir, si nous ne le trouvions pas dans le passé, il n'y aurait pas de vie humaine. Par JésusChrist, l'homme remplit tout l'espace du temps; il est dans le passé, dans le présent, dans l'avenir, il est immortel, il EST.

Par Jésus-Christ, c'est la tristesse qui est un songe de l'homme, et la joie est une réalité; par JésusChrist, c'est le mort qui meurt, et l'homme est vivant.

L'homme sent le poids de la vie, il se courbe, ses

yeux attachés sur la terre semblent chercher la place du tombeau. Tout ce qui le réjouissait autrefois ne le réjouit plus; en vain le ciel est beau, en vain le soleil luit, en vain les oiseaux chantent; pour lui, les oiseaux ont désappris les belles chansons qu'ils savaient autrefois. Mais il songe à Dieu, et il dit: Ainsi soit-il! Puisque Dieu le veut, c'est bon. Et, réfléchissant, il le trouve bon en effet, et le ciel s'illumine de clartés que n'avait point l'aurore.

Qu'importe la chanson des oiseaux? Les oiseaux ne savent rien, et nous ne savons nous-mêmes la vraie chanson que quand nous mettons bien celle-là sur l'air. Ainsi soit-il! Ainsi soit-il! Qui croirait qu'un refrain si court est si difficile à apprendre par cœur? Mais on y vient avec de l'application et le secours de Dieu et le bon usage de la raison.

J'ai lu aujourd'hui une belle parole d'un saint mourant. Le jour de Pâques, on lui demandait comment il se trouvait. Il répondit: Crucifixus; Alleluia!

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ÉPILOGUE

Placez à mon côté ma plume,

Sur mon cœur le Christ, mon orgueil; Sous mes pieds mettez ce volume,

Et clouez en paix le cercueil.

Après la dernière prière,
Sur ma fosse plantez la croix;
Et si l'on me donne une pierre,
Gravez dessus: J'ai cru, je vois.

Dites entre vous: « Il sommeille;
« Son dur labeur est achevé. »
Ou plutôt, dites: « Il s'éveille;
« Il voit ce qu'il a tant rêvé. »

Ne défendez pas ma mémoire,
Si la haine sur moi s'abat ;
Je suis content, j'ai ma victoire ;

J'ai combattu le bon combat.

Ceux qui font de viles morsures
A mon nom sont-ils attachés,
Laissez-les faire; ces blessures
Peut-être couvrent mes péchés.

Je suis en paix, laissez-les faire !
Tant qu'ils n'auront pas tout vomi,
Dieu soit béni! - poussière,

C'est que,

Je suis encor leur ennemi.

Dieu soit béni! ma voix sonore
Persécute encor ces menteurs!
Ce qu'ils insultent, je l'honore,
Je démens leurs cris imposteurs;

Je fais un chemin dans leurs fanges,
A leurs captifs je peins le jour;
Je suis l'envoyé des bons anges
Vers les cœurs où naîtra l'amour.

Quant à ma vie, elle fut douce;
Les ondes du ciel font fleurir
Sur l'aride pierre la mousse,
Sur les remords, le repentir.

Dans ma lutte laborieuse,

La foi soutint mon cœur charmé:
Ce fut donc une vie heureuse,
Puisque enfin j'ai toujours aimé.

Je fus pécheur, et sur ma route,
Hélas! j'ai chancelé souvent;

Mais, grâce à Dieu, vainqueur du doute,
Je suis mort ferme et pénitent.

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