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le poids des crimes d'un grand empire a trop fait pencher la balance du côté de la condamnation, pour que ses chefs ouvrent maintenant les yeux, et comprennent quel rôle pourrait être le leur en l'état présent du monde, si Pierre, qui leur tend les bras, voyait revenir à lui l'immense troupeau que paralyse le schisme? Apôtres des Slaves, et en même temps citoyens de cette Rome où reposent près de celles de Clément vos reliques saintes, aidez les efforts du Pontife suprême cherchant à replacer sur la base où vous l'aviez établi l'édifice qui fut votre gloire.

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LE VI JUILLET.

L'OCTAVE

DES SS. APOTRES PIERRE ET PAUL.

ERMEMENT appuyée sur Pierre, l'Eglise se retourne vers celui que l'Epoux lui a donné pour chef et lui témoigne, non moins qu'obéissance et foi, vénération et amour. C'est le besoin de sa reconnaissance; et d'autre part elle n'ignore point que, selon la parole de saint Pierre Damien attribuée par d'autres à un disciple de saint Bernard, « nul ne peut prétendre à l'intimité du Seigneur, sans être aussi l'intime de Pierre 1. » Admirable unité de la marche de Dieu vers sa créature! mais, en même temps, loi absolue du progrès de celle-ci vers la vie divine: Dieu ne se trouve qu'en Jésus, de même que Jésus dans l'Eglise, et l'Eglise avec Pierre. Si vous me connaissiez, disait le Seigneur, peut-être aussi connaitriez-vous mon Père 2; mais les Juifs cherchaient Dieu en dehors de Jésus, et leurs efforts étaient vains. D'autres depuis sont venus, qui ont voulu trouver Jésus en se passant de son Eglise; mais ce que Dieu a uni, l'homme le séparerait-il donc ? et ces hommes, à la poursuite du Christ de leurs conceptions, n'ont rencontré ni Jésus ni l'Eglise. D'autres enfin sont fils de l'Eglise, mais

I. PETR. DAM. vel NICOL. CLARAVALL. Sermo de S. Petro Ap. 2. JOHAN. Xiv, 7. 3. MATTH. XIX, 6; Eph.

v, 32.

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se persuadent que dans les pâturages où, à bon droit, leur âme veut s'engraisser de Dieu, ils n'ont à rechercher que le Pasteur divin qui réside au ciel; et néanmoins, en remettant à un autre le soin de paître agneaux et brebis', Jésus sans doute n'entendait pas qu'il en fût ainsi : par ces paroles, ce n'est pas de quelques-uns seulement, des commençants ou des imparfaits, des puissants ou des saints, mais de tous, petits et grands, que le céleste Pasteur confiait à Simon fils de Jean la nourriture, la direction, l'accroissement et la garde.

O âme avide de Dieu, sache donc aller à Pierre; ne crois pas arriver autrement à l'apaisement de la faim qui te presse. Formée à l'école de la sainte Liturgie, tu n'es point de celles assurément qui, dans le divin Fils de Marie, négligent l'humanité pour arriver, disent-elles, plus vite et plus sûrement au Verbe; mais pareillement, ne cherche point, comme tu ferais d'un obstacle, à tourner le Vicaire de Dieu. Jésus n'est pas moins impatient que toi de la rencontre ; sois donc assurée que ce qu'il place entre toi et lui sur la route, n'est point retardement, mais secours. Comme, en l'auguste Eucharistie, les espèces sacrées ne sont que pour t'indiquer où t'attend celui que tu ne saurais trouver par toi-même ici-bas: ainsi le mystère de Pierre n'a d'autre fin que de te montrer sûrement où réside pour toi, dans son autorité et son infaillible conduite, celui qui réside pour toi de même au divin Sacrement dans sa propre substance. Les deux mystères se complètent; ils marchent de pair et cesseront à la fois, lorsque nos yeux auront pouvoir de contempler directement Jésus; mais d'ici là, l'Eglise y voit bien moins un intermé

1. JOHAN. XXI, 15-17.

diaire ou un voile, que le signe mille fois précieux de l'Epoux invisible. Aussi ne t'étonne point que les honneurs rendus par elle à Pierre, rivalisent avec ceux qu'elle prodigue à l'Hostie; dans ces génuflexions multipliées également des deux parts, elle adore en effet également: non l'homme sans doute qu'elle voit assis au trône apostolique, pas plus que les espèces perçues par ses sens à l'autel; mais des deux parts le même Jésus, qui se tait au Sacrement, qui parle et commande en son Vicaire.

Au reste, elle sait que Pierre seul peut lui donner l'Hostie. Le baptême qui nous fait fils de Dieu et tous les sacrements qui multiplient en nous les énergies divines, sont un trésor dont seul il a licence de disposer légitimement par lui-même ou par d'autres. C'est sa parole qui, dans tout le monde, à tous les degrés de l'enseignement autorisé, fait naître au fond des âmes la foi commencement du salut, et l'y développe, depuis ces humbles commencements jusqu'aux plus lumineux sommets de la sainteté. Et comme, sur les montagnes, la vie des conseils évangéliques est le jardin plus spécialement réservé de l'Epoux, Pierre aussi se réserve la conduite et protection plus spéciale des familles religieuses, voulant pouvoir toujours lui-même, directement, offrir à Jésus les plus belles fleurs de cette sainteté dont son haut ministère est le principe et l'appui. Ainsi sanctifiée, c'est encore à Pierre que l'Eglise s'adresse pour apprendre de lui la manière d'aller à l'Epoux dans ses hommages et son culte; elle lui répète, comme autrefois les disciples au Sauveur : Enseignez-nous à prier1 ; et Pierre, s'inspirant de ce qu'il sait des pompes de la patrie, ordonne ici-bas

1. Luc. XI, I.

l'étiquette sacrée et dicte à l'Epouse le thème de ses chants. Enfin à sa sainteté, qui donc, sinon Pierre, vient ajouter encore ces caractères d'unité, de catholicité, d'apostolicité, qui sont pour elle, en face du monde, l'irréfragable titre de ses droits. au trône et à l'amour du Fils de Dieu ?

Si nous sommes vraiment fils de l'Eglise, si c'est au cœur de notre Mère que nous puisons nos sentiments, comprenons quels seront la reconnaissance, le respect plein d'amour, la tendre confiance, le dévouement absolu de tout notre être envers l'homme de qui, par la très suave volonté de Dieu, nous viennent tous ces biens. Pierre en lui-même et dans ses successeurs, en celui surtout qui porte de nos jours le poids du monde et nos propres fardeaux, sera l'objet constant de notre culte filial. Ses gloires, ses souffrances, ses pensées seront nôtres. N'oublions pas que celui dont le Pontife Romain est le représentant visible, a voulu que tous ses membres eussent leur part invisible au gouvernement de son Eglise; la responsabilité de chacun en un point d'importance si majeure, est clairement indiquée par le devoir de la prière, qui compte plus que l'action devant Dieu, et que l'amour rend plus forte que l'enfer '. Et cet autre devoir majeur de l'aumône, qui nous oblige à subvenir à l'indigence du plus humble de nos frères croirions-nous donc en être libres à l'égard de l'évêque et du père de nos âmes, lorsque d'injustes spoliations l'amènent à connaître, dans les nécessités de son immense gestion, le besoin et la gêne? Heureux qui, au tribut de l'or, peut être admis à joindre celui du sang! mais tous n'ont pas cet honneur.

1. Cant. vIII, 6.

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