Obrazy na stronie
PDF
ePub

sance; il lui donne donc tout ce qu'il possède, l'arbre et les fruits, et on peut bien lui appliquer plus justement qu'au peuple d'Israel ces paroles de Moïse: Le Seigneur t'a choisi aujourd'hui pour être son peuple particulier,.... et pour te rendre le plus élevé de tous les peuples qu'il a créés pour sa louange et pour son nom et pour sa gloire, et que tu sois le peuple saint du Seigneur ton Dieu (1).

Disons encore à la recommandation de l'Etat religieux, que par sa nature il tend sans cesse à la perfection de l'Evangile; car il faut absolument observer non seulement les préceptes mais les conseils. Si le martyre, au jugement de tous, est le témoignage le plus sûr et le plus sublime qu'un homme puisse donner à Dieu de son amour, si c'est l'acte le plus utile et le plus glorieux pour lui, l'État religieux n'est point au dessous de ces belles prérogatives, comme le disent les saints Pères. Le sang ne coule pas à la vérité sur l'échafaud à gros bouillons par la violence des supplices; le feu ne dévore pas tout d'un coup les chairs, mais il faut donner son sang goutte à goutte, mourir à petit feu par les travaux et les exercices laborieux de la vie religieuse. Enfin c'est aux religieux que Jésus-Christ a fait cette promesse magnifique Le centuple en cette vie et la gloire éternelle en l'autre (2). Il faut avouer que c'est gagner

dignè extollere? O margarita præfulgida ! O Religio rutilantior auro,sole splendidior, Religio gratissima et toto corde perquirenda! O Religio habitaculum Dei et Angelorum ejus! O Religio, vita beata, vila Angelorum! verè Religio est paradisus. O homo, fuge homines, Reli gionem elige et salvaberis !

(1) Dominus elegit te hodie, ut sis ei populus peculiaris... et faciat te excelsiorem cunctis gentibus quas creavit in laudem, et nomen, et gloriam suam ; ut sis populus sanctus Domini Dei tui. Deut. 26. 18. (2) Matt. 19. 29.

beaucoup pour peu de choses; comment l'homme peutil abandonner une si riche récompense?

Concluons de tout cela que l'état religieux est l'état le plus excellent et le plus utile, qu'il renferme une foule de biens, que c'est vraiment le trésor de l'Évangile (1), mais c'est un trésor caché, et dont les richesses sont inconnues aux hommes. « Dieu l'a fait ainsi, disait le B. Laurent Justinien, parce qu'il veut être honoré et servi des hommes dans toutes les positions. S'il ne « cachait les richesses et les avantages de la vie religieuse, s'il les exposait à la vue de tous, s'il en mon

[ocr errors]
[ocr errors]

« trait toutes les douceurs et tous les attraits, tous les

R

hommes embrasseraient la vie religieuse.

CHAPITRE II.

L'ÉTAT RELIGIEUX TEND PAR SA NATURE A LA
PERFECTION.

Si le Religieux doit s'estimer bienheureux d'ètre appelé, par une faveur toute particulière de Dieu, à un état si noble, si sublime et accompagné de tant de gràces, il doit aussi se rendre propre à jouir de biens si immenses. Il doit connaitre la nature de cet heureux état; il doit connaître quelles sont ses obligations personnelles; sans cela, la vie religieuse, loin d'être pour lui douce et agréable, lui deviendra excessivement pénible, et au lieu d'y trouver son salut, il ne trouvera, après une vie pleine d'angoisses, que la mort éternelle.

(1) Matth. 13. 44.

Il faut donc que celui qui veut embrasser la vie relígieuse, d'après le sentiment de tous les docteurs, sache que l'état religieux est un état de perfection; non de perfection déjà acquise, mais de perfection à acquérir. Ainsi un religieux, pour être bon religieux, pour jouir de tous les avantages de sa vocation, en savourer les délices, n'est pas obligé d'être parfait, mais il doit faire tous ses efforts pour le devenir. L'état religieux, dit le docteur Angélique, est une école dont les exercices apprennent à devenir parfait (1).

Il est évident, poursuit le saint docteur (2), que celui qui a reçu l'ordre d'arriver à un but, n'est pas obligé, quelle que soit la rigueur du commandement, d'être arrivé à ce but, mais qu'il doit y tendre par les voies qui peuvent l'y conduire; ainsi le religieux n'est pas obligé d'être parfait, mais il doit marcher, et gravir les degrès qui le conduisent à la perfection. Ik doit se dire à luimême ce que disait saint Paul, ajoute saint Thomas : Je ne crois pas être parfait, je ne tiens pas encore en main la palme de la victoire, mais je travaille de toutes mes forces pour avancer dans ma course et atteindre le but (3). Ainsi le religieux ne pèche pas, s'il n'est pas arrivé à la perfection, mais il pèche s'il n'a pas le désir de l'acquérir, et s'il n'emploie pas tous les moyens nécessaires.

C'est ainsi qu'il faut expliquer ce que saint Jérôme écrit à Héliodore : « Vous avez promis de vous rendre

parfait, quand, en quittant le monde, vous avez re

(1) Status religionis, est quædam disciplina vel exercitium ad perfectionem perveniendi. 2. 2. q. 186. a. 2. in c. etc. cum eo DD. (2) Sanchez, oper. mor. t. 2. 1. 6. ca. 5. et apud eum D. D.

(3) Non quod jam acceperim aut jam perfectus sim; sequor autem`, si quo modo comprehendam. Phil. 3. 12.

[ocr errors]

«

« noncé aux plaisirs des sens. Qu'avez-vous voulu « faire? Vous engager à mener une vie parfaite (1). Saint Bernard nous fait comprendre ces paroles de saint Jérôme. « Le désir d'avancer, l'effort continuel pour « arriver à la perfection est déjà regardé comme per« fection (2).

Or, à quelle perfection doit tendre le religieux par la nature de sa vocation? A la perfection de la charité. « L'état religieux, dit saint Thomas, est un exercice «< continuel qui tend à la perfection de la charité ; car la perfection de la charité est la fin de l'état religieux(3). » C'est le but vers lequel doit tendre l'homme religieux, il doit fixer vers lui tous ces soins, tous ses travaux et décocher toutes ses flèches.

"

Quoique tout chrétien soit obligé par le véritable esprit du christianisme de tendre sans cesse vers la charité, comme vers la fin de la loi, comme dit saint Paul (4); qu'il ait reçu un commandement qui est le premier et le plus grand de tous, celui d'aimer Dieu de tout son cœur; le Religieux doit faire bien davantage; c'est pour cela qu'il est appelé religieux, dit saint Thomas (5). Quant une vertu convient à plusieurs personnes, on l'attribue et elle appartient de fait à celui qui la pratique de la manière la plus parfaite : la force à celui qui pratique les choses les plus difficiles; la tempérance à celui qui use

(1) Tu perfectum te fore policitus es, nam quando, relicta militia, te castrasti propter regna cœlorum, quid aliud quàm perfectam secutus es vitam ?

(2) Proficiendi studium et jugis conatus ad perfectionem perfectio reputatur. Epist. 253. ad Guarin. abbat.

(3) Religionis status est quoddam exercitium tendendi in perfectionem charitatis. Ipsa perfectio charitatis est finis statûs Religionis. 2. 2. q. 86. a. 7. in c. a. 2. in c.

(4) 1. Tim. 1. 5. — (5) 2. 2. q. 86. a. 1. in c.

de tout avec plus de modération dans toutes les circonstances de la vie; la vertu de religion nous portant à donner le plus que nous pouvons au service et au culte de Dieu, le religieux donne plus qu'un autre, puisqu'il donne tout ce qu'il a et ne peut donner davantage : il se dévoue entièrement à son service, il fait de lui un holocauste à sa gloire; il doit porter avec raison le nom glorieux de religieux plutôt que ceux qui ne donnent à Dieu que quelques parcelles, tandis qu'il donne tout.

«

[ocr errors]
[ocr errors]

C'est d'après cette pensée que saint Bernard dit aux religieux « Votre profession est sublime, elle traverse les cieux, elle est comme celle des anges, elle vous rend semblables à eux par votre pureté. Vous avez « voué à Dieu non pas seulement toute sainteté, mais « la perfection de toute sainteté. Ce n'est point à vous qu'il appartient de languir dans l'observation des « commandemens donnés à tous; vous ne devez point demander ce que Dieu commande, mais ce qu'il veut, «< ce qu'il désire, ce qu'il conseille de plus parfait. Les « Chrétiens doivent servir Dieu; vous, vous devez être « collés contre son cœur; ils doivent croire en Dieu, le «< connaître, l'aimer, l'adorer; vous, vous devez le comprendre, le goûter, le dévorer (1)! » Ces paroles de saint Bernard nous apprennent la différence qu'il y a entre le religieux et le chrétien en général, pourrait-il y en avoir une autre?

"

[ocr errors]

(1) Altissima est professio vestra, cœlos transit, par Angelis est, angelicæ similis puritati: non enim solum vovistis omnem sanctitatem, sed omnis sanctitatis perfectionem. Non est vestrum circa communia præcepta languere, neque hoc solum attendere quid præcipiat Deus, sed quid velit, probantes quæ sit voluntas Dei bona et beneplacens, et perfecta; aliorum est Deo servire, vestrum adhærere ; aliorum est Deum credere, scire, amare, revereri, vestrum est sapere, intelligere, frui. Vel auctor ad fratres de monte Dei.

« PoprzedniaDalej »