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obéir en la personne de vos ministres, lorsque vous me liez par leur autorité qui est la vôtre, inspirez-moi une parfaite docilité, et à eux en même temps une discrète et paternelle, mais aussi une sévère et sainte rigueur, afin qu'ils me donnent une pénitence digne de ce nom, et convenable à mes péchés ; et que lié par leur ordre dans lequel je reçois le vôtre, en portant ces peines salutaires, je puisse espérer de revenir par ce moyen à la parfaite nouveauté de vie, et à l'intégrité de mon baptême.

O mon Sauveur! je le dis encore une fois en union avec vous ; j'ai à être baptisé d'un baptême, du baptême laborieux de la pénitence. Ah! que mon âme est pressée! qu'elle souffre, qu'elle est dans l'angoisse jusqu'à ce qu'il s'accomplisse! Tout à l'heure, et sans plus tarder, j'irai au tribunal de la pénitence avec un esprit chrétien, c'est-à-dire, avec un esprit soumis au rigoureux jugement que l'Eglise daignera exercer sur moi en votre nom.

IIe POINT.

Raisons des rigueurs de l'Eglise.

Première raison tirée de la justice divine.

Le même concile de Trente nous explique excellemment les raisons de cette rigueur, dont la première se tire de la justice divine en cette manière: « Et certainement, dit ce saint concile1, il paroît que » l'ordre de la justice de Dieu exige de lui qu'il reçoive d'une autre >> manière en sa grâce ceux qui auront péché dans leur ignorance » avant le baptême (avant que d'avoir connu et goûté Dieu), que >> ceux qui, après avoir été une fois délivrés de la servitude du péché >> et du démon, et avoir reçu le don du Saint-Esprit, n'ont pas craint » de violer avec connoissance et de propos délibéré le temple de » Dieu, et d'attrister son Saint-Esprit. >>

Le saint concile nous propose en abrégé toutes les raisons qui aggravent le crime de ceux qui ont péché depuis le baptême. Elles sont tirées de saint Paul' qui nous apprend que ceux qui pèchent de cette sorte, attristent le Saint-Esprit dont ils ont reçu le sceau par le baptême, pour conserver l'esprit de grâce et de rédemption. Qu'est-ce qu'attrister le Saint-Esprit, si ce n'est le chasser d'une âme dont il avoit pris possession en mettant son sceau dessus, et en disant : Elle est à moi, c'est mon bien ? mais celui qui pèche après le baptême; viole ce sceau sacré, le rompt en lui-même; et en disant au SaintEsprit Je ne veux plus être à vous; il lui fait un outrage capable d'affliger cet Esprit, s'il n'étoit d'une nature inaltérable.

C'est ce que le même saint Paul exprime en disant qu'on fait ou

1 Sess. XIV. cap. 8.-2 Eph., IV. 30.

trage à l'esprit de la grâce 1: car par la grâce de la rémission des péchés on avoit été fait participant du Saint-Esprit ; et par le péché on repousse outrageusement cet Esprit de grâce et de bonté qui avoit effacé nos crimes.

Les pécheurs qui ont violé leur baptême, passent plus avant selon le même saint Paul : ils crucifient de nouveau et foulent aux pieds le Fils de Dieu; ils profanent le sang de son nouveau Testament, par lequel ils ont été sanctifiés, et tournent ses souffrances en dérision, comme ont fait les Juifs. Mais les Juifs ne le connoissoient pas; et s'ils l'avoient connu, jamais ils n'auroient crucifié le Seigneur de gloire. Et nous qui le connoissons, qui avons reçu le baptême en son nom; mais qui, après en avoir perdu la grâce, l'avons recouvrée par la pénitence, et qui avons reçu tant de fois son sacré corps: nous avons violé tous les sacrements, le baptême, la pénitence, l'eucharistie, et nous avons traité notre Sauveur et notre Dieu, le sachant et le connoissant, avec plus d'indignité que ceux qui ne le connoissoient pas! Quelle augmentation de supplices nous sommesnous attirée par notre ingratitude!

Telles sont donc les raisons qui aggravent le péché de ceux qui ont manqué à la grâce, et l'ont volontairement perdue: voilà ce qui les rend si redevables à la justice de Dieu. D'où le concile conclut ", que « l'Eglise a toujours cru qu'il n'y avoit point une voie plus sûre » pour détourner le coup de la main de Dieu, et les maux qui sont » prêts à fondre sur nous, que de subir humblement et nous rendre >> familières ces œuvres de pénitence avec une sincère douleur.

PRIÈRES, AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS.

Je me soumets donc, mon Sauveur, à ces œuvres de pénitence que votre Eglise veut qu'on m'impose en réparation de l'outrage que j'ai fait à votre grâce; je souhaite de les subir avec un cœur percé de douleur. Mon Sauveur, je le reconnois, il n'est pas juste que vous me receviez comme ceux qui vous offensent dans leur ignorance : je confesse la vérité qu'a annoncée le prince des apôtres : Il vaudroit mieux n'avoir point connu la voie de la justice, que de retourner en arrière après l'avoir connue. Votre prophète a dit aussi à Jérusalem qui vous connoissoit : Sodome et Samarie, tes sœurs, sont justifiées, à comparaison de tes abominations; tu les a surmontées par les crimes". Faites-moi donc entrer, ô Seigneur ! dans les rigoureuses règles de votre justice, qui multiplie les châtiments à proportion de la connoissance qu'on a de la vérité. Faites-moi entrer dans votre sainte ja

Hebr., X1. 29.2 Ibid., v1. 4. 3 Ibid., x. 29.4 1 Cor., 11. 8. -5 Sess. XIX. c. 8. 62 Petr., 11. 21.7 Eech., XVI. 40, etc.

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lousie, qui vous fait punir l'épouse infidèle plus que celle que vous n'avez jamais admise à votre lit nuptial. O Seigneur! je reconnois mon péché; ma honte et ma confusion sont sur moi. Armez contre moi le zèle de votre Eglise; que vos ministres entrent avec vous dans cet esprit de jalousie, contre les âmes qui vous ont quitté et se sont prostituées à votre ennemi. De quelle pénitence ne suis-je pas digne? O Seigneur ! je veux tout subir et prendre contre moi-même le parti de votre justice, afin de la fléchir par ma soumission. Mais je ne puis rien sans vous ; vous qui m'avez mis dans le cœur ces saintes pensées, donnez-moi la force de les accomplir.

III POINT.

Seconde raison de la rigueur de l'Eglise.

La miséricorde de Dieu.

S'il est digne de la justice de Dieu de recevoir autrement ceux qui l'ont offensé après le baptême ( ajoutons après la pénitence et après la communion) que ceux qui n'avoient point encore reçu de pareilles grâces : « Il est digne de sa clémence, poursuit le même >> concile 1, de ne remettre pas les péchés sans satisfaction, de peur » que, les croyant trop légers, nous ne tombions dans de plus >> grandes fautes, et ne fassions de nouveaux outrages au Saint>> Esprit, nous amassant un trésor de colère pour le jour de la ven» geance, par notre endurcissement et notre impénitence. >>

Ce n'est donc pas seulement par un effet de sa justice; mais c'est encore par un effet de sa miséricorde, que Dieu veut qu'on soit rigoureux aux pécheurs, parce que, ajoute le concile : « Il n'y a point de doute >> que ces peines satisfactoires ne nous retirent du péché ; qu'elles >> ne nous soient comme un frein, et ne nous rendent à l'avenir plus >> attentifs sur nous-mêmes. Elles remédient aussi, dit le saint con>>cile, aux restes des péchés, et ôtent les mauvaises habitudes que >> nous avons contractées par une mauvaise vie, en nous faisant pra» tiquer les vertus contraires. »

PRIÈRES, AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS.

O Seigneur! les saintes rigueurs que vous inspirez à votre Eglise contre les pécheurs pénitents, ne sont pas seulement un effet de votre justice, mais encore un exercice de votre miséricorde paternelle. O sage et bon médecin ! c'est un régime que vous prescrivez à vos malades, pour achever leur guérison et déraciner tous les principes du mal. C'est une sage et miséricordieuse précaution que vous prenez contre nos foiblesses, pour exciter notre vigilance dans les

1 Sess. xiv. cap. 8.

occasions qui nous font tomber. Appliquez-moi donc, ô Sauveur! par un conseil de miséricorde, les salutaires rigueurs de votre Eglise. Qu'on fasse durer longtemps le souvenir de mon péché; qu'on le rende horrible à mes yeux, en m'imposant des œuvres vraiment pénales, qui mortifient ma chair, qui la crucifient, qui humilient mon esprit, qui m'impriment la crainte de la rechute, et ne me permettent pas de me relâcher dans l'exercice de la pénitence. O rigueur! que vous êtes douces! O peines ! qui êtes un frein à la licence et aux emportements, que vous êtes aimables! O saintes précautions qu'on me fait prendre contre moi-même ! je vous embrasse de tout mon cœur, et j'adore la miséricorde qui me les impose.

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IVe POINT.

Troisième raison des rigueurs de l'Eglise.

La conformité avec Jésus-Christ.

« Il faut encore considérer, poursuit le concile 1, qu'en souffrant »>et satisfaisant pour nos péchés, nous sommes rendus semblables » à Jésus-Christ, qui a satisfait pour nos crimes, et de qui vient » toute notre force et tout le pouvoir qui nous rend capables du >> bien : ce qui nous est un gage certain qu'ayant part à ses souf>> frances, nous aurons part à sa gloire. Mais il ne faut pas penser » que cette satisfaction, que nous faisons à Dieu pour nos péchés, » soit tellement nôtre, qu'elle ne soit point par Jésus-Christ; puisque > nous qui ne pouvons rien de nous-mêmes, comme de nous-mêmes, » pouvons tout avec la coopération de celui qui nous fortifie3. Ainsi >> l'homme n'a pas de quoi se glorifier; mais toute notre gloire est >> en Jésus-Christ, en qui nous vivons, en qui nous méritons, en » qui nous satisfaisons, faisant de dignes fruits de pénitence, qui > tirent leur force de lui, qui sont offerts par lui-même à son père, » et en lui sont acceptés par son Père. »

PRIÈRES, AFFECTIONS ET RÉSOLUTIONS.

Je crois, mon Dieu, la sainte doctrine que votre Eglise catholique a si bien expliquée par ces paroles. J'adore la vérité que vous y avez imprimée, et je reconnois qu'elle vient uniquement de vous. Que Votre Eglise est sainte! que sa foi est pure! que l'esprit qui la conduit est véritable!

Je crois donc, ô mon Dieu! avant toutes choses, que je suis obligé à m'unir aux satisfactions de Jésus-Christ, en les imitant selon ma foiblesse. A Dieu ne plaise que je croie qu'une indigne et criminelle créature puisse satisfaire comme lui! Il a satisfait comme un Dieu, 1 Sess. XIV. c. 8.-22 Cor., III. 5. - 3 Philip., IV. 13. — 4 1 Cor., 1. 29.

VIII.

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et je satisfais comme un pécheur. Il satisfait pleinement et infiniment; et moi je satisfais, comme je puis, en vous offrant mon néant, qui n'a aucune valeur que celle que lui donnent le sang, les souffrances, la satisfaction et le sacrifice infiniment digne de votre Fils. Recevez donc de ce Fils, qui est votre égal, la juste satisfaction qui vous est due recevez d'un vil esclave le peu qu'il fait ; qu'encore il ne fait point de lui-même; et qu'il ne peut espérer que vous acceptiez, qu'à cause qu'il est uni à ce que fait votre Fils unique, mon Sauveur, mon médiateur, mon sacrificateur et ma victime tout ensemble.

Faites-moi donc, ô mon Dieu! faites-moi trouver dans la pénitence, non pas de la complaisance, de la flatterie, des peines légères; mais, puisqu'il faut ici me rendre conforme à la passion de JésusChrist, faites-moi trouver une croix, des clous qui me percent, une flagellation qui me déchire, du vinaigre, du fiel dont l'amertume me dégoûte des pernicieuses douceurs que j'ai trop goûtées en suivant ma volonté, en flattant mes sens, en me plaisant en moi-même. Mon Sauveur, je tends le dos aux flagellations, je présente mon visage aux crachats; qu'on me reprenne avec force, qu'on me confonde; plongez - moi par la pénitence dans votre passion et dans vos douleurs.

Ve POINT.

On en revient aux saintes rigueurs de la justice divine.

Le saint concile de Trente, après avoir exposé des vérités si solides et si touchantes, conclut en cette manière : « Il faut donc que les » prêtres du Seigneur, autant que le Saint-Esprit et la prudence le » suggéreront, imposent des pénitences salutaires et convenables, » selon la qualité des crimes, et le pouvoir des pénitents: de peur » que s'ils connivent aux péchés, et traitent leurs pénitents avec >> trop d'indulgence, en leur imposant pour de très-griefs péchés des » peines et des œuvres très-légères, ils ne participent aux péchés >> d'autrui et ne s'en rendent complices. Qu'ils aient donc devant les » yeux la nécessité d'imposer une satisfaction qui ne serve pas seu»lement de précaution contre les péchés à venir et de remède à la » foiblesse; mais encore de vengeance et de châtiment aux péchés » passés, puisque les anciens Pères croient et enseignent que les clefs » qui sont mises entre les mains des ministres de Jésus-Christ ne >> leur sont pas seulement données pour absoudre, mais encore pour » lier ; » et on ne doit pas penser pour cela que le sacrement de pénitence soit un tribuna de colère ou de peine; ce que le concile ajoute parce qu'on a vu, seion sa doctrine précédente, que ces

1 Sess. XIV. c. 8.

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