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de laquelle, en si peu de temps, vous remplites la course d'une longue existence, obtenez qu'elle continue de garder précieusement, pour elle et les autres, l'enseignement qui se dégage de votre vie d'innocence et d'amour. Le seul vrai gain de l'homme à la fin de sa carrière est la sainteté, et c'est au dedans que la sainteté s'acquiert; les œuvres du dehors n'entrent en compte, pour Dieu, que selon la pureté du souffle intérieur qui les inspire; si l'occasion fait défaut pour ces œuvres, l'homme peut y suppléer en se rapprochant du Seigneur, dans le secret de son âme, autant et plus qu'il n'eût fait par elles. Ainsi l'aviez-vous compris; et l'oraison, qui vous tenait absorbé dans ses inénarrables délices, en vint à égaler votre mérite à celui des martyrs. Aussi, de quel prix n'était pas à vos yeux ce céleste trésor de l'oraison, toujours à notre portée comme il le fut à la vôtre! Mais pour y trouver comme vous la voie abrégée de toute perfection, selon vos propres paroles, il y faut la persévérance et le soin d'éloigner de l'âme, par une répression généreuse de la nature, toute émotion qui ne serait pas de Dieu. Comment une eau bourbeuse ou agitée par les vents, reproduirait-elle l'image de celui qui se tient sur ses bords? Ainsi l'âme souillée, et celle-là même qui, sans être l'esclave des passions, n'est point maîtresse encore de toute agitation provenant de la terre, n'arrivera point au but de l'oraison qui est de reproduire en elle l'image tranquille de son Dieu.

La reproduction du grand modèle fut parfaite en vous; et l'on put constater combien la nature en ce qu'elle a de bon, loin de pâtir et de perdre, gagne au contraire à cette refonte au divin creuset. Même en ce qui touche les plus légitimes affections, vous n'aviez plus de regards du côté de la

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terre; mais voyant tout en Dieu, combien les sens n'étaient-ils pas dépassés dans leur infirmité menteuse, et combien aussi par là même croissait votre amour! Témoin vos suaves prévenances, ici-bas et du haut du ciel, pour l'admirable mère que vous avait donnée le Seigneur : où trouver plus de tendresse que dans les épanchements de la lettre si belle écrite par vous à cette digne mère d'un saint, dans les derniers jours de votre pèlerinage? et quelle délicatesse exquise ne vous conduisait pas à lui réserver votre premier miracle, une fois dans la gloire! Par ailleurs, l'Esprit-Saint, en vous embrasant de tous les feux de la divine charité, développait en vous pour le prochain un amour immense; car la charité est une; et on le vit bien, quand vous sacrifiâtes votre vie pour les malheureux pestiférés.

Ne cessez pas, illustre Saint, d'assister nos misères; soyez propice à tous. Conduite par le successeur de Pierre au pied de votre trône, la jeunesse surtout se réclame de votre puissant patronage. Dirigez ses pas sollicités en tant de sens contraires; que la prière et le travail pour Dieu soient sa sauvegarde; éclairez-la, lorsque s'impose à elle le choix d'un état de vie. Puissiez-vous, durant ces critiques années de l'adolescence, user pour elle largement de votre beau privilège et protéger dans vos dévots clients l'angélique vertu! Enfin, ô Louis, que ceux-là même qui ne vous auront pas imité innocent, vous suivent du moins dans la pénitence, ainsi que l'Eglise le demande au Seigneur en ce jour de votre fête.

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ANS les jours de l'enfance du Sauveur,
Félix de Nole était venu réjouir nos

yeux par le spectacle de sa sainteté

triomphante et si humble, qui nous révèle sous un de ses aspects les plus doux la puissance de notre Emmanuel. Illuminé de tous les feux de la Pentecôte, Paulin s'élève de cette même ville de Nole à son tour, faisant hommage de sa gloire à celui dont il fut la conquête. La voie sublime par laquelle il devait gagner les sommets des cieux, ne s'offrit point à lui, en effet, tout d'abord; et ce fut Félix qui, sur le tard déjà, jeta dans son âme les premiers germes du salut.

Héritier d'une fortune immense, à vingt-cinq ans préfet de Rome, sénateur et consul, Paulin était loin de penser qu'il pût y avoir une carrière plus honorable pour lui, plus profitable au monde, que celle où l'engageaient ainsi les traditions de son illustre famille. Et certes alors, au regard des sages de ce siècle, c'était une vie intègre, s'il en fut, que la sienne, entourée des plus nobles. amitiés, soutenue par l'estime méritée des petits et des grands, trouvant son repos dans ce culte des lettres qui, dès les années de son adolescence, l'avait rendu l'honneur de la brillante Aquitaine où Bordeaux lui donna le jour. Combien, qui ne le valaient pas, sont aujourd'hui encore proposé's

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pour modèles d'une vie laborieuse et féconde ? Un jour, cependant, voici que ces existences qui semblent si remplies, n'offrent plus à Paulin lui-même que le spectacle d'hommes « tourbillonnant au milieu de jours vides, et, pour trame de leur vie, tissant d'œuvres vaines une toile d'araignée »>! Que s'est-il donc passé? C'est qu'un jour, dans la fertile Campanie soumise à son gouvernement, Paulin s'est rencontré près de la tombe de l'humble prêtre proscrit jadis par cette Rome, dont les terribles faisceaux qu'on porte devant lui signifient la puissance; et soudain, les flots d'une lumière nouvelle ont envahi son âme; Rome et sa puissance sont rentrées dans la nuit, devant l'apparition « des grands droits du Dieu redoutable ». A plein cœur, le descendant des vieilles races qui soumirent le monde donne aussitôt sa foi à Dieu; le Christ qui se révèle à lui dans la lumière de Félix, a conquis son amour 3. Assez cherché, assez couru vainement: il trouve enfin; et ce qu'il trouve, c'est que rien ne vaut mieux que de croire à Jésus-Christ 1.

Dans la droiture de sa grande âme, il ira jusqu'aux dernières conséquences de ce principe nouveau qui remplace pour lui tous les autres. Jésus a dit : « Si tu veux être parfait, va, vends <«< ce que tu as et donne-le aux pauvres ; et puis « viens, suis-moi 3. » Paulin n'hésite pas. Ce n'est pas lui qui négligera le meilleur, et préférera le moindre; parfait jusque-là pour le monde, pourrait-il maintenant ne point l'être pour Dieu ? A l'œuvre donc déjà ne sont plus à lui ces posses

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sions immenses, que l'on appelait des royaumes'; les divers peuples de l'empire, chez qui s'étendaient au soleil ces incalculables richesses, sont dans la stupeur d'un commerce nouveau: Paulin vend tout, pour acheter la croix et suivre avec elle son Dieu 2. Car, il le sait: l'abandon des biens de ce monde n'est que l'entrée du stade, et non la course elle-même; l'athlète n'est pas vainqueur par le seul fait qu'il laisse ses habits, mais il ne se dépouille que pour commencer à combattre ; et le nageur a-t-il donc passé le fleuve, parce que déjà il est nu sur le bord 3?

Paulin, dans son empressement, a coupé plutôt qu'il n'a détaché le câble qui retenait sa barque au rivage. Le Christ est son nautonnier 5. Aux applaudissements de sa noble épouse Thérasia, qui ne sera plus que sa sœur et son émule, il vogue jusqu'au port assuré de la vie monastique, ne songeant qu'à sauver son âme ". Un seul point le tient encore en suspens: se retirera-t-il à Jérusalem, où tant de souvenirs semblent appeler un disciple du Christ? Mais, avec la franchise de sa forte amitié, Jérôme qu'il a consulté lui répond: « Aux clercs les villes, aux moines la solitude. Ce serait une suprême folie que de quitter le monde, pour vivre au milieu d'une foule plus grande qu'auparavant. Si vous voulez être ce qu'on vous nomme, c'est-à-dire moine, c'est-à-dire seul, que faites-vous dans les villes, qui, à coup sûr, ne sont pas l'habitation des solitaires, mais de la multitude? Chaque vie a ses modèles. Nos chefs à nous sont les Paul et les Antoine, les Hilarion

1. AUSON. Ep. XXIII, ad Paulin., v. 116. 2. Poem. XXI, natal. xIII, v. 426-427. 3. Ep. xxiv, 7, ad Severum,

4. HIERON, Ep. LIII, 10, ad Paulin. V. 158. 6. Ép. xví, 8, ad Jovium.

5. Poem. ultim.,

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