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le faire observer, Messieurs, sont presque tous des réponses de Jésus aux Juifs qui le questionnaient pour trouver un chef d'accusation contre lui. Il est de notoriété publique que le premier chef d'accusation contre sa personne sacrée, ce fut, en effet, qu'il se disait Fils de Dieu. Le témoignage des Juifs mêmes est unanime sur ce point. Vous en avez trente mille dans votre ville; il vous est facile de les interroger.

Les versets précités sont donc sortis de la bouche auguste de Jésus, ont retenti sous le portique et dans le temple de Salomon, ont été répétés comme sacriléges par la foule ameutée sur la place publique, ont été juridiquement attestés devant les tribunaux par des témoins auriculaires, ont été confirmés par la dernière réponse de Jésus à son juge: Es-tu le Fils de Dieu ? - Tu l'as dit. Ces versets ont été enfin écrits en caractères de sang sur l'arbre de la croix, avant d'être consignés dans l'Évangile.

SECRÉTAIRE. En apparence, ce n'est pas trop mal goudronné. Mais.....

DZIRI. Le goudron de Roumi, ce n'est pas le soleil du secrétaire qui le fondra.

En ma qualité d'homme de loi, je me trouve compétent pour apprécier la valeur d'un témoignage. Eh bien! je le dis: Aurais-je la mauvaise foi d'un Juif...

PRÊTRE. C'est trop fort, ô Dziri!

DZIRI. C'est connu.

PRETRE. Fi donc! retire le mot.

DZIRI. Il serait vrai à Paris comme à Constanti

nople, à Rome comme à la Mecque. Mais le babas a un faible pour cette nation, comme tous les Français, du reste; c'est ce qui a contribué à gâter leurs affaires à Alger auprès des Musulmans.

Je dirai donc ; Aurais-je les ruses dont s'entoure l'Arabe libertin, qui vient contre l'équité invoquer la loi du divorce; aurais-je l'effronterie des fermiers du pacha, justifiant leurs exactions; aurais-je l'acharnement d'un ouléma fanatique, demandant au Divan la tête d'un renégat; aurais-je enfin toutes les ressources du Chitan le lapidé, que je ne pourrais refuser de me rendre à l'évidence de l'argument. Oui, les versets de l'Évangile par lesquels le Messie s'est déclaré Dieu, sont authentiques.

MUPHTI. Logique et éloquence.

DZIRI. Ce n'est que l'expression de la conviction, sortant de la poitrine de l'Algérien.

PRÊTRE. Au dziri, la palme de l'éloquence; mais je ne lui céderai pas celle de la franchise. Je n'attends, pour lui en donner à mon tour un éclatant témoignage, que la citation des versets du Coran, annoncés par le secrétaire contre la divinité de Jésus; à lui, salut!. .

DIALOGUE VII.

SUJET Réfutatión des versets du Coran tendant à nier la divinité de Jésus-Christ.

§ I.

SECRÉTAIRE. Les versets sont nombreux et puissants. Les Démons et le Bétail vont ouvrir la marche. Dans la première de ces sourates, il est dit: « Jamais nous ne donnerons d'associés à Dieu; cela ne convient pas à sa majesté. Il n'a jamais eu d'épouse, il n'a pas d'enfants. » Dans la seconde, nous lisons: «Comment le créateur du ciel et de la terre aurait-il un fils, puisqu'il n'a pas d'épouse? >>

PRÊTRE. D'après ces versets, Dieu n'aurait pas de fils, parce qu'il n'a pas d'épouse. Est-il dit, dans le Coran, que Dieu ait besoin d'une femme pour engendrer son Verbe?

DZIRI. Le Verbe de Dieu est, d'après l'enseignement des docteurs, éternel, inhérent à l'essence divine. La femme n'a rien à voir là-dedans.

PRÊTRE. Eh bien! Jésus est fils de Dieu, parce qu'il est le Verbe de Dieu, et non parce qu'il a un corps. L'objection porte donc sur un fauxsupposé: elle suppose que le fils que nous attri buons à Dieu, c'est l'humanité conçue dans le

sein de Marie, tandis que c'est le Verbe engendré de toute éternité.

LE MUPHTI ET LE CADI. Nous déclinons la res

ponsabilité du faux supposé; sans que nous ayons dit le dernier mot, depuis longtemps notre pensée sur ce point est suffisamment connue au babas. Les versets peuvent s'adresser aux Juifs de la Mecque, qui regardaient un certain Ozir comme fils de Dieu. Ils peuvent être aussi dirigés contre les Mecquois, qui attribuaient à Dieu trois filles, Allat, Oza et Ménat. Qu'en pense le dziri, perle de la science, pivot de la logique?

DZIRI. Nous pensons que ces versets sont à l'adresse des Chrétiens. Telle est l'opinion commune. Mais nous reconnaissons aussi que tout l'à-propos en consiste dans les titres des sourates d'où ils sont pris: les Démons, le Bétail. Laissons donc aux fous et aux pâtres le soin d'en faire usage.

PRÊTRE. C'est votre affaire, Messieurs. Chez nous, les ministres de la religion n'ont point pour habitude de tourner en dérision les simples et les ignorants. Il leur paraît plus charitable et plus digne de les instruire.

LE SECRÉTAIRE, un peu de mauvaise humeur : « Si Dieu eût voulu avoir un fils, il aurait certainement choisi parmi ses créatures celle qu'il lui aurait plu. Mais loin de lui une telle pensée ! Dieu est unique, supérieur à tout; il a créé le ciel et la terre.» (Sourate les Légions.)

PRÊTRE. Dans ce verset, il est question d'un fils qui serait une pure créature. Mais le Verbe de Dieu, revêtu de la nature humaine, n'est pas

une créature. Si l'objection est dirigée contre les Chrétiens, elle porte sur une fausse supposition.

De plus, ce verset renferme une injure contre Dieu; et, pour réparer cette injure, on tombe dans une contradiction.

SECRÉTAIRE. Comment cela?

PRÊTRE. On suppose que Dieu est capable de vouloir une créature pour fils : si Dieu voulait... N'est-ce pas une supposition injurieuse à Dieu ? On s'empresse de dire qu'un tel fils serait indigne de Dieu. Ce qu'on dit est vrai; mais c'est une contradiction qu'on le dise. D'un côté, Dieu est capable de vouloir ce fils; de l'autre, il est indigne de lui de le vouloir.

Le seul fils que Dieu ait voulu, le seul qui soit digne de lui, c'est son Verbe. Avec un tel fils, Dieu ne cesse d'être ni un, ni le créateur du ciel et de la terre. C'est ainsi que le verset objecté confirme le dogme chrétien.

SECRÉTAIRE. Je ne m'attendais pas à cet échec. C'est ma faute : j'avais mal choisi mes armes. Maintenant, je culbute l'adversaire.

DZIRI. Oh! oh!

que

SECRÉTAIRE. « Infidèles sont ceux qui disent Dieu est le Messie, fils de Marie; réponds-leur: Qui pourrait empêcher Dieu, s'il voulait faire mourir Aïça, fils de Marie, sa mère, et tous les habitants de la terre?... Aïça, fils de Marie, ne fut qu'un envoyé. Beaucoup d'autres l'ont précédé. Sa mère s'est maintenue dans les limites du vrai (en ne s'attribuant pas la divinité); le fils et la mère mangeaient ensemble.» (Sourate la Table.)

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