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beaux vos pas dans nos humbles sentiers ', ils sont si suaves les parfums dont vous enivrez aujourd'hui la terre 2! Vous n'étiez point connue, vous-même vous ignoriez, ô la plus belle des filles d'Adam, jusqu'à cette première sortie qui vous amène vers nos pauvres demeures et manifeste votre puissance. Le désert, embaumé soudain des senteurs du ciel, acclame au passage, non plus l'arche des figures, mais la litière du vrai Salomon, en ces jours mêmes qui sont les jours des noces sublimes qu'a voulu contracter son amour. Quoi d'étonnant si d'une course rapide elle franchit les montagnes, portant l'Epoux qui s'élance comme un géant de sommets en sommets 5?

Vous n'êtes pas, ô Marie, celle qui nous est montrée dans le divin Cantique hésitante à l'action malgré le céleste appel, inconsidérément éprise du mystique repos au point de le placer ailleurs que dans le bon plaisir absolu du BienAimé. Ce n'est point vous qui, à la voix de l'Epoux, ferez difficulté de reprendre pour lui les vêtements du travail, d'exposer tant qu'il le voudra vos pieds sans tache à la poussière des chemins de ce monde . Bien plutôt : à peine s'est-il donné à vous dans une mesure qui ne sera connue d'aucune autre, que, vous gardant de rester absorbée dans la jouissance égoïste de son amour, vous-même l'invitez à commencer aussitôt le grand œuvre qui l'a fait descendre du ciel en « Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, levons-nous dès le matin pour voir si la vigne a fleuri, pour hâter l'éclosion des fruits du salut dans les âmes; c'est là que je veux être à

terre :

1. Cant. VII, 1. — 2. Ibid. 1, 5. 3. Ibid. 7. III, 6-11. 5. Psalm. xviii, 6-7.

4. Ibid. 6. Cant. v, 2-6.

LE TEMPS APRÈS LA PENTECOTE.

-T. III.

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vous. Et, appuyée sur lui, non moins que lui sur vous-même, sans rien perdre pour cela des délices du ciel, vous traversez notre désert 2; et la Trinité sainte perçoit, entre cette mère et son fils, des accords inconnus jusque-là pour elle-même; et les amis de l'Epoux, entendant votre voix si douce 3, ont, eux aussi, compris son amour et partagé vos joies. Avec lui, avec vous, de siècle en siècle, elles seront nombreuses les âmes qui, douées de l'agilité de la biche et du faon mystérieux, fuiront les vallées et gagneront les montagnes où brûle sans fin le pur parfum des cieux *.

Bénissez, ô Marie, ceux que séduit ainsi la meilleure part. Protégez le saint Ordre qui se fait gloire d'honorer spécialement le mystère de votre Visitation; fidèle à l'esprit de ses illustres fondateurs, il ne cesse point de justifier son titre, en embaumant l'Eglise de la terre de ces mêmes parfums d'humilité, de douceur, de prière cachée, qui furent pour les anges le principal attrait de ce grand jour, il y a dix-huit siècles. Enfin, ô NotreDame, n'oubliez point les rangs pressés de ceux que la grâce suscite, plus nombreux que jamais en nos temps, pour marcher sur vos traces à la recherche miséricordieuse de toutes les misères; apprenez-leur comment on peut, sans quitter Dieu, se donner au prochain pour le plus grand honneur de ce Dieu très-haut et le bonheur de l'homme, multipliez ici-bas vos fidèles copies. Que tous enfin, vous ayant suivie en la mesure et la manière voulues par Celui qui divise ses dons à chacun comme il veut 5, nous nous retrouvions dans la patrie pour chanter d'une seule voix avec vous le Magnificat éternel!

1. Cant VII, 10-13. 2. Ibid. vIII, 5. 4. Ibid. 14. 5. I Cor. XII, II.

3. Ibid. 13.

LE III JUILLET.

CINQUIÈME JOUR DANS L'OCTAVE

DES SAINTS APOTRES PIERRE ET PAUL.

I parmi tous les Saints il n'en est pas qui ne mérite les hommages de la terre, et dont le nom ne soit puissamment secourable, le culte rendu à chacun d'eux, la confiance qui leur est témoignée, varient pourtant en la mesure de ce que nous connaissons de leur gloire. Il est donc juste, et c'est l'affirmation posée par saint Léon le Grand dans l'Office de ce jour, il est juste d'honorer davantage ceux que la grâce divine a tellement élevés entre tous, que, dans ce corps de l'Eglise qui a le Christ pour tête, ils sont établis comme les deux yeux éclairant tous les membres'. C'est la raison qui fait qu'entre les nombreuses solennités consacrées sur le Cycle aux serviteurs de Dieu, il n'en est point qui soit supérieure à la fête des deux princes des Apôtres.

Lorsque la pratique de l'Eglise inspirait les mœurs des particuliers et des peuples, la confiance des nations, la dévotion privée elle-même n'avaient pas d'autres appréciations, d'autres préférences que celles de la sainte Liturgie; et il serait long, trop long pour nous, de relever dans les histoires, chartes publiques ou simples contrats, monuments de toutes sortes, les preuves sans fin de

1. Sermo 1 in Nat. Apost. Lect. i Nocturni

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l'amour de nos pères pour le glorieux porte-clefs du royaume du ciel et son illustre compagnon armé du glaive. La foi était vive en ces temps. On comprenait que, de tous les biens départis par Dieu à la terre, il n'en est point qui égalent les grâces de sanctification, de doctrine, d'unité, dont Pierre et Paul avaient été, pour tous, les instruments prédestinés; le coeur aussi s'élargissait avec l'intelligence; on voulait connaître la vie si touchante de ces pères du peuple chrétien; on leur tenait compte du dévouement avec lequel ils avaient, sans calculer, dépensé leurs sueurs et leur sang.

Pourrait-on dire qu'il en est encore ainsi de nos jours? Combien de baptisés, catholiques de nom, parfois pratiquants, possèdent à peine sur le christianisme les élémentaires notions qui leur permettraient d'entrevoir, au moins confusément, l'importance du rôle qu'ont rempli dans l'huma nité les fondateurs de l'Eglise! Il en est d'autres, et, grâces à Dieu, leur nombre a grandi dans nos temps, qui tiennent à honneur d'avoir approfondi les principes sur lesquels repose la divine constitution de la société rachetée par le Sang du Seigneur. Ceux-là comprennent et ils révèrent la place auguste que Pierre et Paul ont occupée, qu'ils retiennent toujours dans l'économie du dogme chrétien. De ceux-là même néanmoins, en est-il beaucoup qui véritablement honorent comme ils doivent les deux princes des Apôtres ? Ce qu'ils savent d'eux leur dit assez qu'il n'en peut être à leur égard comme pour d'autres bienheureux, dont on voit le culte s'étendre ou décroître, suivant les lieux, les temps, les circonstances: le culte de saint Pierre et de saint Paul tient par ses racines au fondement du catholicisme; soit dans

les peuples, soit dans les âmes, il ne saurait s'amoindrir qu'au grand détriment du catholicisme lui-même. Mais tout culte n'est vrai, que s'il implique dévotion et amour; et peut-on dire que, chez tous ceux dont nous parlons, la connaissance des saints Apôtres ait pénétré suffisamment de l'esprit jusqu'au cœur ?

C'est que pour plusieurs cette connaissance, confinée dans la région de la théorie, demeure par trop impersonnelle aux deux Apôtres ; et que les principes les plus savamment déduits ne donnent point l'esprit de foi, qui réside au cœur et anime la vie. Qu'ils complètent donc leur science; sans perdre de vue les hauteurs du dogme, qu'ils sachent demander à la prière, à l'humble étude de l'Evangile, des Actes des Apôtres, de leurs lettres aux Eglises, des traditions ecclésiastiques, cette révélation tout intime de l'âme de Pierre et de celle de Paul qui ne peut manquer de les leur faire admirer, aimer surtout, autant et plus que leurs sublimes prérogatives. Peut-être alors s'étonneront-ils d'avoir connu si tard bien des détails précieux, et mille traits instructifs que les plus petits enfants des siècles réputés barbares eussent rougi d'ignorer. A coup sûr, ils auront joie de se sentir plus catholiques dans l'âme; ils s'estimeront heureux d'avoir compris, de partager enfin la dévotion de l'humble femme du peuple et sa naïve confiance, mêlée de crainte, dans le portier du paradis.

La belle Préface qui suit est empruntée au Missel Mozarabe. Elle chante les contrastes divins parmi lesquels aime à se jouer l'éternelle Sagesse, et qu'elle s'est plue à multiplier dans la vie des deux princes des Apôtres.

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