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Mais aujourd'hui il fait voir qu'il n'y a auprès de lui ni différence ni acception de personnes; il réunit tout l'univers en un seul peuple, il appelle les étrangers comme ses enfans, il répand indifféremment ses bénédictions et sur les uns et sur les autres, et nous pouvons nous dire à nous-mêmes avec l'apôtre : An Judæorum Deus tantùm, nonne et gentium? imo et gentium. Je vois l'origine de notre foi, l'orient se découvre, l'étoile paroît, les mages partent, les anges les regardent, Jésus-Christ même les attend; et c'est à nous à les imiter et à les suivre.

C'est dans ce dessein que je prétends vous faire voir aujourd'hui dans la conduite de ces princes, Une foi vive et prompte;

Une foi hardie et généreuse;

Une foi entière et parfaite.

Nous avons besoin aussi bien qu'eux d'un guide céleste qui nous éclaire. Ce sera l'esprit de Dieu, que nous invoquerons, qui nous conduira à Jésus-Christ par l'intercession de Marie, à qui nous dirons, Ave, etc.

PREMIER POINT.

Ce n'est pas sans raison que le prophète Isaïe, prévoyant les grands mouvemens que devoit causer dans le monde la naissance du Fils de Dieu, avoit prédit qu'il commenceroit de vaincre dès qu'il auroit commencé de vivre, et que, par une prompte défaite de ses ennemis, il se hâteroit de faire voir qu'il étoit le Sauveur des hommes, qu'il prendroit même cette

rapidité de conquête pour son nom et pour sa qualité essentielle : Vocabitur accelera, aufer spolia, festina prædari. En effet, dit saint Bernard, dès sa naissance il attire les bons par sa miséricorde, il trouble les méchans par sa justice, il soumet les grands par sa puissance, il élève les petits par sa grâce. La qualité de Sauveur le presse de mettre en liberté des âmes captives; sa qualité de libérateur lui donne une sainte impatience de briser le joug qui les accable. D'une main, qui paroît encore infirme, et qui pourtant est toute - puissante, il dépouille des rois de leur orgueil, des pasteurs de leur grossièreté naturelle, des Juifs de leur prévention, des gentils de leur ignorance: ce sont autant de marques de ses victoires, et comme autant de trophées précipitamment arrachés au démon, qui pendent autour de la crèche d'un roi enfant et sauveur : Manent hæc insignia apud regem infantem, et salvatorem.

Que, s'il est pressé du désir de sauver les hommes, il se trouve des hommes pressés du désir de chercher et d'adorer leur Sauveur; et quels hommes ? si vous considérez leur état, ce sont des rois, que la naissance, la fortune, l'honneur du monde, la douceur de la vie, et le plaisir de commander, attachent à leur condition, et semblent devoir renfermer en euxmêmes, et éloigner de tout autre soin que de celui de leur grandeur et de leur gloire. Si vous regardez leur profession, ce sont des sages du monde, jouissant et faisant jouir leurs sujets d'une tranquilité civile et politique, occupés à des sciences vaines et

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inutiles; et vous savez ce que l'Écriture nous enseigne que la sagesse du monde est ennemie de Dieu, et que la présomption est naturelle à ces esprits curieux qui, s'arrêtant aux choses visibles de Dieu sans passer jusqu'aux invisibles, se repaissent de leur orgueil, et s'évanouissent dans leurs propres pensées. Si vous considérez leur religion, ils sont nés dans l'erreur et dans la superstition de leurs pères, et engagés au culte des dieux de leur pays par les lois et par la coutume. Qu'il est difficile de se défaire de ses anciens préjugés, et de se rendre à la lumière quand on est assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, ainsi que parle le prophète !

Cependant, malgré tant d'obstacles, au premier mouvement de l'esprit de Dieu, au premier aspect d'une lumière céleste, ils renoncent à leur grandeur, à leurs sciences, à leurs idoles; dès qu'ils savent que le roi des rois vient de naître dans la Judée, ils joignent l'effet à la connoissance, ils descendent du trône, ils abandonnent leurs palais. En vain la raison humaine leur représente qu'un voyage entrepris sur un présage incertain seroit une aventure peu convenable à leur rang et à leur sagesse ; que c'étoit un triste spectacle de voir des rois errans se mêler avec des peuples inconnus, et traverser des cours qui pouvoient leur être suspectes; que les souverains étoient faits pour recevoir en repos le tribut de leurs sujets, non pas pour en porter eux-mêmes à d'autres ; qu'ils n'avoient qu'à jouir avec justice des droits de la royauté, sans se mettre en peine d'un roi enfant que

sa propre nation refusoit de reconnoître ; que ce seroit abandonner leurs états à des dissensions domestiques, et commettre leur dignité à des jalousies étrangères : Quomodo ita insipientes facti sunt, viri sapientes, dit saint Bernard? Comment des hommes si sages se sont-ils ainsi oubliés? la foi leur a inspiré que la véritable sagesse à l'égard de Dieu étoit de s'abandonner à sa providence; que, puisqu'il leur inspiroit le dessein d'aller, il seroit lui-même leur protecteur et leur guide; que le premier devoir des rois étoit d'adorer celui de qui relèvent toutes les couronnes; qu'heureux et très-heureux seroient les étrangers qu'il auroit choisis à la place de ses sujets pour le reconnoître; et qu'il n'y avoit qu'une raison, qu'une félicité, qu'une gloire de ceux qui servent Dieu de tout leur cœur, parce qu'ils le connoissent, ou de ceux qui le cherchent de tout leur cœur, parce qu'ils ne le connoissent pas encore.

Sur ces principes ils quittent leurs états, leurs possessions, leurs familles, et suivent sans délibérer cette étoile qui les précède. Pourquoi faut-il qu'ils entreprennent ce voyage? La grâce dépend-elle des temps et des lieux, et ne peut-elle se communiquer qu'à la portée du berceau de Jésus Christ? Puisqu'il fait naître de nouveaux astres dans le ciel, ne peut-il pas créer des cœurs nouveaux dans toutes les parties de la terre? ne peut-il recevoir d'hommage que de la main de ceux qui le lui font? Son pouvoir est-il borné dans l'enceinte d'un village de la Judée? Oui, messieurs, il faut qu'ils sortent de leurs états.

Les Pères en donnent trois raisons différentes, toutes également solides la première, c'est pour marquer le détachement où doivent être tous ceux que Dieu appelle; ils devoient laisser à tous les chrétiens qui sont leur postérité, dit saint Léon, cet exemple d'une prompte et fidèle obéissance; et comme Abraham, qui devoit être la racine et le modèle de la perfection de la loi à l'égard du culte du vrai Dieu, reçut ordre de sortir de son pays et de la parenté : Egredere de terrâ tuâ; ainsi ces princes d'Orient, que Dieu avoit choisis pour être les introducteurs des gentils dans la foi de Jésus-Christ et les premiers modèles de la perfection évangélique, devoient faire voir qu'ils ne tenoient à aucune affection terrestre, quand il s'agissoit d'accomplir la loi de Dieu et de suivre ses volontés, quand elles leur étoient manifestées. Saint Bernard en donne une autre raison: Il falloit, dit-il, qu'il y eût de la proportion et de la ressemblance entre les adorateurs et le Dieu qu'ils alloient adorer; puisque Jésus-Christ avoit fait aux hommes comme un sacrifice de toute sa gloire, il étoit juste que les hommes lui sacrifiassent la leur. Quelle apparence y avoit -il qu'ils demeurassent dans leurs palais, tandis que Jésus-Christ étoit dans sa crèche? N'étoit-il pas juste qu'ils n'eussent plus de richesses que pour les lui consacrer par un saint usage, qu'ils renoncassent aux grandeurs mondaines, pour se conformer à celui qui devoit dire que son royaume n'est pas de ce monde?

et

Pour apprendre enfin, dit saint Chrysostôme, par

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