Obrazy na stronie
PDF
ePub

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

"

[ocr errors]

plaies presque incurables, comme sont celles de l'ame, il n'en manquera pas pour celles du corps, bien plus faciles à guérir. Vous direz peut-être que Dieu, ayant donné la vertu aux simples et aux racines de la terre « de guérir nos maladies, et ayant communiqué aux médecins la science de nous secourir, il veut qu'on en << use dans le besoin. Je l'avoue; mais considérez pour qui Dieu a fait tout cela, c'est pour les infidèles qui ne le connaissent pas, pour les Chrétiens séculiers qui n'ont pas assez de courage pour se jeter à corps perdu entre ses bras, et s'abandonner entièrement à sa providence. Mais vous qui êtes religieux, qui avez des <«< liaisons si intimes avec Jésus-Christ, qui voulez être enfans de Dieu, dompter la nature, qui vous regar« dez comme voyageurs et passagers en ce monde, vous « devez avoir une foi bien plus vive, des pensées bien plus relevées que les autres, mener une vie toute spi« rituelle et dégagée du corps et des sens (1). »

"

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]

Il faut donc dans nos maladies, nous livrer aux sentimens d'une grande foi et d'une grande confiance, et s'abstenir des médecins et des remèdes. Il faut même pratiquer ces vertus lorsqu'on s'en sert, en voyant Dieu en eux, comme celui qui leur a donné toute leur force, qui agit en eux comme cause première et principale, et attendre de lui et non pas d'eux la guérison et la santé, suivant les paroles de l'Ecclésiastique: Rends au médecin l'honneur qui lui est dû, à cause de la nécessité; le Très-Haut l'a créé, car tout remède salutaire vient de Dieu; et le Très-Haut a fait sortir de la terre tout ce qui guérit (2). C'est donc de Dieu que vient la guérison;

(1) Homil. 48.

(2) Honora medicum propter necessitatem, etenim illum creavit Altissimus, à Deo est enim medela. Altissimus creavit de terra medicamenta. Cap. 38. v. 1.

il en est l'auteur, les médecins n'en sont que les instru

mens.

Quelquefois encore Dieu rend une personne malade ou valétudinaire, non pas tant pour la punir de quelque péché, ou lui faire acquérir quelque mérite, mais pour en tirer sa gloire. C'est ce que dit notre Seigneur de l'aveuglené Ni celui-ci, ni son père, ni sa mère n'ont péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui (1).

C'est principalement par ce motif que Dieu affligea Job. Et en effet, un homme patient dans ses maux, qui les supporte avec douceur, avec force et avec un esprit parfaitement soumis, est véritablement un grand instrument de la gloire de Dieu. « Quel trophée, dit Tertullien «en parlant de Job, Dieu a élevé en sa personne contre « le démon! Quelle victoire il a remportée sur l'ennemi de << sa gloire! A toutes les mauvaises nouvelles qu'on lui apportait, à tous les maux qu'il souffrait, il ne disait que ces mots : Dieu soit béni (2).

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Combien la gloire de Dieu éclate dans la force qu'il donne à de pauvres créatures. Le saint homme Etienne, anachorète, fut obligé, au rapport de Pallade (3), de subir une opération excessivemeni douloureuse pour extirper un chancre qui le rongeait; pendant que le chirugien lui faisait de larges incisions, il ne laissait pas de parler à ceux qui étaient présens et de faire des corbeilles de feuilles de palmiers; il souffrait ces cruelles taillades et ces violentes douleurs avec autant de fermeté et de repos que si son corps eût été le corps d'un autre, et sa

(1) Sed ut manifestentur opera Dei in illo. Joan. 9. 3. (2) Quale in illo viro feretrum Deus de diabolo extruxit? quale vexiltum de inimico gloriæ suæ extulit? Lib. de Patient. cap. 10. (3) Pallad. in histor. Lausiac. cap. 30.

chair aussi insensible que ses cheveux, tant la patience que Dieu lui donnait était extraordinaire et admirable.

La force de Dieu n'a pas moins éclatée dans un autre anachorète, nommé Benjamin (1). Après avoir passé quatre-vingts ans dans une vie irréprochable et toute sainte, après avoir reçu de Dieu la grâce de guérir toutes sortes de maladies, il fut lui-même malade et devint hydropique huit mois avant sa mort, mais avec des douleurs si excessives, qu'on pouvait bien le regarder comme le Job de son siècle. L'enflure était si prodigieuse et si démesurée, qu'on ne pouvait avec les deux mains enfermer son petit doigt; on fut obligé de lui faire une cellule très spacieuse où il demeura toujours assis pendant ces huit mois, supportant ces maux avec une patience invincible, et rendant grâces à Dieu de les lui avoir envoyés. Il disait à ceux qui le visitaient et qui avaient compassion de lui: Priez pour moi, mes enfans, afin que mon ame intérieure ne soit pas hydropique, car quant à ce corps que vous voyez, il ne m'a point été utile quand il s'est bien porté, et il ne m'est plus aussi nuisible depuis qu'il est malade. Mais pendant que ce nouveau Job était tourmenté par une maladie si étrange et incurable, il guérissait toutes celles des autres, quelles qu'elles fussent. Voilà le spectacle merveilleux qui montrait d'une manière si éclatante la force que Dieu peut communiquer à une pauvre créature. Lors donc que Dieu envoie des infirmités et des maladies pour ces motifs, les médecins y servent fort peu. C'est pourquoi il ne faut pas y mettre trop de confiance comme c'est Dieu qui blesse, c'est aussi lui qui doit guérir (2).

J'ai connu deux personnes de grande vertu et con

[merged small][ocr errors]

duites par les voies d'une haute perfection, qui éprouvaient souvent des maladies; les médecins n'y comprenaient rien, les remèdes ne servaient à rien, ils étaient plutôt nuisibles; elles étaient malades quelques jours, quelques semaines, jusqu'à ce que Dieu eût exécuté ses desseins et achevé son œuvre, et tout à coup elles recouvraient la santé.

Dans un fameux monastère de la Thébaïde où sainte Euphrasie, proche parente de l'empereur Théodose-leJeune, prit l'habit, lorsque les Religieuses tombaient malades, elles ne prenaient aucun soulagement, aucun secours tiré de la médecine; elles recevaient leurs maladies comme une grande grâce et une faveur signalée de Dieu; elles les supportaient sans y apporter aucun autre remède, jusqu'à ce que notre Seigneur les eût guéries.

Saint Eutychie, patriarche de Constantinople, le même que saint Grégoire-le-Grand retira de l'erreur où il était touchant la résurrection palpable de nos corps, fut visité par l'empereur Tibère pendant une grave maladie; l'empereur ordonna que ses médecins vinssent le voir et en eussent grand soin; mais il ne voulut pas s'en servir, et répondit par ces paroles de David: Dieu a portě le décret et sa parole ne passera pas (1). Dicu a commandé à la fièvre de tourmenter mon corps; elle le tourmentera tant qu'il le voudra, et il ajoutait : J'ai un médecin qui saura bien me guérir quand il lui plaira (2). Il fut quatre mois malade dans cette disposition, et mourut saintement (3).

(1) Præceptum posuit et non præteribit. Psal. 148. 6.
(2) Medicum habeo qui pro arbitratu suo medebitur.
(3) In ejus vita apud Sur. 6. April.

S VIII.

Motifs pour embrasser la pauvreté volontaire.

Premier motif. Notre Seigneur en a fait la première béatitude de la loi nouvelle, et il est la vérité même : Et ouvrant la bouche, il les enseignait, disant: Bienheureux les pauvres d'esprit (1). Saint Bernard, versant la douceur et la piété de son style sur ces paroles, dit : Elle a été véritablement ouverte la bouche de celui qui renferme tous les trésors de la sagesse et de la science; c'est en vérité la doctrine de celui qui dit dans l'Apocalypse: Voici que je renouvelle toute chose, et qui avait dit auparavant par son prophète : J'ouvrirai ma bouche et je vous ferai entendre des mystères cachés depuis le commencement du monde (2). Car, qu'y a-t-il de plus caché que ce mystère: La pauvreté est heureuse? Il est extraordinairement caché, et cependant c'est la vérité, qui ne peut ni tromper ni être trompée, qui dit : Bienheureux les pauvres d'esprit, et le Seigneur en fait une des huit béatitudes (3). La béatitude commence au juge

(1) Aperiens os suum docebat eos dicens: Beati pauperes spiritu. Matt. 5. 3.

(1) Verè apertum est os ejus, in quo omnes thesauri sapientiæ et scientiæ sunt reconditi, et verè ejus hæc doctrina qui in Apocalypsi loquitur, Ecce nova facio omnia, qui per Prophetam ante prædixerat, Aperiam os meum, enarabo abscondita à constitutione mundi. Ser. 1. in festo omnium Sanctorum. Coloss. 2. 3. Apoc. 21. 3. Matt. 13. 35. ex Psal. 71. vers. 2.

(3) Quid enim tam absconditum quàm paupertatem esse beatam? attamen veritas loquitur, quæ nec falli nec fallere potest, et ipsa est quæ dicit, quoniam beati pauperes spiritu. Ibid.

« PoprzedniaDalej »