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saisie par des douleurs prématurées, se croit menacée d'avortement. Par la réhabilitation du Calvaire, les choses ont repris leur cours.

DZIRI. L'explication pénètre en moi par tous les organes. Quel est le sens de ces paroles: Le passé et l'avenir se sont compris ?

PRÊTRE. Après le désordre introduit par Éblis dans le jardin d'Éden, Dieu, en déshéritant Adam et Ève avec leurs enfants, leur promit pour réparateur le Messie, auquel ils devaient, comme condition de salut, s'unir par l'espérance. C'est la plus sage interprétation que vous puissiez donner aux paroles que le Coran suppose adressées à nos premiers parents : « Un jour la direction vous viendra de moi. » (Sourate TH.)

De ce moment, le passé saluait l'avenir par des cérémonies figuratives. Les mérites du grand sacrifice, par un effet rétroactif, venaient au-devant de l'espérance. En montant sur l'arbre de la croix, le Messie fut donc comme un soleil dont les rayons ont embrassé les deux pôles du temps comme ceux du monde.

§ VII.

DZIRI. Je suis frappé de la ressemblance qui existe entre la mort du Messie et celle que certaines de nos traditions attribuent aux kouls.

PRÊTRE. Il y a cette ressemblance entre les deux dogmes, que le vôtre, comme le nôtre, reconnaît la nécessité d'une victime surhumaine pour acquitter la dette du péché envers la justice divine; mais

avec cette différence, que votre opinion a le tort de désigner à cet effet des créatures, victimes d'un prix fini, bien que d'un ordre supérieur, insuffisantes conséquemment pour compenser l'offense divine.

Votre opinion a encore ceci de remarquable, qu'étant dénuée de tout fondement qui lui soit propre, elle ne peut être qu'une imitation informe du dogme chrétien. Sous ce rapport, votre tradition même trouve son complément dans l'Évangile.

Il est regrettable, Messieurs, qu'avec l'idée d'unité de Dieu et d'unité d'origine dans l'espèce humaine, vous ne possédiez pas au même degré celle, que tous les enfants d'Adam ne forment qu'une famille aux yeux de Dieu. Vous comprendriez alors qu'autant ces idées de kouls partiels ou de clochers sont mesquines et peu dignes du Maître des mondes, autant cadre avec sa sagesse, sa clémence et sa majesté, l'idée d'un médiateur s'immolant pour l'humanité entière. Saluons, Messieurs, saluons Aïça, le koul des temps et des lieux. LES INTERLOCUTEURS, moins le secrétaire. A lui salut!

M

DIALOGUE IX.

SUJET: Objection tirée des histoires arabes contre le dogme de la mort de Jésus-Christ.

§ I.

SECRÉTAIRE. Messieurs, si vous voulez bien permettre, j'ai une observation importante à faire. DZIRI. Le voilà toujours avec ses observations. Fais donc vite!

SECRÉTAIRE. C'est à la condition que leurs seigneuries ne se mettront pas en colère.

DZIRI. Qu'il est donc fatigant! C'est vouloir nous scier l'épine dorsale jusqu'au dernier noeud. SECRÉTAIRE. Ne vous fâchez pas, bien qu'il y ait presque de quoi: vos seigneuries ont longtemps parlé pour ne rien dire.

DZIRI. C'est un peu trop fort. La bêtise de mon secrétaire dégénère en insolence.

PRÊTRE. N'intimidez pas ce jeune homme, je vous prie.

SECRÉTAIRE. L'amour de la vérité et l'honneur du roseau me soutiennent. Je dirai donc : A quoi bon établir les motifs de la mort d'Aïça, si le fait

PASSAGE DU CORAN A L'évangile.

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est controuvé? J'ai des raisons pour le nier. Ne mauvais que je les expose.

trouvez pas

PRÊTRE. Si le secrétaire s'en souvient, il est déjà tombé d'accord avec nous sur l'existence du fait.

SECRÉTAIRE. Qui, mais en faisant mes réserves. Le Coran dit formellement que les Juifs n'ont pas crucifié Aïça, mais une personne qui lui ressemblait.

PRÊTRE. Mon ami, n'en parlons plus. Si vous avez des objections, libre à vous de les exposer; mais pour la réponse, je ne la répète pas.

CADI. Le babas a dit qu'Aïça n'est pas mort comme Verbe de Dieu; qu'en ce sens les Juifs ont tort de se vanter de sa mort, les Musulmans, raison de la nier mais qu'il est mort comme homme; qu'en ce sens les Musulmans ont tort de nier sa mort, les Juifs, raison de l'affirmer.

§ II.

SECRÉTAIRE. C'est là le commentaire du babas. Je préfère, ne lui en déplaise, celui de nos docteurs, confirmé par l'histoire.

Voici ce que dit Damri : « D'après ce que les commentateurs du Coran et les historiens musulmans rapportent, Aïça, fils de Marie, sur les deux salut! rencontra une troupe de Juifs. Quand ils l'aperçurent, ils dirent: Voilà le fils de la sorcière; et ils insultèrent le fils et la mère. Après avoir entendu ces paroles, Aïça pria Dieu de les punir, et les maudit. Le Très-Haut changea ces Juifs en pourceaux. A cette vue, Judas, émir des Juifs, fut

saisi de frayeur, et redouta la prière d'Aïça. II réunit le peuple, et le consulta au sujet d'Aïça, sur lui salut! Les Juifs furent d'avis de le tuer. Dans la nuit, ils se présentèrent à Aïça, et dressèrent un morceau de bois pour le crucifier dessus. La terre se couvrit de ténèbres, et le TrèsHaut envoya les anges pour protéger l'innocent contre les coupables.

<«<Aïça, sur lui salut! réunit les apôtres cette même nuit, leur donna ses instructions, et ajouta : Un d'entre vous me trahira avant que le coq chante, et me vendra pour une somme modique. Les apôtres sortirent de chez leur maître et se séparèrent.

<< En attendant, les Juifs cherchaient le moyen de se défaire d'Aïça; un des apôtres se présenta à eux, et leur dit: Que me donnerez-vous, si je vous montre où est Aïça? Ils lui donnèrent trente pièces d'argent. Le traître les prit, et le leur montra. Au moment où il entrait dans la maison de son maître, Dieu lui donna la ressemblance d'Aïça, sur lui salut! et enleva au ciel Aïça, sur lui salut! Les Juifs entrèrent, rencontrèrent le traître, et l'arrêtèrent. Il leur dit : Je suis celui qui vous a montré Aïça. Les Juifs ne prêtèrent aucune attention à ses paroles; ils le crucifièrent, en pensant que c'était Aïça, sur lui salut! On dit aussi que le métamorphosé était un Juif nommé Tatianus; et Dieu TrèsHaut éleva à lui Aïça, le revêtit de plumes de lumière, lui enleva le goût du manger et du boire. Aïça volait avec les anges autour du trône de Dieu (1). » (DAMRI, Histoire naturelle.)

(1) Les naturalistes arabes, après avoir décrit un animal

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