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à cause de la main qui les aurait données; ainsi nous devons aimer, vénérer et respecter nos règles, non seulement à cause des maux dont elles nous délivrent, et des biens qu'elles nous procurent, mais il est très juste aussi de les remplir avec un surcroit d'affection et de zèle, puisque nous savons qu'elles viennent de la majesté infinie du créateur de l'univers et du Dieu des souverains pontifes.

3o Le Religieux doit avoir à cœur d'observer ses règles, à cause de l'institut particulier auquel il appartient, et qui sans cela ne pourrait se soutenir; il a donc l'obligation la plus indispensable de lui conserver l'honneur et la vie. Cette communauté, comme une bonne mère, l'a porté dans son sein, l'a allaité de son lait, l'a élevé par ses soins, l'a vêtu de ses habits, l'a secouru dans tous les besoins de son ame et de son corps, lui prépare après sa mort un tombeau et les prières qui peuvent lui assurer le repos. Il semble en quelque sorte quelle lui répète ces paroles de la mère des Machabées, lorsqu'elle encourageait le plus jeune de ses enfans à tenir ferme dans la loi de Dieu et à ne la point enfreindre, malgré la rage du roi Antiochus et les tourmens qui lui étaient préparés: Mon fils, lui disait-elle, ayez pitié de moi; je vous ai porté neuf mois dans mon sein, je vous ai allaitė trois ans, je vous ai fait parvenir à l'âge où vous êtes (1). Mon fils! que ce nom est plein d'amour et de tendresse, qu'il a de force pour émouvoir un cœur qui n'est pas tout-à-fait dénaturé! Ayez pitié de moi. Ayez compassion de votre mère, en gardant les règles que je vous ai données, rappelez-vous que ma vie, ma gloire et ma force dépendent du soin que vous apporterez à

(1) Fili mi, miserere mei, quæ te novem mensibus in utero portavi et lac triennio dedi, et in ætatem istam perduxi. 2. Maccab. 7. 28,

les observer et de votre avancement dans la vertu. Si vous n'aimez pas votre institut, si vous n'accomplissez pas les lois que je vous ai prescrites, je languirai, je serai méprisée, je deviendrai un objet d'opprobre et de honte pour l'église, vous me ferez mourir. Rappelezvous, mon fils, que je vous ai porté un ou deux ans dans mon sein pendant votre noviciat, que je vous ai allaité par de bonnes et salutaires instructions, que je vous ai reçu comme membre de mon corps en vous admettant à la profession, que je vous ai fait héritier de mes biens, que je n'ai rien épargné pour vous dresser à la vertu et vous placer dans la voie du salut : reconnaissez tous ces soins et toutes ces peines, et ne soyez pas assez dénaturé pour ôter la vie à votre mère, ne la faites pas mourir.

Quel péché! quel crime de tuer sa mére! Il est si grand, que les législateurs n'ont point établi de supplice pour le punir soit, parce qu'il n'y en avait pas d'assez grand; soit parce qu'ils ont cru qu'il n'y aurait jamais d'enfans assez monstres pour se rendre coupables d'un crime aussi atroce. Moïse, le plus excellent des législateurs, ordonne que celui qui maudira seulement son père ou sa mère soit mis à mort (2). Il fit encore une loi sur ce sujet qui est très remarquable: si un enfant se rend rebelle aux volontés de son père ou de sa mère, et ne devient pas meilleur par leurs avertissemens et leurs corrections, ils le conduiront aux juges de la ville, et ils leur diront: Voici notre fils qui est insolent et rebelle; il dédaigne nos avertissemens, et il passe sa vie dans la débauche et dans la dissolution, et dans les festins; alors le peuple de cette ville le lapidera, et il mourra, afin

(1) Qui maledixerit patri suo vel matri, morte moriatur. Exod. 21. 17.

que vous ôtiez le mal du milieu de vous, et que tout Israël l'entende et soit saisi de crainte (1).

Le Religieux pesant solidement ces raisons doit donc prendre la résolution de s'attacher fortement et efficacement à l'observation des règles; qu'il s'applique à luimême ces paroles du Saint-Esprit parlant par la bouche du Sage: Mon fils, observe mes préceptes, et tu vivras ; garde ma loi comme la prunelle de ton œil; attache-la à ton doigt, grave-la sur les tables de ton cœur (2); t'efforçant de mériter véritablement le nom de régulier plus par les actions, que par ton état et ta profession. Qu'il écoute encore ces paroles de Baruch parlant de la loi de Dieu Tous ceux qui gardent la loi parviendront à la vie; ceux qui l'abandonnent, à la mort. Convertissezvous, ô Jacob, et embrassez la loi; marchez dans sa voie, à son éclat, à sa splendeur (3).

S III.

Des Infracteurs des Règles.

Nous avons montré l'obligation qu'ont tous les religieux de garder leurs règles; mais il n'arrive que trop

(1) Filius noster iste protervus et contumax est, monita nostra audire contemnit, comessationibus vacat, et luxuriæ, atque conviviis : lapidibus eum obruet Populus civitatis et morietur, ut auferatis malum demedio vestri, et universus Israel audiens pertimescat. Deuter. 21.18.

(2) Fili, serva mandata mea et vives, et legem meam quasi pupillam oculi tui, liga eam in digitis tuis, scribe illam in tabulis cordis tui. Prov. 1. 2.

(3) Omnes qui tenent eam, pervenient ad vitam; qui autem dereliquerunt eam in mortem : convertere, Jacob, et apprehende eam, ambula per viam ad splendorem ejus contra lumen ejus. Cap. 4. 1.

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TOM. I.

3

souvent qu'ils y sont infidèles, et il en est bien peu qui les observent parfaitement. Saint Bernard parlant des ecclésiastiques en général, et des règles que le grand Apôtre leur a données pour la conduite de leur vie, disait ce que les Religieux peuvent bien s'appliquer. « Où « est cette forme de vie? Où est cette régularité et ce « zèle pour les observances religieuses? Nous voyons « tout cela dans les livres, le voyons-nous dans les « hommes attachés même par des vœux (1). » Aussi est-il écrit du juste que la loi de Dieu est dans son cœur et non dans un livre (2). C'est pour cela que le même père gémit amèrement de ce qu'il y a si peu de Saints et de personnes parfaites. Il y a assez de Religieux de nom et d'habit, le monde en est plein; mais il est bien rare d'en trouver qui le soient de cœur et de vie.

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L'éloquent Salvien parle avec véhémence contre les religieux qui n'ont pour eux que le vètement qu'ils portent: « Ces religieux, dit-il, ou pour mieux dire, ces gens, qui sous un extérieur religieux sont, dans le fond, par leurs vices, de véritables séculiers; qui ont passé leur vie dans la débauche, et se retirent dans un lieu sacré, dont ils ne prennent que l'extérieur, ne changent rien à leur manière d'agir, ils changent seulement de profession; ils ont changé de nom, ont-ils changé de vie? Ils croient que le service de Dieu tient à la robe et non aux œuvres. Ils ont quitté le « vêtement mondain, ils n'en ont pas quitté l'esprit, « ils sont en religion, sans religion, ils ne gardent ni

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(1) Ubi forma hæc in libris cernimus eam, sed non in viris ; habes vero de justo, quia lex Dei ejus in corde ipsius et non in codice. Præf. in vit. S. Malachia.

(2) Psal. 36. 31.

«< ordre, ni règle (1). L'empereur Phocas dit dans un article de droit : « Je ne sais si nous devons appeler

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religieux ceux qui n'en ont que le masque, qui s'i

maginent que le changement d'habit leur donne la perfection de leur état; ils trompent l'idée qu'on s'était

«< formée deux, et démentent leur habit (2). ·

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On doit dire de ces Religieux ce que l'on disait autrefois de ces esprits fourbes et ambitieux qui, sans le mériter, voulaient passer pour philosophes, mais qui n'étaient philosophes que par la barbe et le manteau et nullement par les œuvres; aussi Hérode d'Attique disait en riant à l'un d'eux : « Je vois bien une barbe et un manteau, mais je ne vois point de philosophe (3). Quand je vois ce père ou ce frère, j'aperçois bien en lui la robe et l'apparence d'un religieux; mais je ne vois pas de religieux; il n'a pas l'esprit de son institut, il n'en observe pas les règles, cela seul fait le vrai religieux.

N. S. met d'abord le joug des règles sur les épaules de tous ceux qui entrent dans l'état religieux, afin qu'ils le portent pendant toute leur vie; il leur dit : Portez mon joug (4), et portez-le avec plaisir; car c'est de plein gré que vous avez voulu le recevoir. Mais quelque temps

(1) Religiosi, imo sub specie Religionis vitiis sæcularibus mancipati, qui scilicet post veterum flagitiorum probra et crimina titulo sanctitatis sibimet inscripto, non conversatione alii sed professione, nomen tantum demulavere non vitam, et summam divini cultas habitum magis quam actum æstimantes, vestes tantummodo exuere non mentem. Lib. 5 de Gubern. Dei.

(2) Nescio, an larvam appellem eos, qui habitus mutatione veluti signantur ad perfectam vitæ rationem, quia hanc expectationem fallunt, et habitui contradicunt. Novel. constit. anno Christi, n, 963. (3) Barbam et pallium video, philosophum non video. (4) Tollite jugum meum super vos.

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