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LE XXVIII JUIN.'

J

LA VIGILE DES SAINTS APOTRES

PIERRE ET PAUL.

EAN-BAPTISTE, placé aux confins des deux. Testaments, a clos l'âge prophétique où ne régnait que l'espérance, et commencé

l'ère de la foi qui possède, sans le voir encore en sa divinité, le Dieu longtemps attendu. Aussi, avant même que ne soit terminée l'Octave où nous fêtons le fils de Zacharie, la confession apostolique va se greffer sur le témoignage rendu par le Précurseur au Verbe lumière. Demain, tous les échos des cieux se renverront la parole que Césarée de Philippe entendit la première: Vous êtes le Christ, fils du Dieu vivant ; et Simon fils de Jean, pour avoir prononcé l'oracle, sera établi la base qui porte l'Eglise. Demain même il mourra, scellant dans le sang sa déclaration glorieuse; mais il se survivra dans les Pontifes romains pour garder le précieux témoignage en son intégrité, jusqu'au jour où la foi fera place à l'éternelle vision. Associé aux travaux de Pierre, le Docteur des gentils partagera son triomphe; et Rome, plus redevable à ses deux princes qu'aux guerriers fameux qui abattirent le monde à ses pieds, verra leur double victoire affermir pour jamais sur sa tête auguste le diadème de la royauté des âmes.

Recueillons-nous, et avec l'Eglise, préparons nos cœurs. En France, où tant de sacrifices ont

dû être consentis par l'Eglise-mère, la fête des Apôtres, le plus souvent, n'est point célébrée à son jour; lorsque le 29 juin se rencontre un des jours de la semaine, elle voit sa solennité renvoyée au dimanche. Par suite, la Vigile a perdu chez nous de ses austérités d'autrefois. Heureux les diocèses, où quelque trace de l'ancienne discipline se garde encore! La rigueur que sait s'imposer un peuple à certains jours de préparation, est une marque de la foi qu'il a conservée; elle montre qu'il comprend la grandeur de l'objet proposé par la sainte Liturgie à son culte. Chrétiens d'Occident, nous dont Pierre et Paul sont la gloire devant les hommes et devant Dieu, songeons au Carême que les Grecs schismatiques commencent au lendemain des solennités pascales, en l'honneur des Apôtres, et qui ne prend fin qu'aujourd'hui. Le contraste sera de nature à nous faire dominer les penchants d'une mollesse où l'ingratitude aurait trop de part. Du moins, puissions-nous racheter en ferveur, en actions de grâces et amour, les privations dont tant d'églises, malgré leur séparation d'avec Rome, ont conservé l'usage.

Nous entrerons dans l'esprit de ce jour, en récitant les formules suivantes. La première est empruntée au Missel Gothique-Gallican; c'est la Bénédiction qui, selon le rite de notre ancienne Liturgie, était donnée au peuple avant la Communion dans la fête des Apôtres. Les Oraisons qui la suivent sont tirées du Sacramentaire Léonien.

BÉNÉDICTION.

DEUS, qui membris Ec-
clesiæ, velut gemel-
lum lumen quo cavean- de

DIEU, pour garder des ténèbres les membres l'Eglise, vous avez fait

briller comme deux lumiè- tur tenebræ, fecisti Petri

res jumelles, et les larmes de Pierre, et les lettres de Paul.

B. Amen.

Regardez ce peuple bénignement, Vous par qui Pierre avec ses clefs, vous par qui Paul avec sa foi, ouvrent les cieux. R. Amen.

Qu'à la suite des chefs, le troupeau parvienne où sont arrivés d'un même pas tous deux, et le Pasteur sur la croix, et le Docteur sous le glaive. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

lacrymas, Pauli litteras, coruscare.

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ORAISONS.

IEU tout-puissant et éter

mystère vous avez fondé sur Rome et son nom le droit de la principauté apostolique; afin que la vérité évangélique se répandît de ces hauteurs en tous les royaumes du monde : faites que l'univers chrétien suive pieusement les maximes dont la prédication prédication de Pierre et de Paul a imbibé la terre.

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MNIPOTENS sempiterne Deus, qui ineffabili sacramento jus Apostolici Principatus in Romani nominis posuisti, unde se evangelica veritas per tota mundi regna diffunderet: præsta, ut quod in orbem terrarum eorum prædicatione manavit, christianæ devotionis sequatur universitas.

Præsta quæsumus Ecclesiæ tuæ, Domine, de tantis digne gaudere Principibus, et illam sequi pia devotione doctrinam, qua delectos tibi greges sacris mysteriis imbuerunt. Per Domi

Nous vous en prions, Seigneur, donnez à votre Eglise la joie qui convient pour fêter ses illustres Princes; que sa piété se nourrisse des enseignements donnés par eux aux troupeaux de votre choix, pour les initier aux sacrés Mystères. Par num. Jésus-Christ.

LE TEMPS APRÈS LA PENTECOTE. - T. III.

II

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I

convenait qu'en ce jour de Vigile, l'attention ne fût pas détournée de l'auguste objet que l'Eglise se prépare à exalter dans ses chants. Mais le triomphe de Pierre éclatera d'autant mieux, que son témoignage au Fils de l'homme apparaîtra maintenu plus fidèlement, dans la série des siècles, par les Pontifes héritiers de sa primauté. Longtemps le 28 juin fut consacré à honorer la mémoire de saint Léon le Grand; c'était le jour que Sergius I avait choisi pour célébrer la translation, de l'insigne Docteur, et certes on ne pouvait désirer plus magnifique introducteur à la solennité du lendemain. Jamais comme par lui, Rome n'entendit relever en de sublimes discours la grandeur des deux princes des Apôtres et sa propre gloire; jamais, depuis l'incomparable scène de Césarée de Philippe, le mystère de l'Homme-Dieu ne s'était vu affirmé d'une façon si grandiose qu'au jour où l'Eglise, frappant à Chalcédoine l'impie Eutychès, recevait de Léon l'immortelle formule du dogme chrétien. Pierre, de nouveau, avait parlé par la bouche de Léon; cependant la cause était loin d'être finie il y fallait deux siècles encore; et ce fut un autre Léon, celui-là même que nous fêtons maintenant en ce jour, qui eut l'honneur de la terminer au sixième concile.

Tout en veillant au développement de la

*

Liturgie sacrée, l'Esprit de Dieu n'avait donc point voulu que rien changeât, en cette journée, le cours des pensées du peuple fidèle. Mais lorsque saint Léon Ier reprit, vers le commencement du xive siècle, la place qu'il occupait primitivement sur le Cycle au 11 avril, saint Léon II, dont le 28 juin marquait l'anniversaire de la mort, et qui n'avait eu jusque-là qu'une simple mémoire, se leva pour rappeler à son tour les glorieuses luttes de son prédécesseur, et les siennes, dans l'ordre de la confession apostolique.

Comment l'exposition si complète et si claire de Léon le Grand, comment les anathèmes de Chalcédoine, n'avaient-ils point eu raison de l'hérésie qui déniait son plus beau titre de noblesse à notre nature, et lui refusait d'avoir été prise en son intégrité par le Verbe divin ? C'est que, pour assurer le triomphe de la vérité, il ne suffit pas de convaincre un jour l'erreur de mensonge. Plus d'une fois, hélas! l'histoire nous montre les plus solennels anathèmes aboutir seulement à endormir la vigilance des gardiens de la cité sainte. La lutte paraît finie, le besoin de repos se fait sentir aux combattants, mille autres soins réclament l'attention des chefs; et, sourdement, feignant la déférence la plus entière, se montrant, s'il le faut, toute de flammes pour les nouvelles préoccupations du moment, l'erreur profite du silence qui a suivi sa défaite. Alors son progrès devient d'autant plus redoutable, qu'elle passe et s'efforce elle-même de passer pour avoir disparu sans laisser trace aucune.

Grâce cependant au divin Chef qui ne cesse point de veiller sur son œuvre, l'épreuve atteint rarement la profondeur douloureuse où saint Léon II dut pénétrer, avec le fer et le feu, pour sauver

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