Obrazy na stronie
PDF
ePub

tage de la simultanéité d'un plus grand nombre de sons, finirent par les résumer tous, et, vers le commencement du dix-huitième siècle, les joueurs de luth, si nombreux au quinzième et au seizième siècle, étaient devenus trèsrares, bien qu'ils fussent encore très-estimés.

Cependant, le clavecin avait encore laissé subsister l'usage dans la musique familière d'une quantité d'instruments dont se formaient les concerts d'amateurs, la musica di camera; jusque vers 1750, on pouvait encore entendre des réunions d'instruments pareilles à celles que nous voyons dans les peintures flamandes et italiennes, une épinette ou petit clavecin accompagnant une voix exécutant une gavotte ou une sarabande.

Ces concerts existaient réellement et ne sont pas le produit de l'imagination des peintres; il reste quantité de musique destinée à ces divertissements. Elle est assurément beaucoup moins psychologique que celle qu'on entend maintenant sur le piano; mais il est possible aussi que cette réunion de timbres divers fût agréable à l'oreille et moins monotone que l'audition de toute sorte de musique par le même instrument.

Cependant le clavecin a été supprimé à son tour par le piano-forte, plus expressif et bien plus sonore que lui. Le piano a aussi fait disparaître la harpe; et maintenant la musique n'a plus que deux organes : l'orchestre pour le public, et le piano pour la musique familière et intime.

Il est juste de dire que le piano est le grand vulgarisateur des opéras et des symphonies, mais il prélève un impôt au passage. Toute la musique ne fait pas bien, réduite au piano; celle-là en éprouve un grand dommage. On pourrait citer de grands musiciens dont le succès a été long à s'établir à cause qu'ils n'étaient pas pianistes. Berlioz, dont la musique est si belle et si colorée à l'orchestre, n'a en partie rencontré tant de dédains de la part de ses contemporains que parce que le piano ne rend pas du tout sa pensée, et qu'ainsi elle n'a pu se répandre facilement.

Mais la grande influence des instruments à clavier s'est surtout manifestée par l'adoption de la gamme tempérée qui remplaça définitivement la gamme grecque au XVIe siècle. On peut considérer cette constitution nouvelle du système musical comme la cause directe du changement survenu dans la musique. Il fut d'abord appliqué au clavecin ; puis, à cause de cela, il devint nécessaire de mettre la gamme des instruments à vent, dont le son est obtenu par des trous, en rapport avec celle des clavecins, et l'orchestre, petit à petit, prit les modulations familières du clavecin. Le perfectionnement du mécanisme du piano et son timbre abstrait ont encore poussé la musique dans la voie des modulations rapides. Mais c'est surtout depuis trente et quelques années que s'est fait sentir la transformation que le piano a fait subir à la musique.

Vers 1830, la virtuosité arriva, sur cet instrument, à un degré de brillant qui n'avait jamais rien eu de comparable auparavant. Les Listz, les Thalberg, les Chopin, etc., firent du piano un orchestre entier; ayant devant eux un instrument d'une sonorité énorme et d'une obéissance parfaite, qui résumait

sur son clavier toute l'échelle des sons appréciables, ils déchaînèrent les plus étonnantes faintaisies qu'on ait jamais osé rêver. C'est à partir de ce moment que commence l'âge de fer de la musique et la suprématie de la sonorité métallique sur celle de l'archet et du bois.

Ce n'est plus seulement le mode chromatique du piano qui s'impose, c'est son timbre, dont les effets deviennent souvent un objet d'imagination pour l'orchestre. La musique d'orchestre des compositeurs pianistes se reconnaît souvent à cela que la sonorité de leur orchestre a une parité avec la sonorité du piano, soit par le choix des accords, soit même par leur disposition. C'est une des causes de la grande importance que les instruments à vent ont maintenant dans l'orchestre et auront très-probablement leur prédominence dans l'avenir.

L'oreille des générations nouvelles s'est habituée au système des harmonies de la gamme chromatique, et l'ancien système total paraît maintenant un peu terne; cela tend à faire disparaître une quantité de choses simples et agréables qui sont inexprimables avec l'harmonie touffue et compliquée que le piano a fait prévaloir.

Nous n'avons pas, en exposant une partie des observations que nous avons pu faire au sujet du piano, l'intention de lui faire son procès. C'est en somme l'instrument de musique le plus parfait qu'on ait jamais construit. D'ailleurs l'usage ne paraît pas près d'en finir, si on considère que l'industrie du piano, qui en France est concentrée dans le département de la Seine, n'occupe pas moins de 12,000 ouvriers, que la maison Pleyel, depuis sa fondation en 1795, en est à son soixantième millier de pianos, et la maison Erard dans le soixantecinquième peut-être, sans parler des grandes maisons comme Herz, Kriegelstein, etc... Le rapport de l'Exposition universelle de 1867 porte à 25 millions le chiffre des instruments de musique fabriqués annuellement en France. Certainement le piano doit avoir la plus grosse part dans cette industrie, qui a augmenté depuis 1867.

***

LA CONVERSION DU CZAR ALEXANDRE Ier. Nous avons publié récemment (1) divers documents relatifs à l'intention formellement exprimée vers la fin de sa vie et notifiée par lui au Pape de se convertir au catholicisme. Le plus important de ces documents, celui que la Civiltà cattolica a fait dernièrement connaître, ayant été reproduit par la Germania, ce journal a reçu d'une source tout à fait autorisée, dit-il, la communication suivante :

En l'an 1844, j'ai passé plusieurs jours auprès du dernier ministre de « Charles X, le prince Jules de Polignac. qui alors habitait ses propriétés, si«tuées près de Straubing en Bavière. Il me dit qu'il avait lu aux archives du <ministère des affaires étrangères un rapport circonstancie sur la mort de « l'empereur Alexandre, rapport qui avait été envoyé au gouvernement fran<çais par son ambassadeur à Saint-Pétersbourg, Dans ce document, il était < raconté avec détails que l'empereur, sur son lit de mort, avait abjuré le schisme entre les mains d'un prêtre catholique et qu'il avait ensuite reçu de <ce prêtre les derniers sacrements.

(1) Voir Précis année 1876, p. 679.

LA CARTE DU CATHOLICISME DANS LA GRANDE-BRETAGNE.

Une Société hétérodoxe de Londres, le Protestant educational Institute a publié récemment une carte de la Grande-Bretagne qui présente le plus grand intérêt. On y voit, comme dans un tableau, le progrès de l'Eglise catholique en Angleterre. Au lieu des noms propres des villes et des villages, on ne trouve, pour chaque comté, que les indications des différentes églises, des chapelles, des couvents et des maisons d'éducation, qui sont comme autant de centres pour la propagation de la foi catholique. C'est dans le Lancashire qu'on trouve les indications les plus nombreuses; on dirait que c'est une contrée entièrement catholique. Après, viennent les comtés de Middlesex, Stafford, Warwick, Surrey, Cheshire, Yorkshire et Durham. Beaucoup de noms de localités se trouvent aussi dans les comtés de Worcester, Kent, Leicester, Sussex, Monmouth. En revanche, Lincoln, Norfolk, Suffolk, Cambridge et la partie occidentale du pays de Galles présentent beaucoup de lacunes; l'Ecosse aussi laisse beaucoup à désirer. Il est vrai qu'à Edimbourg, Lanark et Renfrew on voit refleurir la vie catholique; mais, dans les districts du Nord, à la frontière méridionale et dans les îles, la vraie foi a fait jusqu'ici peu de progrès.

Les observations qui accompagnent cette carte montrent avec quelle rapidité merveilleuse la foi catholique s'est étendue en Angleterre pendant les dernières années.

Jusqu'en 1833, l'Angleterre ne comptait que très-peu de colléges, d'écoles et de couvents. Actuellement, elle possède 538 écoles,330 instituts et 23 colléges. En Ecosse, où autrefois on ne trouvait aucun établissement catholique, il y a aujourd'hui 65 écoles, 27 couvents et 4 colléges.

Ce qui frappe encore plus, c'est l'accroissement du nombre des églises. En 1833, l'Angleterre en comptait 413, le pays de Galles 10 et l'Ecosse 74. Aujourd'hui, les églises ou chapelles sont au nombre de 1094 en Angleterre, 51 dans le pays de Galles et 233 en Ecosse; ce qui fait, dans l'espace de 43 ans, une augmentation de 881. Soit, en moyenne, 20 églises par an.

Voici comment ces oratoires sont répartis dans les différents comtés : Lancashire 218 (il n'y en avait que 87 en 1833), Yorkshire 120, Middlesex 73, Durham 59, Stafford 47, Warwick 45, etc. Cette carte pourra inspirer quelque frayeur aux Newdegate, Whalley et consorts; mais, pour nous catholiques, elle est la source d'une immense consolation. Nous y voyons les progrès de notre sainte religion: nous avons la ferme confiance que le temps n'est pas éloigné où le peuple anglais rentrera en masse dans le sein de l'Eglise-Mère. Cette dernière réflexion est du Sontagsblatt de Munster, auquel nous avons emprunté les détails qui précèdent nous devons ajouter qu'en Angleterre on ne nourrit guère l'espoir d'une conversion en masse, mais seulement celui d'un progrès constant, ce qui est peut-être plus sûr et plus avantageux.

CHRONIQUE - JANVIER 1877

1. Inauguration de l'Impératrice de l'Inde, à Delhi: reconnaissance officielle du nouveau titre et hommage solennel des grands vassaux indiens à leur Souveraine. On a remarqué l'abstention complète de l'Emir de l'Afganistan, état indépendant qui sépare les possessions russes des possessions anglaises. - Ouragan, qui cause de nombreux désastres en France et en Espagne et qui, en Angleterre, est suivi de grandes inondations.

Nouvelles attaques des Indiens Sioux, en Amérique. Association catholique pour seconder le préfet apostolique, le R. P. Isidore, dans sa mission auprès des Indiens.

On annonce une recrudescence de persécution en Chine.

6. Les députations se succèdent au Vatican, depuis les fêtes de Noël. Aujourd'hui le Pape reçoit les pèlerins italiens et leur renouvelle ses félicitations et ses avis. Il maintient énergiquement son attitude et trace un sombre tableau de l'Italie unifiée, on sait par quels moyens.

A la question posée par les évêques d'Italie, concernant l'exequatur royal des bulles de leur nomination, la Congrégation de l'Inquisition, afin d'éviter de plus grands maux, a répondu : tolerari posse.

8. La Roumanie proteste contre plusieurs articles de la nouvelle Constitution ottomane: elle romprait les liens de vasselage qui les rattachent encore à l'empire turc, plutôt que de laisser appliquer ces articles au territoire roumain. 10. Elections générales pour le Parlement allemand (Reichsrath, par le suffrage universel et direct.

16. Le ministère belge presente un projet de loi, sur le secret du vote et sur les fraudes électorales.

17. Le gouvernement indien évalue à un chiffre énorme, les dépenses pour les secours à accorder aux présidences de Bombay et de Madras, où règne la famine, par suite de la sécheresse. La superficie de Madras est de 80 milles carrés avec 18 millions d'habitants, celle de Bombay est de 54 milles carrés avec 5 millions d'habitants. Les établissements français dans les Indes sont frappés du même fléau.

18. Inauguration solennelle de l'Université catholique de Lille qui — privilège rare aujourd'hui - a reçu son institution canonique du Saint-Père.

- Réunion du Grand Conseil des ministres et des hauts dignitaires, même ecclésiastiques, de l'empire ottoman, pour donner une réponse définitive aux propositions des plénipotentiaires. Ces propositions, fort adoucies, sont: 1o de soumettre à l'agrément des puissances garantes, pendant cinq ans, le choix des gouverneurs des provinces chrétiennes; 2° d'accepter le contrôle, non plus d'une commission européenne, mais d'une commission mixte, composée d'européens et d'ottomans. Le Conseil rejette, à l'unanimité, ces propositions, comme contraires à l'indépendance et à la dignité de l'empire. Cette décision doit mettre fin à la Conférence.

24. La Chambre italienne vote la loi contre les prétendus abus du clergé : contre tous ceux qui reproduiront un écrit ou une parole «de quelque écclésiastique que ce soit et de quelque lieu qu'elle vienne. » C'est un baillon mis au lèvres dn Pape; c'est, de l'avis du ministre Mancini, un premier pas dans une voie nouvelle. Le vote a été précédé des plus violents outrages, mais aussi une protestation éloquente de M. Bartolucci, de Modène.

25. Arrivée à Londres d'une grande ambassade chinoise, composée de quatorze membres.

-Préliminaires de paix entre la Turquie d'un côté, la Serbie et le Monténegro de l'autre.

Premières applications de la Constitution ottomane.

30. Après deux mois environ de contestations au sujet des votes pour la Présidence des États-Unis, en vertu d'un bill adopté le 25 janvier par la législature, le jugement de cette grave affaire est déféré à un comité de quinze membres pris dans les deux chambres et dans la Cour suprême.

31. Ouragan suivi d'inondations sur tout le littoral belge et néerlandais; dégats énormes à Anvers; rupture des digues sur plusieurs points.

BIBLIOGRAPHIE.

La Passion de N. S. Jésus-Christ, par l'abbé C. Fouard. Rouen. Imprimerie de Cagniard, 1876.

Un homme, fort peu au fait de sa religion, après avoir lu pour la première fois la Passion de N. S., dans le livre de prières de sa femme, disait, les yeux humides de larmes : « Je ne savais pas que Jésus-Christ fût si bon et qu'il nous aimât tant!» L'eussiez-vous lue cent fois, vous dites encore la même chose, après une lecture du beau et savant livre de M. l'abbé Fouard.

Bien des Vies de Jésus ont été écrites depuis dix ans; nous en savons plus d'une qui sont de véritables chefs-d'œuvre. Toutefois, nous n'hésitons pas à l'affirmer, aucune ne retrace les scènes de la Passion avec autant de vérité, de lumière et d'onction que le travail de l'éminent professeur de la Faculté de Rouen. Pour arriver à ce résultat, M. l'abbé Fouard a puisé aux meilleures sources de l'exégèse, de la chronologie, de la philologie, de la topographie et de l'archéologie de la Passion, s'appuyant toujours sur les interprètes les plus autorisés et, comme il le dit lui-même, tirant de leurs admirables travaux les conclusions qu'il nous présente dans son livre. Pour éviter la sécheresse que la discussion des textes eût fatalement apportée dans le récit, il s'est proposé avant tout de nous donner une histoire suivie de la Passion, se réservant de justifier, par des notes nombreuses, le sentiment qu'il a embrassé.

En adoptant cette manière de traiter son sujet et en le traitant comme il l'a fait, M. l'abbé Fouard nous a donné non pas seulement une œuvre de

« PoprzedniaDalej »