Obrazy na stronie
PDF
ePub

l'ordre public, et de résister aux lois civiles. C'est qu'en effet les catholiques ont des intérêts spirituels qu'ils ne peuvent sacrifier aux caprices de l'autorité temporelle; et il est par trop absurde de s'imaginer qu'ils renonceraient, pour plaire au souverain, à cette foi qu'ils savent être la seule vraie et hors de laquelle ils n'admettent pas qu'il puisse y avoir de salut. Mais aussi dans tout ce qui ne touche pas à leur croyance ils sont et ont toujours été les sujets les plus fidèles; car leur religion leur apprend « que tout le monde doit étre soumis aux puissances supérieures, car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre. Celui donc qui s'oppose aux puissances résiste à l'ordre de Dieu et ceux qui y résistent attirent la condamnation sur eux-mémes (1). C'est leur foi donc, qui leur trace la conduite qu'ils doivent tenir comme membres de la société politique, elle leur dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (2). Rendez à chacun ce qui lui est dû; le tribut, à qui vous devez le tribut; les impôts, à qui vous devez les impôts; la crainte, à qui vous devez de la crainte; l'honneur, à qui vous devez de l'honneur (3).

Nous nous proposons donc en plaçant sous les yeux du public le simple récit des faits, confirmés par un grand nombre de pièces justificatives, de le mettre en état de juger avec connaissance de cause les actes des deux partis du gouvernement prussien et de Mgr. l'archevêque de Cologne. Nous tâcherons ainsi de remplir autant qu'il est en nous le devoir, qu'exige l'exercice impartial de la jus

(1) St. Paul Epître aux Romains. Chap. XIII.
(2) Evangile de St. Mathieu. Chap. XXII. v. 21.
(3) St. Paul. loc. cit.

tice en donnant à l'accusé la faculté de se défendre, faculté que jusqu'ici le cabinet de Berlin a refusé à ce prélat..

Lorsque le 29 mai 1836 le baron Clément Auguste de Droste-Vischering, évêque suffragant de Munster, prit possession du siége archiepiscopal de Cologne en vertu de l'élection du chapitre et de la préconisation du SouverainPontife, deux affaires importantes demandèrent toute sa sollicitude, savoir la doctrine de feu M. Hermès, professeur à Bonn, condamnée par un bref du Pape et les mariages mixtes. Voici dans quel état se trouvaient ces deux affaires à cette époque.

[ocr errors]

L'archidiocèse de Cologne était devenu le centre de la doctrine de M. Hermès, qui pendant quinze années avait enseigné la dogmatique à la faculté de théologie catholique de l'université de Bonn et qui avait joui d'une protection toute spéciale de feu l'archevêque de Cologne le comte de Spiegel et du gouvernement prussien. L'auteur de cette doctrine « établit le doute positif comme la base » de toute recherche théologique, il pose comme principe que la raison est la règle principale et l'unique » moyen que l'homme possède pour parvenir à la con>> naissance des vérités surnaturelles. Il avance en outre » dans ses ouvrages beaucoup de choses absurdes et étrangères à la doctrine de l'Eglise catholique, surtout tou» chant la nature de la foi et les règles à observer pour » les points à croire; touchant les Saintes-Ecritures, la » tradition, la révélation et la primauté dans l'Eglise ; » touchant les motifs de crédibilité; touchant les arguments qui servent d'ordinaire à prouver et à confirmer » l'existence de Dieu; touchant l'essence de Dieu même, sa sainteté, sa justice, sa liberté, et la fin qu'il se pro

[ocr errors]
[ocr errors]

»

» pose dans ses œuvres

D

choses que les théologiens appellent ad extra; touchant la nécessité et la distribution » de la grâce et des dons, la rétribution des récompenses » et l'application des peines; touchant l'état de nos pre» miers parents, le péché original et les forces de l'homme » déchu (1).

[ocr errors]

Cette doctrine contre laquelle de nombreuses voix s'étaient élevées en Allemagne fut soumise par le SouverainPontife à un examen rigoureux et enfin condamnée comme contraire à la foi catholique par un bref en date du 26 septembre 1835. Ce bref parut six mois après la mort de l'archevêque de Cologne le comte de Spiegel. Le gouvernement prussien, qui avait considéré avec raison la doctrine d'Hermès comme un acheminement vers le protestantisme, essaya de supprimer le bref et ne permit à aucun journal prussien de le reproduire. Cependant il fut inséré dans des feuilles allemandes, qui paraissent hors de la monarchie prussienne et une division se manifesta bientôt parmi le clergé des quatre diocèses des provinces rhénanes et de la Westphalie, où la doctrine condamnée comptait de nombreux partisans. Tandis que la meilleure partie du clergé se soumettait à la décision de Rome, l'autre soutenait que le bref ne l'obligeait pas, parce qu'il n'avait pas été publié dans les formes voulues par les lois civiles de la Prusse, c'est-à-dire avec le Placet du roi. Les professeurs de théologie catholique à l'université de Bonn, qui, à l'exception d'un seul M. Klée, étaient tous partisans de la doctrine hermésienne, continuèrent à l'enseigner. M.Hüsgen, administrateur du diocèse de Cologne imposa, par une circulaire en date du 19 octobre 1835 (2), à tous les ec

(1) Voir le bref de condamnation parmi les Pièces justificatives, no I. (2) Voir les Pièces justificatives, no II.

clésiastiques de ce diocèse le plus rigoureux silence sur ce sujet, « en leur défendant de parler de ces questions ou

d'y faire même allusion dans leurs exhortations, ser>> mons ou catéchismes. » Il s'autorise dans sa circulaire de ce que « la prohibition des écrits d'Hermès n'avait pas encore été promulguée en Prusse. »

>>

La décision de Rome fut donc méprisée et des opinions réprouvées par l'Eglise ne cessèrent pas de former la base de l'enseignement de la théologie catholique dans le diocèse de Cologne. Il était évidemment du devoir du nouvel archevêque de remédier à un mal si grand. Malheureusement la manière, dont était organisé l'université de Bonn et son grand séminaire, ne lui laissèrent qu'une influence secondaire sur l'enseignement de la théologie. Car tous les professeurs dans ces deux établissements avaient reçu leur nomination du gouvernement sur l'avis de feu l'archevêque de Cologne, le comte de Spiegel. Ils ne pouvaient par conséquent être destitués de leurs charges que par le gouvernement ou du moins avec son consentement. Mais comme cette destitution qui aurait dû suivre immédiatement la condamnation de la doctrine hermésienne, condamnation à laquelle aucun des professeurs de l'université ou du grand séminaire ne s'était encore soumis, n'était pas à espérer, Monseigneur de Droste eut recours à un autre moyen que lui offraient les statuts de l'université de Bonn. Voici la teneur du § 4 section II de ces statuts : « La faculté de théologie catholique de » Bonn est soumise à la surveillance ecclésiastique de l'archevêque, en tant que l'Eglise catholique est intéressée aux > doctrines professées par les membres de cette faculté. » L'archevêque a le droit de la visiter, ou de la faire visiter, >> aussi souvent qu'il le juge à propos. Le programme semes»triel des cours doit lui étre soumis, et la faculté est tenue » d'écouter respectueusement les observations de l'archevê

[ocr errors]

» que et de s'y soumettre dans toutes les choses de doc» trine.» Il résulte clairement de cette disposition que l'archevêque avait le droit d'accorder ou de refuser son approbation aux cours de théologie catholique donnés à l'université de Bonn. En refusant donc cette approbation à presque tous les cours de la faculté de théologie, excepté ceux de M. Klée, il usa d'un droit incontestable. Cependant les professeurs de Bonn ne tinrent aucun compte de cette démarche de leur supérieur ecclésiastique, et celui-ci se vit dans la nécessité d'interdire aux étudiants de théologie la fréquentation de ces cours. Un certain nombre de ces étudiants jouissait de bourses provenant d'anciens biens ecclésiastiques. Ils demeuraient ensemble dans une pédagogie ( Konvictorium), sous la direction de M. Achterfeld, professeur de théologie pastorale et un des chefs du parti hermésien (1). Celui-ci les convoqua et les somma de fréquenter les cours interdits par Mgr. l'archevêque. Sur le nombre de cinquante, huit seulement cédèrent à cette demande, les autres, restant fidèles à leur évêque, quittèrent la maison. Voilà les faits à laquelle se rapportent les passages suivants dans l'acte d'accusation de M. le ministre d'Altenstein : « La dissolution de la discipline uni>versitaire, la déconsidération des professeurs, le mépris >> des ordonnances de l'autorité, la dépopulation de la pédagogie (Konvictorium), le trouble porté dans l'in>>struction académique, aux dépens de tant de jeunes gens qui se formaient pour le service de l'Eglise, voilà quels ont été les résultats immédiats des mesures prises par l'archevêque; il n'est presque pas possible de douter » que son intention n'ait été de travailler autant que cela

D

39

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

(1) C'est le même Mr Achterfeld qui soigna la publication des derniers volumes des OEuvres d'Hermès, après la mort de celui-ci.

« PoprzedniaDalej »