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LIVRE PREMIER.

DES RÈGLES ET DES VOEUX FONDAMENTAUX.

CHAPITRE PREMIER.

AVANTAGES DE L'ÉTAT RELIGIEUX.

Puisque Dieu m'inspire le dessein de parler de l'Etat religieux, je devrais commencer d'abord par en montrer l'excellence et les avantages; mais d'autres, avant moi, ont épuisé le sujet (1). Je ne ferai donc que l'effleurer; j'imiterai les géographes qni, dans leurs cartes, représentent avec quelques lignes et quelques points de vastes cités, de grandes nations.

me serait impossible de rapporter tout ce que les saints Pères ont dit avec tant de force et d'éloquence sur ce sujet; je citerai seulement quelques paroles de quelques uns d'entre eux.

Saint Augustin, ravi des perfections de l'État religieux, ébloui des rayons de sa gloire, avoue franchement qu'il n'a pas de paroles pour exalter son mérite. « Si je « veux, dit-il, louer cette vie, cet ordre, cet institut, je serai contraint de garder le silence; aucune expression ne peut faire comprendre sa dignité. (2).

(1) Platus. De bono statûs relig.

(2) Hanc vitam, hunc ordinem, hoc institutum si laudare velim, neque dignè valeo. Lib, de moribus Eccles., cap. 31.

TOM. I.

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Le chœur des Religieux et des Vierges, dit saint Jérôme, est comme une belle fleur, comme une pierre précieuse au milieu du trésor de l'Eglise sur lequel elle jette le plus vif éclat (1).

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Saint Grégoire de Nazianze (2) appelle les religieux les premiers de la religion, les couronnes de la foi, les brillantes perles de l'Eglise et les pierres mystiques de ce temple dont N. S. est le fondement et la pierre angulaire. Il dit ailleurs (3): Ces ames nobles et sublimes « mettent leur richesse dans la pauvreté, leur gloire dans les mépris, leur puissance dans leur faiblesse, leur fécondité dans leur virginité; ils font consister leurs plaisirs à s'abstenir des plaisirs de la terre; sont hum«bles pour le royaume des cieux; n'ont rien en ce « monde, parce qu'ils se sont élevés au dessus du monde; « ils vivent dans la chair dépouillés des sentimens de la chair, et Dieu seul pour leur héritage et leur « tout. »

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En rendant compte dans son Apologie (4) des raisons qui l'ont porté à se retirer dans la solitude il dit : « Il " est vrai, j'ai quitté le monde et je me suis retiré dans « ces lieux écartés, parce ce qu'il m'a semblé que rien " n'était plus désirable que de s'élever au dessus de la « chair et du monde, de ne toucher à rien des choses humaines qu'autant que la pure nécessité nous y force, ⚫et que là, recueilli et ramassé en soi-même, de parler « à soi et à Dieu dans le secret cabinet de son cœur, et par ce moyen vivre une vie supérieure à toutes les choses visibles, s'exposer sans cesse comme un pur miroir au soleil de la Divinité, recevoir ses rayons,

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(1) Certè flos quidam et pretiosissimus lapis inter ecclesiastica orna-` menta Monachorum et Virginum chorus est. Epist. ad Marcellam. (2) Orat. 9. (3) Orat. 12. (4) Orat. 1.

<< sa divine image sans les obscurcir et les souiller par

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le mélange des choses d'ici bas. » Dans l'oraison funèbre de saint Basile (1) il dit en peu de paroles beaucoup de choses: « Nos Nazaréens, c'est-à-dire nos Religieux, << sont la partie la plus choisie et la plus sage de l'Eglise, « si toutefois on doit regarder comme les plus sages « ceux qui s'éloignent du monde pour se rapprocher de « Dieu et consacrer toute leur vie à son service.

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Eusèbe de Césarée dit (2) que dans l'Eglise de Dieu on peut diviser en deux classes les fidèles qui veulent vivre selon la vertu. « Les premiers suivent les inclina<tions et les faiblesses de la nature : ils vivent dans le monde, dans l'état du mariage, remplissent divers emplois extérieurs avec la crainte de Dieu et font leur « salut. Les autres, s'élevant au dessus de la vie ordi<< naire et de la nature, vivent sans mariage, sans enfans, sans postérité, abandonnent la recherche des biens « de la terre et s'appliquent entièrement au culte de « Dieu. Ceux qui ont embrassé ce genre de vie sont «< comme retranchés de la vie mortelle : ils ont encore «< un corps, mais c'est un corps sans corps, leur esprit « et leurs pensées sont toujours au ciel, ils vivent comme

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de vrais habitans du ciel et méprisent la vie abjecte « et commune des habitans de la terre. Voilà, conclut Eusèbe, le genre de vie parfait que l'on trouve dans « l'état religieux. »>

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Synésius parlant des moines d'Egypte, dit: Ce sont des dieux revêtus de chair. Théodoret dit de même (3): ils mènent une vie élevée au dessus du corps et de toutes les choses de la terre, qui les rapproche de bien près de la vie des Bienheureux. Il le disait après saint Chrysos

(1) Orat. 20. — (2) Lib. 1. Dem. Evang., c. 8. (3) Theodor., lib. 1. Therapeut.

tôme, qui dans la troisième partie de son livre contre les calomniateurs de la vie religieuse, dit que bien loin. de blåmer les religieux, on doit au contraire les estimer beaucoup, puisqu'ils ont choisi une vie céleste et presque angélique.

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L'invincible et le savant confesseur de J. C., saint Théodore, abbé du fameux monastère des Studites de Constantinople, fait son testament au moment de sa mort et de plus sa profession de foi. Et quelles sont ses paroles?« Je confesse que l'état religieux est élevé, sublime, angélique, et que ceux qui l'embrassent expient tous leurs péchés par cette excellente vie (1). Je terminerai ces citations par quelques passages de saint Bernard. En parlant des religieux il s'écrie : « Quel << nom leur donnerai-je? Faut-il les appeler des hommes célestes ou des anges terrestres? Ils traînent leurs corps sur la terre, mais leur conversation est toute « dans le ciel (2). » Ailleurs, appelant tous les hommes, à l'invitation de N. S. qui compare le royaume des cieux au marchand qui cherche des pierres précieuses, et ayant trouvé celle qu'il désire, vend tout ce qu'il possède pour l'acquérir; il ajoute : « Mais quelle est donc,

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je vous prie, cette pierre d'un si grand prix, pour laquelle nous devons donner tous nos biens, c'est-à-dire jusqu'à nous-mêmes? N'est-ce pas l'état religieux ; « cette vocation pure, sainte, immaculée, où l'homme « vit plus purement, tombe plus rarement, se relève plus promptement, marche plus sûrement, reçoit

(1) Confiteor monasticum statum sublimem esse, et excelsum, et angelicum, qui et peccata omnia expurget absolutæ vitæ perfectione. Baron., anno Christ., 826. n. 6.

(2) Quos quo nomine appellem nescio, homines cœlestes, an angelos terrestres, degentes in terris, sed conversationem habentes in cœlis. Vel auctor ad frat. de monte Dei.

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plus de graces, dort avec plus de paix, meurt avec plus de confiance, passe avec plus de rapidité par le lieu de l'expiation, et est plus richement récompensé « dans le ciel (1).

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Il ajoute ensuite: «O Religion si admirable, si glorieuse, quel esprit pourra te comprendre, quel cœur pourra te sentir, quelle langue humaine pourra te cé«<lébrer dignement ? O religion, tu es plus brillante que

l'or, plus éblouissante que le soleil ! O religion que tu « es douce! O religion, il faut te chercher avec toute la « force de son cœur! O religion, tu es la demeure de « Dieu et de ses anges! O religion, tu es la vie bienheureuse, la vie des esprits célestes. La religion est un véritable ciel! O homme, fuis les hommes, embrasse la vie religieuse et tu seras sauvé (2).

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A toutes ces louanges, à tous ces éloges que S. Bernard et les autres Pères donnent à la vie religieuse, j'ajouterai qu'il en est un plus incomparable encore; c'est que l'Etat religieux seul applique l'homme tout entier et pour toujours au culte et à la gloire de Dieu; il le lie à son service et à son amour par les nœuds indissolubles des trois grands vœux ; il lui fait donner tout ce qu'il a ; il faut qu'il se dépouille de tout absolumeut et sans réserve. L'homme religieux donne à Dieu tous ses biens et toutes les choses extérieures par le vœu de pauvreté : son corps par le vœu de chasteté, et son ame par celui d'obéis

(1) Sed quæ est ista, quæso, tam pretiosa margarita ; pro qua universa dare debemus, id est, nosmetipsos? Nonne hæc religio sancia, pura et immaculata, in qua homo vivit puriùs, cadit rariùs, surgit velociùs, incedit cautiùs, irroratur frequentiùs, quiescit securiùs, moritur fidentiùs, purgatur citiùs, præmiatur copiosiùs? Hom. super. Simile est regnum cœl. hom. quær. bon. margar.

(2) O Religio gloriosa et mirabilis ! que mens cogitare, quis intellectus plenè cognoscere, quæ lingua humana te poterit sufficienter et

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