tion entre Gundissalinus et les autres philosophes du moyen âge, aurait pu davantage le confronter avec Albert le Grand et saint Thomas. Mais cette critique est peut-être entachée de trop d'intérêt par notre maison... Quoi qu'il en soit, il y aurait une recherche intéressante à découvrir ce que saint Thomas par exemple doit à ses devanciers. Il nous a paru que les arguments du docteur Angélique en faveur de l'incorruptibilité de l'âme humaine ont vraisemblablement leurs « racines » dans l'écrit de Gundissalinus, ceux de la Somme Théologique autant que ceux de la Somme contre les Païens (11. 79). Ce qui ne veut certes pas dire que saint Thomas se soit comporté comme Guillaume d'Auvergne. Là où l'espagnol Gundissalinus est prolixe, avec clarté toutefois, le Docteur dominicain est d'une concision tranchante et précis la densité de son style philosophique sollicite la réflexion avec bien plus d'attrait que l'abondance facile et un peu lâche de Gundissalinus. Et puisque nous parlons de précision, il faut observer combien saint Thomas se tient plus près de la doctrine générale d'Aristote, en traitant la question au point de vue de «< l'incorruptibilité », préférablement à «< l'immortalité ». Cette nuance de style cache une profonde sagesse. Est-il assuré que du chef de son incorruptibilité, l'âme humaine soit immortelle, si l'on entend par mort le concept de cessation définitive de la vie, lequel peut par conséquent convenir analogiquement à toute espèce de vivants? Et dans ce sens, la mort pourrait survenir à l'âme humaine autrement que par « corruption » et, pour donner un exemple, par annihilation. Rien ne sert à l'âme humaine d'être simple de sa nature; par là, elle n'échappe pas à toute corruptibilité. Fût-elle tout ensemble, et simple de sa nature et subsistante (c'est la démonstration thomiste de son incorruptibilité), cela ne suffirait pas à la rendre immortelle il faut pour cela une simplicité plus foncière que celle d'aucune créature, âme d'homme ou esprit pur; il faut n'ètre composé en aucune façon, non pas même d'essence et d'existence, et par conséquent ne dépendre d'aucune cause créatrice ou annihilatrice à Dieu seul appartient la véritable immortalité, « regi sæculorum immortali, soli Deo ». Gundissalinus n'a pas pénétré jusque-là. M. le Dr Bülow, après avoir remarqué (p. 142) qu'il ne distingue pas encore la corruptio» de l'« annihilatio », insinue néanmoins dans une note que Gundissalinus pourrait avoir entrevu cette distiction. A notre tour, nous craignons fort, sauf erreur, que Mr B. ait confondu « corruptio » avec << putrefactio», Aussi Gundissalinus (p. 27 et 33) nous donne-t-il l'impres sion d'avoir forcé sa preuve, en affirmant que l'âme est « indestructible ▸ de toutes manières, dont la cinquième est « subtractum causæ efficientis »; car il dit aussitôt : « hoc autem in anima humana contingere impossibile est ». Cette modale est de trop, à moins de remplacer, dans l'antécédent, <«< indestructible » par « incorruptible », et c'est ce que saint Thomas a fait. (Cf. II Contra Gentes, c. 79, 8o). Mais toutes ces observations à propos de Gundissalinus n'enlèvent rien au réel mérite du Dr Bülow : quiconque lira son livre pourra le constater comme nous. R. S. PREMIER NUMÉRO. MARS 1897 Après le cours de M. Boutroux. R. P. Gardeíl, O. P. 1 L'Hypnotisme franc n'est pas, de soi, diabolique (suite et fin). R. P. L'Apolégétique contemporaine. R. P. Schwalm, 0. P. Polémique averroïste de Siger de Brabant et de S. Thomas d'Aquin (suite), La Conservation de l'énergie et la liberté morale. R. P. de Munnynck, 153 Devons-nous traverser Kant? R. P. Gardeil, O. P. 180 La Providence (suite). R. P. Villard, O. P... 195 De l'habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes (suite). R. P. Froget, 213 L'Encyclique « Divinum illud munus ». R. P. Coconnier, O. P................. 305 0. P.... 310 La Crise de l'apologétique. R. P. Schwalm, O. P. 338 Le Syllogisme Stuart Mill et M. Rabier, R. P. Fulghera, O. P. Preuve de l'existence de Dieu et l'éternité du monde. R. P. A.-D. Sertil- 458 La Lumière dans les œuvres de Dieu. R. P. Ed. Hugon, O. P. 469 490 De l'habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes (suite). R. P. Froget, 517 Les sciences philosophiques au Congrès catholique de Fribourg. R.P. Schlinc- Congrès international de Zurich pour la protection ouvrière. C. M.. Notes sur l'Atomisme et l'Hyllemorphisme. R. P. de Munnynck, O. P..... 585 Nouvel Essai sur le caractère analytique du Principe de Causalité. Abbé La Preuve de l'existence de Dieu et l'éternité du monde (suite). R. P. A.-D. La Croyance naturelle et la science. R. P. Schwalm, O. P... De l'habitation du Saint-Esprit dans les âmes justes (suite). R. P. Froget, Les Ecrits philosophiques de Dominicus Gundissalinus. Dr C. Baeumker.... 723 La Preuve de l'existence de Dieu et l'éternité du monde (fin). R. P. Sertil- |