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Le philosophe scythe, voyant un sage occupé à la taille des

arbres, lui demanda :

Pourquoi cette ruine? Etait-il d'homme sage

De mutiler ainsi ces pauvres habitants?
Quittez-moi certe serpe, instrument de dommage,
Laissez agir la faux du temps.

Ils iront assez tôt border le noir rivage.

Chacun connaît ces vers si descriptifs :

Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,
Le héron au long bec emmanché d'un long cou.

Voici maintenant de l'harmonie imitative:

notre souffleur à gage

Se gorge de vapeurs, s'enfle comme un ballon

Fait un vacarme de démon,

Siffle, souffle, tempête.

Certaines fables ont un début d'une majesté et d'une grandeur

vraiment étonnantes :

ou bien :

Le lion, terreur des forêts,

Chargé d'ans, et pleurant son antique prouesse...

Un mal qui répand la terreur,

Mal, que le ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Il n'est pas rare de rencontrer des vers tout à fait sublimes :

Quant aux volontés souveraines

De celui qui fait tout.......

Qui les sait, que lui seul? Comment lire en son sein?

Aurait-il imprimé sur le front des étoiles

Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles?

et ailleurs :

Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants

Que le nord jusque-là eût porté dans ses flancs;
L'arbre tient bon, le roseau plie;

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au ciel était voisine

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

Je cite encore, pour mémoire, le morceau de haute éloquence que La Fontaine place dans la bouche du Paysan du Danube; et si je termine ici la première partie de mon travail, ce n'est pas le défaut de matière qui m'arrête, Dieu merci, car je n'ai pas même mentionné Le Loup et l'Agneau, Le Chat et le vieux Rat, Le Cheval et le Loup, Le Coche et la Mouche, Perrette et le Pot au lait, et cent autres chefs-d'œuvre. Mais

Loin d'épuiser une matière,

On n'en doit prendre que la fleur.

Vouloir être complet, en parlant de La Fontaine,ce serait oublier le précepte

Qui ne sait se borner, ne sut jamais écrire.

(La suite prochainement.)

Jos. NÈVE.

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VARIÉTÉS SCIENTIFIQUES.

LES VAISSEAUX CUIRASSÉS ET LES TORPILLES.

Depuis le commencement du conflit qui vient d'éclater entre la Russie et la Turquie, on a beaucoup parlé de vaisseaux cuirassés, de monitors, de torpilles.

Les lecteurs des Précis accueilleront peut-être avec plaisir quelques détails sur les flottes militaires de notre temps et sur les effroyables engins que le génie de la destruction a créés dans ces dernières années.

La marine de guerre a subi depuis vingt ans de profondes transformations, et c'est la guerre de Crimée, de 1854, qui en a été comme le point de départ. La France et l'Angleterre, prenant alors en main la défense des intérêts européens, envoyèrent une escadre dans les eaux de la mer Noire. Les bâtiments alliés voguaient de concert, lorsqu'arrivés à la sortie des Dardanelles, la violence des vents et des courants les immobilisa complètement pendant quelques jours seul, le vaisseau amiral français échappa à cet arrêt général. Il arriva sans encombre à destination; il devait cet avantage à un bâtiment d'une forme nouvelle, sorti récemment des chantiers de Toulon, et dont le célèbre ingénieur, M. Dupuy de Lòme, était l'inventeur.

Pour qu'un navire résiste victorieusement à la lame, il faut arrondir son avant: telle était la règle générale qui avait jusque là présidé à la coupe de tous les bâtiments. C'est un vieux préjugé, osa dire M. Dupuy: il vaut mieux effiler son avant, pour qu'il puisse plus facilement couper l'eau. Napoléon fit exécuter cette idée. Quatre ans après, le bâtiment issu de cette innovation montra, dans la circonstance que nous venons de rappeler, son incontestable supériorité sur les anciens modèles.

Cette modification, qui communiquait au navire une vitesse plus grande et le rendait moins sensible au gros temps, fut bientôt suivie d'une autre, destinée à révolutionner tout l'art militaire nautique. Ce fut encore la guerre de 1854 qui en fut l'occasion.

On se rappelle l'événement qui précipita l'intervention de la France et de l'Angleterre. Une escadrille ottomane se trouvait dans le port étroit de Sinope, situé sur le littoral méridional de la mer Noire. Elle s'y croyait en sûreté, car aucune déclaration de guerre n'avait encore été lancée. L'amiral Nachimoff, qui avait quitté Sébastopol à la tête d'une flotte nombreuse, profita des ténèbres de la nuit pour s'approcher des vaisseaux turcs et les bombarder. Les bombes russes mirent le feu à quelques bâtiments, qui, resserrés dans un étroit espace, communiquèrent l'incendie aux autres. L'embrasement devint bientôt général.

L'introduction, dans les luttes navales, de ces engins explosifs et inflammatoires, connus sous le nom d'obus et de bombes, et leurs effets si désastreux,

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