Obrazy na stronie
PDF
ePub

beri videtur, si, etiam in dicendo, numeri ab òratore quæruntur.

Il y en avait d'autres qui n'y voyaient que de l'art, et qui n'en sentaient point l'agrément et le charme. C'est de ces ennemis d'un style harmonieux, périodique, arrondi, numerosæ et aptæ orationis; c'est de ces artisans d'un style informe et raboteux (ipsi infracta et amputata loquuntur) que Cicéron disait : Quas aures habeant, aut quid in his hominis simile sit nescio. << Mais quelques oreilles qu'ils aient, les miennes se plaisent, ajoutait-il, au sentiment du nombre et à la forme régulière et complète de la période, et ne peuvent s'accoutumer ni à des phrases estropiées, ni à des phrases rédondantes : Mea quidem et perfecto completoque verborum ambitu gaudent, et curta sentiunt, nec amant redundantia.

« Ces détracteurs de la période, poursuivait Cicéron, trouvent plus beau un style dur, rompu, et mutilé. Mais si la pensée et l'expression ne perdent rien de leur justesse à rouler ensemble jusqu'à leur repos, pourquoi vouloir que le style boite ou s'interrompe à chaque pas? Sin proba res, lecta verba, quid est cur claudicare aut insistere orationem malent, quam cum sententia pariter excurrere? Cette période, qui leur est odieuse, ne fait autre chose que d'embrasser la pensée dans un cercle de mots régulier et complet. Hic enim invidus numerus nihil affert aliud, nisi ut sit aptis verbis comprehensa sententia, »

Par parenthèse, il est assez plaisant que cet invidus numerus ait fait dire à quelqu'un que la période est fille de l'envie. Mais continuons d'écouter Cicéron,

<< Nos anciens s'occupèrent, dit-il, de la pensée et de l'expression avant que de songer au nombre; car ce qu'il y a de plus nécessaire et de plus facile en même temps, est ce qu'on invente d'abord. Nam quod et facilius est et magis necessarium, id semper ante cognoscitur. Mais dès qu'on eut trouvé la période, tous les grands orateurs l'adoptèrent: qua inventą, omnes usos magnos oratores videmus. Que si ses détracteurs ont des oreilles assez inhumaines, assez sauvages pour en méconnaître le charme, n'y a-t-il au moins rien qui les frappe dans l'exemple et l'autorité des plus savants maîtres de l'art? Quod si aures tam inhumanas tamque agrestes habent, ne doctissimorum quidem virorum eos movebit auctoritas ? Ces censeurs blâment ceux qu'ils ne peuvent pas imiter et ce qu'ils n'ont point l'art de faire; eos vituperant qui apta et finita pronunciant: et il ne leur suffit pas qu'on s'abstienne de mépriser leur impuissance, ils exigent qu'on l'applaudisse: quod qui non possunt, non est eis satis non contemni, laudari etiam volunt.

[ocr errors]

Mais qu'ils essaient de composer quelques morceaux d'une prose nombreuse. S'ils excellent une fois dans ce genre d'écrire, on pourra croire qu'ils n'y ont pas renoncé par désespoir, mais

qu'ils le blâment sincèrement et le négligent à dessein: Atque ut plane genus hoc quod ego laudo contempsisse videantur, scribant aliquid vel Isocratico more, vel quo Eschines aut. Demosthenes utitur; tum illos existimabo, non desperatione formidavisse genus hoc, sed judicio refugisse. Et moi, de mon côté, je trouverai, dit-il, quelqu'un qui fera de leur prose rompue et dispersée Facilius est enim apta dissolvere, quam dissipata connectere. »

Mettez la période musicale à la place de la période oratoire; tout ce que Cicéron a dit de l'une se trouvera convenir à l'autre; et vous verrez alors si c'est aux amateurs d'un chant périodique et régulièrement dessiné, ou aux partisans d'un chant tronqué, mutilé, sans dessein, sans liaison, sans unité, qu'a dû s'appliquer le passage quas aures habeant nescio.

Du reste, le mot de période, en fait de musique, est aussi usité qu'en parlant d'éloquence: les bons écrivains et les hommes instruits n'appellent pas autrement le cercle que décrit un chant dont les parties se développent et se renferment dans un dessein régulier et fini. Voyez l'Essai sur l'Union de la Poésie et de la Musique,

PÉRORAISON. Dans l'éloquence de la tribune et dans celle de la chaire, où il s'agit sur-tout d'intéresser et d'émouvoir, la péroraison est une

partie essentielle du discours: parce que c'est elle qui donne la dernière impulsion aux esprits, et qui décide la volonté, l'inclination d'un auditoire libre.

Dans l'éloquence du barreau, elle n'a pas la même importance, parce que le juge n'est ou ne doit être que la loi en personne, et que ce n'est pas sa volonté, mais son opinion, qu'il s'agit de déterminer. Cependant comme le juge est homme, il ne sera jamais inutile de l'intéresser en faveur de l'innocence et de la faiblesse, de la justice et de la vérité; et une péroraison pathétique ne sera indigne de l'éloquence, que lorsqu'on l'emploiera pour faire triompher l'iniquité, le mensonge ou le crime.

Dans un plaidoyer où le sentiment n'est pour rien, et dans lequel, par conséquent, il serait ridicule de faire usage de l'éloquence pathétique, la conclusion ne doit être que le résumé de la cause. C'est un épilogue qui réunit tous les moyens épars et développés dans le courant du discours, afin de les rendre présents à la mémoire au moment de la décision : et cet épilogue consiste ou à parcourir les sommités des choses, et à les rappeler article par article ou à reprendre la division, et à exprimer la substance des raisonnements qu'on a faits sur chacun des points capitaux.

Il sera mieux encore, dit Cicéron, de récapituler en peu de mots les moyens de la partie

Élém, de Littér, III.

35

adverse, et les raisons avec lesquelles on les aura refutés et détruits. Par-là, non-seulement la preuve, mais la réfutation sera présente à l'auditeur; et on aura droit de lui demander s'il désire encore quelque chose, et s'il reste encore dans l'affaire quelque difficulté à résoudre, quelque nuage à dissiper.

La règle générale que prescrit Cicéron pour ce résumé de la cause, c'est de n'y rappeler que les points importants, et de donner à chacun d'eux le plus de force, mais le moins d'étendue qu'il est possible: ut memoria, non oratio, renovata videatur.

Une énumération rapide, un dilemme pressé, un syllogisme qui ramasse toute la cause en un seul point de vue, suffit le plus souvent à la conclusion. Un beau modèle dans ce genre est la proposition que fait Ajax pour décider à qui, d'Ulysse ou de lui-même, appartiennent les armes d'Achille. « Qu'on jette au milieu des ennemis les armes de ce vaillant homme; qu'on nous ordonne de les y aller chercher ; et qu'on en décore celui des deux qui les rapportera.

>>

Arma viri fortis medios mittantur in hostes :
Inde jubete peti, et referentem ornate relatis.
(OVID. Metam. 1. 13. )

Mais si la nature de la cause donne lieu à une éloquence véhémente, le résumé, que Cicéron appelle énumération, doit être suivi d'un mou

« PoprzedniaDalej »