Obrazy na stronie
PDF
ePub

dans leur chapelle..... Le monde se retira, les laissant dans leur chère solitude.....

« La Révérende Mère Prieure fit faire la closture le plus tôt qui luy fut possible. Quelque temps après, Monseigneur l'archevesque de Cambray, François Vanderburch, nostre supérieur, vint visiter nostre monastère et s'esjouyt d'y voir une si bonne closture. Il prit lors l'occasion de bénir une petite partie de terre pour y inhumer les religieuses défunctes. »

VII.

« Le 22 d'aoust 1634, donc fut eslue la Mère Marie-JeanneCatherine, Prieure.....

« Un peu après cette élection, il s'esleva un trouble contre les Religions nouvellement establies en la ville de Mons, dont le Magistrat chassa dehors les Pères Carmes et les Ursulines, disant qu'il y avoit assez d'Ordres et qu'elles n'estoient acceptées. Ils .commirent aussy l'advocat-fiscal de la Maison de ville vers nos religieuses pour leur en faire autant s'ils pouvoient, et sçavoir comment elles s'estoient establies en cette ville, et si nous ne serions pas cause qu'il viendroit encore quelque nouvel Ordre d'hommes, qu'ordinairement les filles attirent après elles. La Révérende Mère Prieure luy répondit que nous estions acceptées par l'Infante Isabelle, duchesse de Brabant, et qu'ils ne pouvoient ignorer les lestres qu'eux-mesmes avoient recues d'elle; que pour les autres, Monseigneur l'archevesque de Cambray les avoit en mains. Quant aux religieux, qu'il n'y en avoit point de nostre Ordre; que nous estions sujects aux évesques; que si on les vouloit chasser hors de la ville, que pour elle qui estoit estrangère elle sçauroit bien où aller; pour les autres religieuses, qui sont toutes de la ville, elles ne pourroient aller que chez leurs parents et ainsi demeurer en la ville. A cette réponse, il ne sceut que répartir, sinon s'excuser. Du depuis on ne nous a fait semblables interrogations.

< Environ ce temps, les Annonciades de Sainte-Jeanne nous voulurent oster le titre de l'Annonciade, y emploiant à cest effect leur protecteur le Cardinal N..., lequel escrivit à l'Archevesque, nostre supérieur, qui nous le fit sçavoir. La Mère Prieure luy escrit aussy,

le suppliant de nous protéger, veu que le Saint-Siége Apostolique avoit approuvé nos Règles avec le titre d'Annonciades, comme il se voit imprimé dans nos constitutions. Ce qu'il fit, et depuis nous n'en avons plus ouy parler. Encore que le commun peuple nous appelle Célestines, nous n'en sçavons aucun sujet, si ce n'est peut estre pour ce que nous portons le scapulaire et le manteau de couleur bleu céleste. Donc aux autres villes où il y a de nos religieuses on les appelle pour ce sujet Annonciades Célestes. D'où est venu à Mons que l'on dit Célestines.....

«Le 29 décembre de la mesme année (1637), steur Marie-Antoinette-Bernardine, et sa sœur Marie-Catherine-Michele, avec sœur Marie Jeanne-Victoire, novice, sortirent de ce monastère pour aller à Bruxelles trouver la Révérende Mère Marie-Victoire (1), pɔur l'assister en son entreprise, et puis après aller elles-mesmes fonder ailleurs. Cette départie causa bien de l'ennuy à nos religieuses pour perdre celles qui estoient cause de la fondation et qui les esclairoient de leurs vertus. Mais il fallut se résigner à la volonté de Dieu. Elles furent à Bruxelles environ 13 mois dans la maison du marquis de Trélon (2), qui estoit accomodée en monastère. Mais elles furent contraintes de quitter leur entreprise, pour ce que la ville ne les voulut accepter.

« Elles s'en allèrent droit à Tournay d'où elles sont professes, menant avec elles la novice, sœur Marie-Jeanne-Victoire.

Environ un an après, s'en allèrent fonder un monastère en la ville de Tongres en Liége....

« La mesme année 1639, la R. M. Prieure, avec l'adveu des religieuses et la permission de nostre supérieur, Monseigneur l'Archevesque, fit bastir une partie du clóistre avec les infirmeries qui sont placées vis-à-vis de l'entrée du monastère (3)...

« L'an 1640, au mois de may, François Vanderburch, arche

(1) La R. M. Marie-Victoire, au siècle Baronne de Ray, veuve professe, fondatrice du monastère des Annonciades de Dôle, en Bourgogne.

(2) Le marquis de Trélon était le beau-fils de la baronne De Ray, en religion R. M. Marie-Victoire.

(3) En 1638, les Échevins avaient autorisé les Annonciades à prendre 20 pieds à front de la rue de Nimy, pour y faire l'entrée de l'église; le monastère devant se construire sur le derrière. >

[ocr errors]

vecque de Cambray, nostre supérieur, accompagné de M. Jonart,son grand-vicaire, vint visiter notre monastère, parla à chaque religieuse en particulier dans le chœur. Quelques unes lui demandèrent permission de faire venir des religieuses de nostre monastère de Pontarlier en Bourgogne, pour les nourrir par charité, à cause qu'elles estoient devenues pauvres par le ravage des guerres. D'autres, au contraire, luy disoient la nécessité que nous avions nousmesmes. Il ne donna pas de résolution ce jour-là; mais à peu de temps il revint et en présence de toutes les religieuses assemblées dans le chœur il fit une exhortation, puis il dit que l'on ne feroit pas venir des religieuses, vu que nous avions assez de peine de nous entretenir.....

«L'an 1651, le jour de sainte Marie-Magdelaine, Monseigneur Gaspard Nemius, archevesque de Cambray, vint visiter nostre monastère et fit son entrée en qualité de supérieur, accompagné de M. le doyen de chrétienté. Il fut reçu avec l'appareil qu'ordonne notre cérémonial... Il fut conduit par toute la maison. Estant arrivé au bout de nostre jardin, où il y a une image de saint Joseph dans une niche, on le supplia de donner des indulgences: ce qu'il fit... Il fit de mesme, allant à l'autre costé du jardin où il y a un petit autel dédié aux âmes du Purgatoire..... Cecy fait, il sorty du monastère, donnant pour pénitence à la Mère de donner récréation à ses filles. ».

CH. ROUSSELLE,

AVOCAT.

(La fin prochainement.)

COUP-D'OEIL SUR LA RENAISSANCE

DE LA LITTÉRATURE BRETONNE OU CELTO-ARMORICAINE

DANS LE XIX SIÈCLE. 1800-1877.

Depuis cinquante ou soixante années, on a fait, dans la province française de Bretagne, les tentatives les plus généreuses pour sauver de la destruction, dont la Révolution le menaçait, l'antique idiôme des Celtes, pour ressusciter le vieux génie littéraire celtique, qui a enfanté dans le passé tant de créations, tour à tour sublimes ou gracieuses, naives ou imagées.

Les villes de S. Brieuc, de Quimper, de Vannes, de Morlaix, de Brest et d'autres encore ont donné ce bel exemple de dévouement à la sainte cause de la religion et de la patrie; et si l'initiative est venue quelquefois des laïques, le clergé, de son côté, a plus largement contribué qu'aucun autre ordre aux progrès récents de la littérature Bretonne.

Mais il faut le reconnaître avec douleur, le résultat final de ces tentatives si dignes d'éloge, demeurera toujours gravement compromis, dans le présent comme dans l'avenir, tant que ceux qui président aux destinées du pays, refuseront de prêter leur concours actif à cette restauration de la langue celtique, en donnant leur adhésion à la création d'écoles primaires, où elle serait enseignée aux enfants, ainsi qu'en créant, de leur propre mouvement, des chaires de litterature celtique, non seulement à Paris, mais encore dans les principaux centres d'enseignement de la France.

Après ces quelques préambules, entrons dans l'exposé des faits principaux, sans nous astreindre à suivre exclusivement l'ordre chronologique.

Une Académie Celtique existait à Paris dès le commencement de ce siècle. Son but était bien plutôt, si nos renseignements sont exacts, d'étudier les antiquités nationales de la France, en général, que de concentrer en particulier son attention sur les avantages de la langue celtique et les moyens de régénérer sa littérature. Aussi ne paraît-elle avoir porté aucun fruit sous le rapport qui nous оссире.

Le premier, qui s'est dévoué à l'œuvre dont nous parlons, c'est le breton Jean-François Le Gonidec, né au Conquêt, près Brest, en 1775, mort à Paris en 1838. Sa Grammaire Celto- Bretonne. (Paris, 1807), son Dictionnaire Breton-Français. (Angoulême, 1821, S. Brieuc,1850, in-4°) et son dictionnaire Francais-Breton, publié après sa mort, pour ne rien dire de sa traduction de la Bible (2 in-80), et de différents ouvrages de piété et d'histoire, lui ont acquis un nom immortel et rendu accessible à tous les savants la connaissance de l'idiôme primitif des Gaules.

La voie était ouverte après Le Gonidec, on vit bientôt bon nombre d'hommes de cœur s'y engager à sa suite et donner l'exemple aussi bien que le précepte. Des littérateurs Bretons, poètes ou prosateurs ne tardèrent pas à surgir de tous les côtés.

Nous croyons devoir signaler au premier rang Auguste Brizeux né à Lorient en 1803, mort à Montpellier en 1858. Ce poète, l'un des plus illustres de notre époque, mérite cette distinction, bien qu'à part un Recueil de Proverbes, il ait peu écrit en Breton. C'est qu'en effet le Chantre de Marie, de Primel et de Nola, etc., n'a guère célébré autre chose dans ses vers gracieux que la Bretagne, ses sites, ses gloires, etc. L'influence qu'il a exercée sur ses contemporains a été considérable, et l'Armorique en a largement profité.

Dans un autre genre, une seconde publication a plus largement encore contribué à jeter un vif éclat sur le mérite de la littérature bretonne. Je veux parler des Barzas-Breiz ou chants populaires de la Bretagne, recueillis pour la plupart de la bouche même des paysans des campagnes, et publiés, vers 1846, par M. le vicomte Hersart de La Villemarqué.

Cet ouvrage a eu un succès prodigieux pour une publication de ce genre: dix ou douze éditions ont été épuisées en peu de temps. Le même auteur a publié postérieurement (1865) le Grand mystère de Jésus, Burzud Bras Jezuz, et, en 1876, quelques autres poëmes de moindre étendue, mais qui n'étaient comme le premier que des réimpressions de 1510 ou environ (1).

(1) M. de La Villemarqué a aussi donné une étude sur la Renaissance Bretonne dans la Bretagne contemporaine.

« PoprzedniaDalej »