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mauvais exemples et leur mauvaise vie gâtent et détruisent ce que vous avez édifié et que vous conservez par les saints frères et les bons religieux de cet ordre (1).

S IV.

Manière d'observer les Règles.

Il faut 1° observer les règles avec ponctualité et exactitude, comme elles sont écrites par celui qui les a faites. Il n'y a pas de glose à faire et de sens à chercher pour expliquer la pensée et le dessein du législateur; car ce ne serait plus alors ses règles et ses lois, telles qu'elles lui ont été inspirées par Dieu, elles ne seraient plus un moyen pour l'établissement de l'ordre, le bien et la perfection du religieux.

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Voici, sur ce sujet, ce que saint François a laissé dans son testament : « Les généraux, les custodes et les supérieurs de l'ordre sont obligés, en vertu de l'obéissance, de ne rien ajouter, de ne rien retrancher aux mots de la règle; je commande à tous les frères, « en vertu de la même obéissance, de ne point ajouter « de glose au texte de la règle. Qu'ils ne disent point: ⚫ il faut donner tel sens à ces paroles; mais comme notre

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(1) Qui per proprietatem, pecuniæ receptionem, vel aliud quodcumque peccatum, Regulæ puritatem deturpabant, aut Ordinem, quem præcipue paupertatis professio decorat, terrenarum rerum pulvere maculabant, aut alios suis malis exemplis scandalisabant, et Ordinem relaxabant, maledictionem Dei et suam terribiliter imprecans dicebat: A te, sanctissime Pater, et à tota cœlesti curia, et à me pauperculo sint maledicti, qui suo malo exemplo confundunt et destruunt, quod per sanctos fratres hujus Ordinis ædificâsti, et ædificare non cessas. To. 3. Opusc. B. Francisci.

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Seigneur m'a fait dresser la règle avec pureté et simplicité de cœur, c'est ainsi qu'il faut l'entendre et l'observer (1).

Comme la règle se trouva très dure dans la pratique, plusieurs Religieux et le cardinal Ugolin, protecteur de l'ordre, jugèrent à propos et même nécessaire d'y apporter quelques adoucissemens. Or voici ce qui arriva et quelle fut la conduite du saint. Au chapitre célèbre des nattes (2). Quelques supérieurs très savans, pensèrent avec le protecteur, qu'il était nécessaire de trouver quelque modification à la trop grande pauvreté et à la rigueur de l'institut, en le modérant d'après quelques règles plus anciennes, afin que la manière de vivre, évitant les deux extrémités, fût supportable à ceux qui l'embrasseraient. Le protecteur rapportait cela à saint François, et s'efforçait par plusieurs raisons de l'y faire condescendre; lorsque le saint le prit par la main et le conduisit au chapitre où les dits supérieurs étaient encore assemblés, et leur adressant la parole, il leur dit : Mes frères, N. S. m'a appelé à lui et tous ceux qui voudront me suivre par cette voie de simplicité, de pauvreté, d'humilité et d'àpreté de vie; ainsi que personne ne pense me faire embrasser une autre règle soit de saint Augustin, de saint Bernard, ou de tout

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(1) Generalis Minister, et omnes alii Ministri et Custodes per obedientiam teneantur in istis verbis non addere, vel minuere, et omnibus fratribus meis præcipio firmiter per obedientiam, ut non mittant glossas in regula, nec in istis verbis dicendo, ita voluit intelligi: sed sicut dedit mihi Dominus pure et simpliciter dicere et scribere regulam et ista verba, ita simpliciter et pure sine glossa intelligatis, et cum sancta operatione usque in finem observetis. Tom. 1. Opusc. D. Fran

cisci.

(2) Chron, des Min., liv. 1, ch. 63, et tom. 3, Opusc. S. Franc., colloq. 5.

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autre; parce que le bon Dieu m'a montré celle-ci, « nous y a appelés, qu'il veut que nous soyons regar« dés comme des insensés dans ce monde, qu'il veut « nous conduire au ciel par un autre sentier que celui des raisons humaines, de votre vaine prudence et votre ignorante science qui vous laissera dans la confusion; « et même je suis sûr que Dieu vous en punira par ses bourreaux qui sont les démons, et vous remettra dans « votre premier état, d'où vous venez de sortir. » Après avoir entendu une réponse aussi ferme et aussi terrible, le cardinal n'osa pas répliquer un seul mot, et les religieux effrayés se jetèrent à genoux et lui demandèrent pardon.

Mais la chose fut poussée encore bien plus loin. Honoré III, souverain pontife, voulant confirmer la règle par une bulle expresse, et jugeant cependant qu'elle renfermait des points au dessus de la faiblesse humaine, exhorta saint François à adoucir quelques choses, à en changer quelques autres, et enfin à en retrancher entièrement certains points. Le saint législateur lui répondit : « Ce n'est pas moi, très saint Père, qui ai mis dans la règle ces commandemens et ces paroles; c'est J. C. qui connaît mieux que nous tous ce qui est le plus « utile et le plus nécessaire au salut des ames des religieux, à la conservation de notre institut; il a toujours devant les yeux ce qui doit arriver à l'Eglise et à notre « ordre : c'est pourquoi je ne puis et ne dois rien changer aux paroles de J. C. et n'en rien retrancher (1). »

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(1) Ego, beatissime Pater, præcepta aut verba illa in regula non posui, sed Christus, omnia utilia necessaria saluti animarum et fratrum, ac bono statui et conservationi Religionis melius omnibus novit, cuique omnia quæ ventura sunt in Ecclesia et Religione nostra, præsentia sunt el patent; non ergo debco nec possum Christi verba mutare, aut omnino abolere. Opusc. B. Franc., t. 3, colloq. 9.

On a toujours tenu la même conduite dans toutes les réformes que l'on a faites dans cet ordre pour le ramener à la perfection et spécialement dans l'ordre des Capucins. Un jour que le réformateur Matthieu de Bassy priait Dieu pour obtenir les grâces dont il avait besoin pour opérer la réforme, il entendit clairement et distinctement une voix du ciel qui lui disait : Matthieu, la volonté de Dieu est que tu gardes fidèlement la règle, que tu l'observes à la lettre, à la lettre, à la lettre (1). Les mêmes paroles furent dites à saint François à la naissance de son ordre (2).

La première chose à faire est donc d'observer la règle dans toute sa pureté, comme elle a été faite par le fondateur, qui a été choisi de Dieu pour cela, qui a reçu bien plus qu'un autre les lumières nécessaires pour arriver au but qu'il s'était proposé selon la volonté de Dieu ; on ne peut donc rien innover, sous quelque prétexte que ce soit, sans dénaturer ses desseins, ébranler son édifice, au moins suivant l'idée qu'il s'en était formée.

Il ne faut pas cependant blåmer les ordres mitigés, qui n'observent pas la première règle dans tous ses points, ni croire qu'on ne puisse y pratiquer la vertu et faire son salut; car comme tous les ordres religieux et toutes leurs règles prennent leur force dans l'approbation du Saint-Siége, qui a l'autorité et le pouvoir d'édifier, de détruire, de lier et de délier, d'adoucir et d'aggraver, d'ouvrir et de fermer le ciel; quand les souverains pontifes jugent à propos, pour de bonnes raisons, tirées soit de la faiblesse des corps, soit de la disposition des

(1) Matthae, hæc est voluntas Dei, ut Regulam perfecte observes, ad litteram, ad litteram, ad litteram. Annal. Capucin., anno 1524,

n. 57.

(2) Ibid., n. 58.

esprits, de la nature des lieux, soit pour rendre les choses plus stables et la régularité de plus longue durée, de relacher de la rigueur de la règle en quelques points, de la rendre plus facile, plus douce; on ne peut douter qu'un institut avec ces modifications et ces adoucissemens autorisés par les papes, ne soit bon et saint, qu'on ne puisse y vivre en toute sûreté de conscience, et y faire de grands progrès dans la vertu. Mais cependant il est vrai de dire que la chose n'est point aussi parfaite que si elle se fût conservée dans son premier état : de même que les eaux ne sont jamais aussi pures qu'à leur source.

Il faut 2o observer toutes les règles jusqu'aux plus petites, parce qu'elles sont toutes utiles et nécessaires pour le bien de l'État religieux et pour les religieux eux-mêmes. Quoique toutes les parties de notre corps ne soient pas également nobles, elles servent toutes, et ont toutes leur usage particulier, personne ne voudrait être privé de celle qui paraît la moins importante, pas même d'un ongle; il en est de même des règles : il est vrai qu'elles ne sont pas toutes de la même utilité, de la même nécessité, mais il n'en est pas une qui ne serve et ne contribue à sa manière au bien commun de l'institut, et en particulier à celui qui l'a embrassé; il faut donc les observer toutes. Quand, dans un édifice toutes les pierres grandes et petites sont parfaitement jointes et liées, on est assuré de sa solidité et de sa force parce que rien ne se détraque; de même si, dans la pratique des règles, on lie fortement ensemble les grandes et les petites pour l'édifice d'un institut, l'institut trouvera là sa force et le Religieux sa perfection.

Les Nazaréens de l'ancienne loi qui, selon saint Thomas (1), et avant lui saint Grégoire de Naziance (2)

(1) 2. 2. q. 186. a. 6.

(2) Orat. in Basil.

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