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famille, ou si vous préférez la tutelle de la servitude à l'émancipation. Je vous ai tendu une main amie; c'était mon devoir. Dieu m'en tiendra compte; mais sachez bien qu'il n'est pas inattentif à la détermination que vous prendrez.

Les interlocuteurs arabes, sans rompre le silence, croisent leurs regards réciproquement scrutateurs. Le muphti et le cadi paraissent joyeux d'espérance, le secrétaire atterré. Le dziri, d'un air grave et impassible, reprend la parole.

DIALOGUE IV.

SUJET: Le dogme de la Trinité plutôt confirmé qu'infirmé par le Coran, Les objections du Coran sont dirigées, d'après les anciens docteurs musulmans, contre la secte des Mariamites.- Les Musulmans ont à résoudre la même difficulté que les Chrétiens. La Trinité modèle de conduite pour l'homme et pour la société.

§ I.

DZIRI. O Imam de ton pays! trouverai-je des paroles pour t'exprimer mon admiration et ma reconnaissance? Nous étions dans un calme plat. Grâce à ta manœuvre, le vent gonfle les voiles; déjà le navire s'ébranle; ou bien tu as décomposé l'horloge; tu as montré la place et les fonctions de chaque ressort : rien de mieux pour donner une idée de l'ensemble.

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Ton langage m'a réconcilié avec une partie du Coran par considération pour l'Évangile; mais seulement aussi avec une partie de l'Évangile par considération pour le Coran: la société de trois dieux et la divinité d'Aiça, que vous prétendez trouver dans votre livre, ne seront jamais les dogmes du fils de mon père. Le Coran me paraît toujours raisonnable sur ce point.

PRÊTRE. Tes objections me plaisent, ô dziri. Mais c'est pour la dernière fois qu'elles sortent de ta bouche. Nul d'entre les Musulmans présents et à venir n'aurait garde de les reproduire, s'ils étaient, comme tu vas l'être, témoins de la réponse, et étaient doués de ta franchise.

La société de trois dieux a été un dogme arabe, mais n'est nullement un dogme chrétien. Le muphti et le cadi peuvent là-dessus détromper leur honorable collègue. Mis en demeure par leurs seigneuries de m'expliquer sur ce point, je le fis avec franchise (1). L'hommage du silence et de l'approbation fut leur réponse. Si maintenant ils ont quelque doute à proposer, quelque nouvelle instance à faire, qu'ils se joignent à leur collègue; que le dziri développe et renforce ses objections: avec le secours de Dieu, je suis prêt à les détruire. En attendant qu'elles arrivent, j'avance sans ombre d'hésitation. Dans le Coran, qui vous paraît, dites-vous, raisonnable sur ce point, vous ne trouverez pas un seul verset qui combatte la Trinité prise dans le sens chrétien ; vous pourriez en trouver plus d'un qui la confirment. Pour la divinité de Jésus, le Coran, loin de fournir une seule objection sérieuse, suffirait, à défaut d'autres livres, pour établir ce dogme.

DZIRI. Par la tête de tous les prophètes, supposé qu'il en existe, si le babas prouve ce qu'il a avancé, je me fais chrétien. - Moi aussi, moi aussi,

dit chacun des interlocuteurs.

(1) Voir les Soirées de Carthage, VII et VIII dialogue.

PRÊTRE. S'il plaît à Dieu serait bien placé dans votre bouche, Messieurs en matière de foi, si l'homme peut convaincre, à Dieu seul il appartient de persuader. J'attends vos objections.

§ II.

du

DZIRI. Elles se présentent en foule. J'ouvre le Coran, et à la sourate l'Histoire, je lis : « Invite les hommes au culte de Dieu, et ne sois pas nombre des idolâtres. N'invoque pas d'autres dieux que Dieu; il n'y en a pas d'autres que lui. Tout périra, excepté la force de Dieu. » A la sourate l'Abeille « N'adorez pas deux dieux, car Dieu est unique. » Ces versets font honneur à

l'auteur.

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PRÊTRE. Je reconnais avec le dziri la justesse des passages qu'il vient de citer. Tous les Chrétiens seraient unanimes dans le même sentiment d'approbation. Ces versets, loin de renfermer une objection contre nous, sont en parfait accord avec nos dogmes.

SECRÉTAIRE. Passe pour le second verset, n'adorez pas deux dieux, puisque vous en adorez trois. Mais comme le premier condamne en général la pluralité des dieux, les vôtres y sont nécessairement compris.

PRÊTRE. En vérité, j'approuve ces versets. Ils ne renferment rien de contraire à ma foi.

DZIRI. Bien, bien. En voici de plus directs et plus explicites : « Ne dites pas trois; cessez de le faire, il vous sera plus avantageux : car Dieu est

un. » (Sourate les Femmes). « Infidèle celui qui dit : Dieu est un troisième de trois. » (Sourate la Table.)

PRÊTRE. Ces versets ne renferment aucune objection contre nous. Je l'ai prouvé, avant mon voyage en France, au muphti et au cadi. S'ils ne se souviennent plus de ma réponse, je la répéterai. Si, après mûre réflexion, ils l'ont trouvée défectueuse, je la renforcerai.

MUPHTI. La réponse du babas reste gravée dans ma mémoire.

CADI. Dans la mienne aussi. Mais nous avons trouvé quelque chose de mieux dans nos commentateurs. Ils s'expriment ainsi : « Ne dites pas trois, c'est-à-dire Dieu, le Messie et Marie. »> Paroles de Beidaoui : « Ne dites pas trois. Ils disent: Aiça est Dieu, Dieu est Dieu, sa mère est Dieu Mohammed-ben-Abd-Allah. » Cette explication du premier verset donne celle du second, Dieu troisième de trois.

Djelal-Eddin (Sciouti) et Mahommed-Abd-elHalim donnent la même interprétation, et ajoutent, le premier : Que telle était la croyance d'une secte de chrétiens. Le second: Que cette secte a disparu depuis longtemps.

PRÊTRE. Vous avez tous entendu, Messieurs. Ne l'oubliez donc pas : toutes les objections que vous pouvez puiser contre la Trinité, s'adressent à une secte contemporaine de Mahomet, secte qui a disparu depuis longtemps; ou aux Arabes, qui adoraient comme principales divinités Allat, Aloza et Ménat. Les Chrétiens ne commettent pas l'injustice d'étendre aux Arabes d'aujourd'hui le ré

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