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science et la révélation, des dogmes immobiles et figés, comme un rationaliste d'il y a cent ans, comme si la théologie catholique n'avait jeté sur ces difficultés et ces notions aucune lumière. Contre la divinité de Jésus il en est encore à Strauss, qu'il ne fait que reproduire. — Un dogme, un peu enveloppé et voilé d'abord, mais qui se développe et s'éclaire constamment de nouvelles lumières, comme l'orthodoxie l'enseigne, comme Vincent de Lérins, Bossuet, Newman l'ont entendu, voilà qui satisfait la raison et réjouit l'âme. Mais quel repos de l'esprit, quelle paix est-il possible d'espérer d'une évolution qui n'exclut ni les retours ni les recommencements, ni l'erreur et la contradiction, quand par ailleurs on ne nous donne ni règle de croyance, ni critère pour fixer nos convictions. Comment, si l'évolution règle tout, un Christ qui n'est pas Dieu mais simplement un homme comme nous, se trouve-t-il, au milieu des temps, réaliser la vie religieuse parfaite, si bien que notre progrès consiste à revenir vers lui? - Enfin, cette religion dont il faudrait se contenter, qui assure qu'elle n'est pas sans objet, une simple illusion? L'homme, dit-on, se considérant lui-même et le monde et prenant conscience anxieusement de sa faiblesse et de son imperfection, fait appel à un être suprême dont il sent qu'il dépend ainsi que tout le reste, et du même coup la religion, la prière et la paix entrent dans son âme. Quelle preuve me donne-t-on que ce sentiment n'est pas le simple produit de mon imagination et de ma détresse? Aucune. Ainsi la doctrine religieuse que l'on m'offre comme suprême refuge repose tout entière sur une affirmation gratuite et qui échappe au contrôle... Mais je ne dois point ici relever le côté faible des thèses de M. A. Sabatier. Ces thèses, la Revue Thomiste aura fréquemment l'occasion d'y revenir et les traitera avec le développement que mérite leur importance. Je n'ai voulu que signaler un bon exposé de la phase actuelle du problème religieux, et constater l'effondrement doctrinal dont l'Esquisse d'une philosophie de la Religion nous est un nouveau signe, et dont elle nous fait pénétrer les causes profondes.

VI.

A Paris, sous la direction des RR. Pères Maristes, 104, rue de Vaugirard, s'est fondée une réunion d'Étudiants (1), œuvre remarquable par la largeur qui préside à son organisation et l'opportunité du but qu'elle poursuit.

Le dimanche à neuf heures, messe suivie d'un COURS DE THÉOLOGIE, dont la matière est distribuée de façon à durer quatre ans. Forme didactique et scientifique. On peut y prendre des notes. Les jeunes gens ont

(1) Ceux qui désirent faire partie de la Réunion sont priés de se présenter, dès leur arrivée à Paris, au R. P. PEILLAUBE, directeur, 104, rue de Vaugirard. Il leur donnera tous les renseignements utiles concernant leur installation et leurs inscriptions.

ainsi le moyen de se former des convictions chrétiennes raisonnées. L'année dernière les conférences avaient pour objet le traité de Dieu. On a traité cette année de Dieu créateur : les Anges, le Monde, l'Homme. C'est l'ordre de la Somme théologique.

LA CONFÉRENCE SAINT-PAUL a pour but de faciliter aux jeunes gens l'étude des questions actuelles et l'exercice de la parole publique. Le R. P. Galy en est directeur. LA CONFÉRENCE PASTEUR réunit les élèves de sciences. Le Père Bulliot prend part à leurs travaux, et à l'occasion cherche à les élever au-dessus des faits. On y trouve à côté des candidats à la licence des élèves de nos principales écoles scientifiques.

LA CONFÉRENCE SAINT-THOMAS présente un intérêt particulier. On y étudie les rapports de la philosophie avec chacune des spécialités de l'étudiant, principalement avec la Médecine et le Droit. Le nom du directeur, le R. P. Peillaube, est une garantie de l'esprit thomiste qui anime ces conférences. Voici le programme de cette année :

1. Distinction des faits physiologiques et des faits psychologiques. 2. De la connaissance en général.

3. Nature de la sensation.

4. Types imaginatifs.

5. Nature de l'image.

6. Doctrine des localisations cérébrales.

7. Nature des concepts.

8. Nature de l'âme.

9. Immortalité.

10. Nature du composé humain.

VII. S. Minocchi: Le Lamentazioni di Geremia. Roma, DescléeLefebvre. Cet élégant petit volume qui ne compte pas 150 pages, nous dit dans une préface savante quelle est la nature de l'élégie, son rôle dans l'antique Orient, sa place dans la Bible; ce que l'on sait des divers titres donnés aux «< Lamentations » du prophète, leur objet, leur auteur, leur importance historique, l'usage qu'en a fait l'Eglise; - puis vient la traduction du poème sacré qui a su retrouver le mètre et la coupure des vers du texte original, et enfin une série de notes critiques. M. le Dr Minocchi se montre également familier avec l'histoire, la philologie, l'exégèse et la belle langue de son pays. Son travail est tout ensemble d'un érudit et d'un littérateur.

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Utrum tuto negari, aut saltem in dubium revocari possit esse authenticum textum S. Joannis, in Epistola prima, cap. v, vers. 7, quod sic se habet :

« Quoniam tres sunt, qui testimonium dant in cælo: Pater, Verbum, et Spiritus sanctus: et hi tres unum sunt. » Respons. Negative.

Cette réponse donnée le 13 janvier dernier fut confirmée par Sa Sainteté Léon XIII, le 15 du même mois.

IX.

- Les Pères Dominicains d'Irlande viennent de fonder une nouvelle Revue. Cette publication visera plus sans doute à la piété qu'à la science. Cependant la façon large et intelligente dont elle est conçue nous permet d'espérer des études de valeur sur la doctrine et l'histoire religieuse. Le premier fascicule a paru en avril dernier, sous le titre : The Irish Rosary, grand in-8° de 52 p. Dublin, Browne et Nolan.

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X. — Ketteler et la question ouvrière, avec une introduction historique sur le mouvement social catholique, par E. de Girard, in-8°, p. vi-354. — Étude consciencieuse, intéressante, pouvant très utilement servir d'initiation à la connaissance de la question sociale de notre temps, considérée particulièrement au point de vue catholique. Dans une belle introduction de 120 pages, richement documentée et habilement conduite, l'auteur nous montre la genèse du mouvement social catholique, et nous en fait suivre le développement jusqu'à l'heure présente, dans les principaux pays d'Europe et en Amérique. Le corps de l'ouvrage est consacré à nous exposer les principes politiques du grand évêque; l'attitude qu'il avait cru devoir prendre à l'égard de la question ouvrière; ce qu'il pensait de la situation actuelle des ouvriers, et du redoutable problème qu'elle pose et impose; comment il jugeait la solution des théories libérales; la solution socialiste; enfin comment il entendait lui-même porter remède au mal et constituer au mieux l'ordre social, à l'aide des doctrines et des modes d'action du catholicisme. Voici la conclusion de M. de Girard: « Antisocialiste autant qu'anti-libéral, à prendre ce dernier terme dans son sens usuel d'aujourd'hui, Mgr de Ketteler marque le point de départ du mou. vement social catholique. Nous croyons avoir démontré que ceux-là seuls sont en droit de se réclamer de cet initiateur qui marchent à sa suite dans le sillon séculaire tracé par l'Église catholique depuis ses origines ». (p. 344). Pour composer son livre, l'auteur a réuni et analysé soixante et onze opuscules de Ketteler.

XI. Depuis longtemps les hommes les plus autorisés en pédagogie assuraient qu'il serait possible et très utile d'établir comme couronnement des études primaires quelques lecons de philosophie. Les Frères des Ecoles chrétiennes ont voulu en faire l'essai; et deux d'entre eux ont composé un Cours de philosophie à l'usage de la jeunesse catholique des écoles REVUE THOMISTE, 5° ANNÉE. 20.

(Mame et Poussielgue). Ce n'est pas, comme quelques-uns pourraient le penser, un maigre abécédaire, mais un beau volume de 900 pages in-8°, qui suppose beaucoup de recherches, beaucoup de réflexion, un esprit philosophique de bonne trempe, et le don très rare d'exprimer dans un langage clair, sobre, et non dépourvu d'élégance, les idées scientifiques les plus abstraites. Le COURS embrasse la philosophie entière: toutes les questions de quelque importance dont se préoccupent les philosophes contemporains, il les aborde il renferme des citations nombreuses, et bien choisies, empruntées aux penseurs et aux écrivains les plus illustres, des aperçus d'histoire, des notes complémentaires fort intéressantes (v. g. « Exemples de fausses associations d'idées » p. 211. - « Part de la nécessité et de la liberté dans la vie de l'homme » p. 290) des tableaux analytiques à la fin de chaque leçon, où rien n'est omis d'essentiel, et où tout se trouve formulé avec une précision remarquable. Le fonds de la doctrine est emprunté à la grande philosophie chrétienne. Le défaut principal de l'ouvrage est une sorte d'éclectisme apparent. La philosophie de saint Thomas, dont les auteurs n'ont garde de vouloir s'écarter, n'est pas mise assez en relief comme doctrine centrale à laquelle le reste se rapporte et se subordonne. Il en résulte que les belles synthèses thomistes restent cachées, que l'organisme scientifique n'offre plus un dessin parfaitement net et correct, que parfois l'on hésite en se demandant s'il faut préférer les notions, les formules, les divisions anciennes aux modernes... (v. g. A propos des sensations, de la sensibilité, de la volonté, et des diverses preuves de l'existence de Dieu.) Mais c'est là surtout une question d'ordre et de disposition. En remédiant à ce défaut, ce qui sera facile, et en faisant disparaître quelques inexactitudes de détail (v. g. ce qui est dit de la classification des sciences par Aristote, p. 20) le COURS DE PHILOSOPHIE des deux Frères de la Doctrine chrétienne pourra soutenir la comparaison avec les meilleurs manuels. Nul doute d'ailleurs que ce travail de perfection ne s'accomplisse, sous la direction si éclairée et si sage du nouveau supérieur général que le célèbre Institut vient de se donner, et que le COURS n'assure ainsi à des milliers d'enfants cette formation de l'esprit et ces convictions solides qui font des hommes et des chrétiens dignes de ce

nom.

Fr. M.-TH. COCONNIER, O. P.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

F. PICAVET, Roscelin, philosophe et théologien d'après la légende et l'histoire. Paris, Imprimerie nationale, 1896, 26 p. in-8°.

Dans cette étude courte, mais substantielle et consciencieuse, M. P. a essayé de déterminer avec précision la biographie et la position doctrinale. de Roscelin. On ne saurait trop louer l'auteur d'avoir abordé son sujet avec un esprit positif, tel que le requiert l'histoire, et d'avoir relégué à leur place les jugements sans portée qui faisaient de Roscelin un rationaliste et un libre-penseur, et témoignaient en réalité, chez les écrivains qui les ont émis, l'absence de la connaissance élémentaire des choses du moyen âge, touchant la condition des personnes et l'état des doctrines. A ce point de vue l'étude de M. P. marque un véritable progrès et nous sommes heureux de le constater.

Quant à la monographie prise en elle-même, elle donne dans son ensemble, avec exactitude, les éléments qui constituent la physionomie de Roscelin, quant à sa personne et à sa doctrine. On peut regretter toutefois que M. P. n'ait pas adopté une autre méthode d'exposition, en séparant nettement la partie biographique de l'exposition doctrinale, et en ne revenant pas à plusieurs reprises en arrière au point de vue chronologique, de façon que la biographie de Roscelin semble recommencer deux ou trois fois. Ce procédé nuit à la clarté et à l'intérêt.

M. P. a apporté dans son travail quelques rectifications heureuses. Celle, par exemple, relative au texte tiré de l'Introduction à la théologie d'Abélard, que l'on appliquait à tort à Roscelin (p. 11). M. P. n'a cependant pas cherché à déterminer quel est ce maître hérétique, aux yeux d'Abélard, qui enseigne les doctrines par lui visées, en Bourgogne. Il n'y a cependant presque pas à hésiter. D'après les indications de lieu et de doctrine, il s'agit de saint Bernard; la doctrine trinitaire, qui paraît hétérodoxe à Abélard, n'est autre que la formule catholique, telle que la maintenait contre lui et avec raison l'abbé de Clairvaux.

Nous ferons encore quelques critiques de détail.

M. P. pense que saint Anselme n'a commencé à connaître la doctrine de Roscelin que par la lettre de son moine Jean (p. 3). Cela n'est pas vraisemblable, puisque Jean dans cette même lettre rapporte à son abbé que Roscelin prétend qu'Anselme lui a concédé ses conclusions dans une

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