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Ah! si de la Discorde allumant le tison,
Jamais à tes fureurs tu mêlas mon poison;
Si tant de fois pour toi j'ai troublé la nature,
Viens, vole sur mes pas,
viens venger 'mon injure.

Un roi victorieux écrase mes serpents;

Ses mains joignent l'olive aux lauriers triomphants.
La Clémence avec lui marchant d'un pas tranquille,
Au sein tumultueux de la guerre civile,

Va sous ses étendards, flottants de tous côtés,
Réunir tous les cœurs par moi seule écartés.
Encore une victoire, et mon trône est en poudre.
Aux remparts de Paris Henri porte la foudre.
Ce héros va combattre, et vaincre, et pardonner;
De cent chaînes d'airain son bras va m'enchaîner.
C'est à toi d'arrêter ce torrent dans sa course.
Va de tant de hauts faits empoisonner la source;
Que sous ton joug, Amour, il gémisse abattu:
Va dompter son courage au sein de la vertu.

il

LITTÉRATURE. Entre l'érudition et la littérature a une différence.

y

La littérature est la connaissance des belleslettres; l'érudition est la connaissance des faits, des lieux, des temps, des monuments antiques, et des travaux des érudits pour éclaircir les faits, pour fixer les époques, pour expliquer les monuments et les écrits des anciens.

L'homme qui cultive les lettres jouit des travaux de l'érudit ; et lorsque, aidé de ses lumières, il a acquis la connaissance des grands modèles en poésie, en éloquence, en histoire, en philosophie morale et politique, soit des siècles passés, soit

des temps plus modernes, il est profond littérateur. Il ne sait pas ce que les scoliastes ont dit d'Homère, mais il sait ce qu'a dit Homère. Il n'a pas confronté les diverses leçons de Juvenal et d'Aristophane, mais il sait Aristophane et Juvénal. L'érudit peut être ou n'être pas un bon littérateur; car un discernement exquis, une mémoire heureuse et meublée avec choix, supposent plus que de l'étude de même le littérateur peut manquer d'érudition. Mais si ces deux qualités se réunissent, il en résulte un savant et un homme très cultivé. L'un et l'autre cependant ne feront un homme de lettres: le don de produire caractérise celui-ci ; et avec de l'esprit, du talent, et du goût, il peut produire des ouvrages ingénieux, sans aucune érudition et avec peu de littérature. Fréret fut un érudit profond; Malésieu, un grand littérateur; et Marivaux, un homme de lettres.

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LYRIQUE. Le poème lyrique, chez les Grecs, était, non-seulement chanté, mais composé aux accords de la lyre: c'est là d'abord ce qui le distingue de tout ce qu'on appelle poésie lyrique chez les Latins et parmi nous. Le poète étoit musicien; il préludaït, il s'animait au son de ee prélude; il se donnait à lui-même la mesure, le mouvement, la période musicale: les vers naissaient avec le chant, et de là l'unité de rhythme, de caractère, et d'expression, entre la

musique et les vers: ce fut ainsi qu'une poésie chantée fut naturellement soumise au nombre et à la cadence; ce fut ainsi que chaque poète lyrique inventa, non-seulement le vers qui lui convint, mais aussi la strophe analogue au chant qu'il s'était fait lui-même, et sur lequel il composait.

A cet égard le poème lyrique, ou l'ode, chez les Latins et chez les nations modernes, n'a été qu'une frivole imitation du poème lyrique des Grecs: on a dit, Je chante, et on n'a point chanté; on a parlé des accords de la lyre, et on n'avait point de lyre. Aucun poète, depuis Horace inclusivement, ne paraît avoir modelé ses odes sur un chant. Horace, en prenant tour-à-tour les diverses formules des poètes grecs, semble avoir si fort oublié qu'une ode dût être chantée, qu'il lui arrive souvent de laisser le sens suspendu à la fin de la strophe, où le chant doit se reposer comme on le voit dans cet exemple, si sublime d'ailleurs par les pensées et par les images:

Districtus ensis cui super impia
Cervice pendet, non siculæ dapes
Dulcem elaborabunt saporem ;
Non avium citaræque cantus

Somnum reducent. Somnus agrestium
Lenis virorum, non humiles domos
Fastidit, umbrosamque ripam,

Non zephyris agitata Tempe.

Nos odes modernes ne sont pas plus lyriques; et à l'exception de quelques chansons bachiques ou galantes, qui se rapprochent de l'ode ancienne, parce qu'elles ont été faites réellement dans le délire de l'amour ou de la joie, et chantées par le poète, aucune de nos odes n'est susceptible de chant. On a essayé de mettre en musique l'ode de Rousseau à la fortune; c'était un mauvais choix: mais que l'on prenne entre les odes du même poète, ou de Malherbe, ou de tel autre, celle qui a le plus de mouvement et d'images; on ne réussira guère mieux.

La seule forme qui convienne au chant, parmi nos poésies lyriques, est celle de nos cantates: mais Rousseau, qui en a fait de si belles, n'avait ni le sentiment, ni l'idée de la poésie mélique ou chantante; et sa cantate de Circé, qui passe pour être la plus susceptible de l'expression musicale, sera l'écueil des compositeurs. Métastase lui seul, dans ses oratorio, a excellé dans ce genre, et en a donné des modèles parfaits.

Mais le grand avantage des poètes lyriques de la Grèce fut l'importance de leur emploi, et la vérité de leur enthousiasme.

Le rôle d'un poète lyrique, dans l'ancienne Rome et dans toute l'Europe moderne, n'a jamais été que celui d'un comédien ; chez les Grecs, au contraire, c'était une espèce de ministère public, religieux, politique ou moral.

Ce fut d'abord à la religion que la lyre fut

consacrée, et les vers qu'elle accompagnait furent le langage des Dieux; mais elle obtint plus de faveur encore en s'abaissant à louer les hommes.

La Grèce était plus idolâtre de ses héros que de ses dieux ; etle poète qui les chantait le mieux, était sûr de charmer, d'enivrer tout un peuple. Les vivants furent jaloux des morts: l'encens qu'ils leur voyaient offrir ne s'exhalaient point en fumée; les vers chantés à leur louange passaient de bouche en bouche, et se gravaient dans tous les esprits. On vit donc les rois de la Grèce se disputer la faveur des poètes, et s'attacher à eux pour sauver leur nom de l'oubli.

Et quelle émulation ne devaient pas inspirer des honneurs qui allaient jusqu'au culte! Si l'on en croit Homère, le plus fidèle peintre des mœurs, la lyre, dans la cour des rois, faisait les délices des festins; le chantre y était révéré comme l'ami des muses et le favori d'Apollon : ainsi l'enthousiasme des peuples et des rois allumait celui des poètes; et tout ce qu'il y avait de génie dans la Grèce se dévouait à cet art divin. Mais ce qui acheva de le rendre imposant et grave, ce fut l'usage qu'en fit la politique, en l'associant avec les lois, pour aider à former les

mœurs.

Ce n'était pas seulement à louer l'adresse d'un homme obscur, la vitesse de ses chevaux, ou sa vigueur au combat de la lutte, mais à élever

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