Obrazy na stronie
PDF
ePub

pâque avec ses disciples avant de souffrir, plutôt qu'après et lorsqu'il fut ressuscité.

ce

sa

Il avait dessein dans mystère de nous rendre mort présente, de nous transporter en esprit au Calvaire, où son sang fut répandu, et coula à gros bouillons de toutes ses veines. « Ceci, dit-il, est mon corps, donné pour vous, rompu pour vous, » et percé de tant de plaies : « Ceci est mon sang répandu pour vous. » Voilà ce corps, voilà ce sang, qui nous sont mis devant les yeux, comme séparés l'un de l'autre. Afin que tout cadrât à son dessein, il fallait que ce mystère fût institué à la veille de cette mort sanglante, la nuit même où il devait être livré, comme remarque saint Paul, lorsque Judas machinait

son noir dessein, et qu'il était prêt à partir pour l'exécuter. Que dis-je, prêt à partir? Il part de la table où lui et les autres disciples mangeaient pour la dernière fois avec leur maître, où il venait de leur donner son corps et son sang, et à Judas comme aux autres; il part à ce moment pour l'aller livrer; dans deux heures, il le mettra entre les mains de ses ennemis! Jésus est lui-même déjà tout troublé de sa mort prochaine, du trouble mystérieux que nous avons vu; c'est en cet état, c'est parmi ce trouble, et la mort, pour ainsi parler, déjà présente, qu'il institue la nouvelle pâque.

Toutes les fois donc que nous assistons, que nous communions à son mystère, toutes les fois que nous entendons ces

paroles : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang; » nous devons nous souvenir dans quelles conjonctures, à quelle nuit, au milieu de quels discours, elles furent proférées. Ce fut en disant devant, ce fut en répétant après : « Un de vous me trahira la main de celui qui me trahira, est avec moi à la table. >> L'institution de la cène est faite dans cette conjoncture pendant que les apôtres, avertis de la perfidie d'un de leurs compagnons, se regardaient les uns les autres, et demandaient avec étonnement et avec frayeur : Sera-ce moi? que Judas le demandait lui même, et que le Sauveur lui dit : « Oui, c'est vous, vous l'avez dit; » ajoutant encore, pour lui faire sentir qu'il lisait au fond de son cœur ses noires machina

tions: Va, achève, malheureux. Fais promptement ce que tu as à faire. C'est au milieu de ces actions et de ces paroles, et pendant qu'il désignait des yeux et de la main celui qui allait faire le coup, c'est, dis-je, parmi toutes ces choses, qu'il institua l'eucharistie.

Ne la mangeons donc jamais, n'assistons jamais à la célébration de ce mystère, que nous ne nous transportions en esprit à la triste nuit où il fut établi, et que nous ne nous laissions pénétrer des préparatifs affreux du sacrifice sanglant de notre Sauveur; car c'est pour cette raison que saint Paul, en racontant cette institution, nous remet devant les yeux cette nuit affreuse : « J'ai, dit-il, appris du Seigneur ce que je vous ai enseigné, que le Seigneur

Jésus, la nuit où il devait être livré, prit du pain, » et le reste (1). C'est dans cette nuit ; songez-y bien, et remarquez cette circonstance.

Il pourrait sembler que l'eucharistie, étant un mémorial de cette mort, en devait être précédée. Mais non : c'est aux hommes, dont les connaissances sont incertaines, et la prévoyance tremblante, à laisser arriver les choses, avant d'ordonner qu'on s'en souvienne. Mais Jésus, bien assuré de ce qui allait arriver, et du genre de mort qu'il devait souffrir, sépare par avance son corps et son sang : « Ceci est mon corps, ceci estmon sang, dit-il : mon corps livré; mon sang répandu » souvenez-vous-en;

(1) 1 Cor., XI, 23.

« PoprzedniaDalej »