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la différence du bien et du mal. Ce que Dieu veut et fait est bien parce qu'il le veut et le fait (p. 365).

2o La matière ou contenu de la morale est la charité. La démonstration qu'en donne Secretan comprend deux phases. Dans la première, tout aprioristique (p. 366), il déduit de la croyance inéluctable au devoir le devoir de croire à tout ce qui se déduit ou s'induit du devoir (p. 371), en particulier la réalité du monde extérieur. « Si le doute sur la réalité des objets de la perception sensible était possible, il serait condamné par la loi du devoir » (p. 372). Dans la seconde, il détermine les postulats du devoir. Le premier c'est notre existence. « Je dois, donc j'existe » (p. 372). Puis la loi Cherche ton devoir, et pour cela, connais ta nature, réalise ta nature, ta liberté. Mais ma liberté fait partie d'un tout; réalise-la donc comme faisant partie d'un tout. C'est la loi de solidarité (p. 374). Mais comment concilier la liberté individuelle et la solidarité? Par l'Amour, par la charité, entendue dans le sens de bienveillance et de bonté.

3o Mais, d'autre part, la volonté est la véritable essence des choses. C'est l'avis de tous les philosophes qui comptent. Unis par la volonté entre nous et avec Dieu, nous sommes essentiellement unis (p. 381382). Dieu est le fonds commun où nous sommes tous enracinés (p. 382). La création est l'émission d'un germe appelé à développer à son tour la vie morale. Sans l'unité de substance, pas de Dieu. « Tu dois aimer Dieu...... c'est-à-dire remonter à la source de l'être, sans quoi tu marches dans une direction tangentielle à la source de l'être, qui aboutira à ton anéantissement. Toi et ton prochain, vous n'êtes divisés qu'en apparence: on ne vous a séparés que pour que votre unité soit votre œuvre et votre joie (p. 385).

La cohérence dans l'étroitesse et l'artificiel, voilà ce qui ressort de l'exposé de la philosophie de Secretan par M. Pillon. Nous ne contestons à son auteur ni d'être une belle âme ni d'avoir de beaux cris. Mais il s'agit d'un système de philosophie première. Un point de départ exclusivement moral est étroit quand il s'agit d'un tel système et de là vient sans doute l'étrange nouveauté des notions qui s'en déduisent. Il ne suffit pas d'ailleurs pour prouver l'existence du devoir de dire « Je l'affirme et je passe » (p. 369). Enfin, quand bien même la substance serait volonté, il ne s'ensuivrait pas que l'union des hommes entre eux Dieu par l'amour dût être une union substantielle. L'unité dans la poursuite d'un même but respecte la distinction des forces qui tendent à ce but, et il semble bien que l'unité des volontés que fait ressortir et qu'exige la morale soit simplement une unité de but.

et avec

(Rev. philos., mars-avril 1897.)

Le Testament philosophique de Broussais.

M. Ary Renan

adresse à la Revue bleue cette pièce retrouvée dans les papiers d'Ary Scheffer.

Ce testament, d'un accent indiscutable de sincérité, met à nu l'insuffisance philosophique de Broussais. Broussais croit à une intelligence ordonnatrice de l'univers. « Je sens comme beaucoup d'autres qu'une intelligence a tout coordonné. » Mais cette intelligence n'est pas créatrice. « Dès que je sus par la chirurgie que du pus accumulé à la surface du cerveau détruisait nos facultés et que l'évacuation de ce pus leur permettait de reparaître, je ne fus plus maître de les concevoir que comme les actes d'un cerveau vivant. » Donc l'intelligence divine, sorte d'intelligence humaine multipliée, ne saurait être séparée de la matière (sorte de pus universel, sans doute!)

De tels raisonnements sont sans conséquence et n'ajoutent rien à la valeur intellectuelle du matérialisme.

(Revue bleue, 6 mars).

A. G.

LA VIE SCIENTIFIQUE

I. — Le comité d'organisation du prochain Congrès international des savants catholiques à Fribourg déploie une grande activité. Des négociations vont être ou ont été déjà entamées avec les principales Compagnies de chemin de fer afin d'obtenir, s'il est possible, quelques réductions en faveur des congressistes. Le gouvernement de Fribourg, ayant acheté un des vastes pavillons qui se voyaient à l'exposition de Genève, le met à la disposition du Congrès pour les réunions plénières et les séances solennelles du soir. Des commissaires parcourent la ville pour s'assurer du nombre et de la qualité des logements que peuvent offrir les propriétaires et les bourgeois. Pendant ce temps, les dissertations arrivent ou s'annoncent le nombre de 200 est bien dépassé maintenant. J'en cite, au hasard, quelques-unes :

D' Biginelli, professeur de théologie, Turin: De l'influence exercée par l'hérésie de Bérenger sur le mouvement des esprits dans le moyen âge; Maurice de Wulf, professeur à l'Université de Louvain : L'art et la morale devant l'histoire de la philosophie; Dr Adam Miodonski, prof. Universitatis Krakau : Quo jure fides Hieronymiani libelli « de viris illustribus » impugnetur? Mariano Amador, professeur à l'Université de Salamanque : La concepcion filosofica en India; Lauro Clariana-Ricart, professeur de mathématiques à l'Université de Barcelone: Sur la variabilité; Matthæus Merchich, parochus in Horvat-Kimle, in Hungaria: Utrum in dialectica aristotelica recte distinguantur figuræ modique syllogismi? Charles Huit, professeur à l'Université catholique de Paris Le Platonisme en France au XVII° siècle; P. Sertillanges, O. P. : Preuves de l'existence de Dieu en dehors de l'idée de commencement; Abbé Vacant Pourquoi Duns Scot conçoit-il la volonté autrement que saint Thomas d'Aquin? Lescœur : De la protection de la femme et des enfants dans le droit romain; Edward Me Sweeny, Mont Sainte-Marie, Maryland, États-Unis d'Amérique : La science sociale, la religion et le bienêtre des peuples; P. A. Bolsius S. J., Ondenbosch, Holland: Le mesurage rationnel des solides et l'indication absolue de détails microscopiques dans les préparations; Dr Rich. von Kralik, Wien: Der Nachlass des Sokrates; Abbé Duchesne, membre de l'Institut: De quelques dossiers justificatifs au vo et au v° siècle; P. Batiffol: La morale encratite et la discipline pénitentielle;

Dr Albrecht von Notthaft, München: Spielen und Turnen, eine Parallele ihrer Leistungen für die Körperliche und geistige Ausbildung des menschen; P. Peillaube, S. M. prof. à l'Institut catholique de Paris: La sensation et la conscience.

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II. Une question que le Congrès de Fribourg devra reprendre, c'est celle du criterium de vérité. Après les travaux du P. Liberatore, du cardinal Zigliara, etc., la discussion du Congrès de Bruxelles et plusieurs études remarquables publiées depuis, l'entente ne semblait pas loin de se faire entre les philosophes catholiques; et « l'évidence objective » allait bientôt devenir le criterium admis de tous; mais l'on fera bien de ne point prendre définitivement parti avant d'avoir lu la thèse à tout le moins fort habile que soutient sur ce sujet Son Exc. Mgr Lorenzelli, dans la 2e édition de ses Philosophia theoretica institutiones secundum doctrinam Aristotelis el sancti Thomæ Aquinatis (2 vol. in-8° p. x-329 et vi-528, Rome, librairie de la Propagande, Paris, Lethielleux). Voici, dans ses grands traits, la doctrine de l'éminent philosophe : Si l'on veut éviter les confusions sans nombre qui obscurcissent le problème du criterium, il faut d'abord nettement définir ce que nous entendons par ce mot, et à quelle sorte de vérités l'application du criterium peut être faite. Par criterium de vérité nous entendons : « le moyen logique de s'assurer de la vérité de nos connaissances ». A quelles connaissances le criterium, ainsi entendu, peut-il être appliqué? Sans doute, aux connaissances dont la vérité ou la fausseté ne sont pas de soi manifestes, qui peuvent être vraies ou fausses. Donc le criterium ne s'applique pas aux données des sens ou de l'intelligence évidentes par elles-mêmes, existence des corps, premiers principes, conscience de notre activité volontaire. Donc, le criterium n'a d'application que pour les connaissances qui, n'étant pas d'évidence immédiate, demandent à être démontrées. Ce criterium, quel est-il? Les facultés, sens ou raison? Non, puisqu'il s'agit, au contraire, de trouver le moyen, dans les cas où les facultés peuvent aussi bien avoir tort qu'avoir raison, de discerner sûrement ce qu'il en est. Sera-ce l'évidence? Non car ce devrait être ou l'évidence subjective ou l'évidence objective. Or, avec l'évidence subjective nous retombons dans le cartésianisme, dont personne ne veut : et, quant à l'évidence objective, qui donc nous la fera clairement distinguer d'avec l'autre ? Puis, l'évidence objective est l'effet du criterium; le criterium est justement le moyen qu'on emploie pour l'obtenir. Les partisans de l'évidence objective criterium confondent donc l'effet ou le terme avec le moyen. Et comment se défendront-ils de l'accusation de rationalisme? L'évidence objective, intrinsèque, ne saurait servir de criterium quand il s'agit de vérités surnaturelles, pas même s'il n'est question que

de conclusions théologiques. -« Le criterium de toutes les propositions qui sont objet de preuve, c'est la résolution ou réduction qu'on en tait à leurs principes ». L'expérience le prouve que nous voulions nous convaincre, ou convaincre les autres de la vérité d'une proposition, nous n'employons jamais d'autre moyen que celui de montrer qu'elle se rattache à des principes sûrs et préalablement accordés... Telle est la doctrine constante d'Aristote et de saint Thomas... (I, p. 134-149.)

On le voit, la question du criterium reste ouverte et se recommande à l'attention des philosophes du Congrès. - Caractéristique de l'ouvrage de Mgr Lorenzelli procédé scientifique très personnel et en même temps scrupuleuse fidélité à suivre Aristote et saint Thomas. Son livre est une initiation, non pas seulement à la doctrine, mais aux ouvrages mêmes des deux grands maîtres de la philosophie. L'auteur va aux sources, et il les fait connaître et aimer. A citer, comme particulièrement remarquables : la théorie du syllogisme et celle de l'induction; la thèse sur la distinction réelle entre l'essence et l'existence dans les choses créées; l'exposé de la notion de personnalité; la preuve de l'existence du premier moteur; la défense de l'hylémorphisme; l'explication de ce fameux argument d'Aristote : l'âme humaine est immatérielle, par cela seul qu'elle peut connaître toute nature corporelle; l'origine de l'âme humaine et le temps où elle vient informer le corps.

III. M. le chanoine J. B. Röhm, professeur à la faculté de théologie de l'Université de Passau, avait publié en allemand, il y a moins de deux années, la réfutation d'un livre de M. le Rev. von Maltzew, docteur en théologie, prévôt de l'Église orthodoxe à l'ambassade impériale russe de Berlin et de Potsdam. M. E. M. Ommer vient de traduire cette réfutation, sous le titre : « L'Église orthodoxe gréco-russe, controverse d'un théologien catholique romain avec un théologien orthodoxe schismatique, in-12, p. IX-198, Société belge de librairie, Bruxelles. Cette étude est divisée en 24 chapitres qui traitent brièvement des doctrines communes à l'Église catholique et à l'Église orthodoxe, ainsi que des points sur lesquels ces deux Églises different. - Un chapitre intéressant sur l'origine du schisme.— Détails peu connus sur le saint-synode, l'Église d'État et les persécutions religieuses, la liberté de conscience, le piétisme russe, la vie monastique. La discussion de M. le chanoine Röhm est courtoise et serrée ; la tra; duction de M. Ommer, claire et de lecture agréable.

IV. M. le D' Ernest Commer, l'éminent professeur de théologie à l'Université de Breslau, ayant offert à Léon XIII les quatre derniers volumes de la Revue qu'il dirige avec tant de distinction, le Pape lui a adressé un bref où il le félicite de son zèle et de ses succès dans l'ensei

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