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voulez pas ouvrir les yeux à la lumière, et un miracle ne servirait qu'à vous rendre plus coupables. Cependant, ce prodige que vous demandez, vous sera donné un jour.« Détruisez ce temple,» leur dit-il; et en parlant ainsi, il se désignait sans doute lui-même par un geste: tuez ce corps qui est le temple de la divinité (in quo inhabitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter); ou plutôt ce que je dis ici n'est pas une simple supposition, vous le détruirez en effet, ce temple de la Divinité, cruels persécuteurs; vous l'attacherez à la croix; mais ce sera pour votre confusion, car, « je le relèverai en trois jours; » trois jours après, je sortirai vainqueur du tombeau, et prouverai ainsi que je suis vraiment le Fils unique de Dieu.

En attachant Jésus-Christ à la croix, les Juifs ont aboli de fait l'ancienne théocratie dont le temple était le symbole, et la résurrection de Jésus-Christ devait être le fondement d'une religion nouvelle et plus parfaite, et dans ce sens encore Jésus-Christ pouvait dire qu'il élèverait un nouveau temple à tous les peuples qui seraient appelés à adorer Dieu en esprit et en vérité. C'est ainsi que Jésus-Christ dévoilait d'avance la profondeur des desseins de Dieu sur l'humanité, et proclamait le signe éclatant qui devait le faire reconnaître comme l'Envoyé de Dieu et le Réformateur du genre humain.

Les docteurs juifs n'étaient pas capables de comprendre le sens profond et mystérieux des paroles de Jésus-Christ, que ses disciples eux-mêmes ne comprirent bien qu'après la mort de leur divin Maître; mais les prenant, peut-être par mauvaise foi et malignité, dans le sens grossier et matériel qu'elles semblaient offrir au premier abord, « ils répliquèrent », d'un ton de sarcasme et d'ironie: « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et vous, vous prétendez le relever en trois jours!»-« Mais Jésus, observe l'Evangéliste, « parlait du temple de son corps. » On sait que,

Solvite templum hoc, et in tribus diebus excitabo illud. - 20. Dixerunt ergo Judæi : Quadraginta et sex annis ædificatum est templum hoc, et tu in tribus diebus excitabis illud? — 21. Ille autem dicebat de templo corporis sui.

plus tard, lors de la Passion, les Juifs abusaient encore de ces paroles de Jésus-Christ, pour l'accuser d'avoir menacé de détruire le temple.

Nous trouvons ici une précieuse indication chronologique. On sait que le temple de Jérusalem avait été reconstruit de nouveau par Hérode le Grand. D'après Josèphe (Antiq. XVIII, 10, 11), cette reconstruction commença l'an du règne d'Hérode, au mois de Kisley, ou octobre de l'an de Rome 734; il y eut donc 46 ans, à partir de cette reconstruction, au mois d'octobre 780, et la fête de Pâques, dont il est ici question, est celle qui eut lieu l'an 781, 28° de l'ère chrétienne, et qui tombait cette année le 30 mars, un mardi.

Le sanctuaire proprement dit fut achevé en dix-huit mois; les travaux du parvis et de leur portique durèrent trois ans; mais la reconstruction entière ne fut achevée que sous la procuration d'Albinus, l'an 64 de l'ère chrétienne, deux ans avant sa destruction.

L'abus sacrilége que Jésus fit cesser alors par cette action d'éclat, interrompu pendant quelque temps, finit par se renouveler plus tard, et nous verrons JésusChrist, quelque temps avant sa mort, montrer de nouveau le même zèle et la même indignation contre les profanateurs de la maison de son père.

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Lorsqu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se ressouvinrent de cette parole, et ils crurent à l'Ecriture et à ce qu'avait dit Jésus. » — « Or, Jésus demeura à Jérusalem durant les solennités pascales, qui duraient sept jours, par conséquent jusqu'au 6 avril, «et beaucoup crurent en lui, en voyant les miracles qu'il faisait,» miracles que les évangélistes n'ont pas jugé à propos de nous rapporter. « Mais Jésus ne se fait point à eux, parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin que personne lui rendit témoignage d'aucun

Jesus.

22. Cùm ergo resurrexisset à mortuis, recordati sunt discipuli ejus \ quia hoc dicebat; et crediderunt Scripturæ, et sermoni quem dixit 23. Cùm autem esset Jerosolymis in pascha in die festo, multi crediderunt in nomine ejus, videntes signa ejus quæ faciebat. 24. Ipse autem Jesus non credebat semetipsum eis, eo quod ipse nosset omnes; 25. Et quia opus ei non erat ut quis testimonium perhiberet de homine :

homme. car il savait lui-même ce qu'il y avait dans l'homme. » Son regard, qui pénétrait jusqu'au fond des cœurs, ne découvrait en eux qu'une foi faible, sans consistance, qui ne suffisait pas pour leur conversion complète et persévérante.

POLÉMIQUE RATIONALISTE.

1° Contradiction entre saint Jean et les Synoptiques. « Nous trouvons, dit Strauss, le même fait des vendeurs chassés par Jésus-Christ dans l'enceinte extérieure du temple, raconté par les Synoptiques (Matt., XXI, 12; Marc, XI, 15; Luc, XIX, 45), et avec des circonstances tellement semblables, qu'il est impossible d'y voir deux événements différents. Des deux côtés, même abus, même façon violente d'y mettre un terme, en chassant les gens, et en renversant les tables; même discours, au fond, pour justifier ce procédé, discours qui, s'il né renferme pas autant de paroles, chez Jean, n'en contient pas moins, chez lui aussi, une allusion à Isaïe (LVI, 7), et à Jérémie (VII, 2). De plus, ce qui paraît clair, c'est que les Synoptiques ne savent rien d'une aventure antécédente de cette espèce, pas plus qu'ils ne connaissent le premier séjour de Jésus à Jérusalem; de son côté, le quatrième Evangile garde un entier silence sur la dernière purification du temple, et place dans un temps antérieur le seul acte de cette espèce qui fût à sa connaissance. Enfin, il est invraisemblable que cet acte du Sauveur se soit renouvelé deux fois, à peu près avec les mêmes circonstances. Mais, s'il n'y a eu qu'un seul événement de ce genre, comment se fait-il qu'il soit placé par les uns, au commencement, par les autres, à la fin du ministère de Jésus-Christ? Comment concilier des différences chronologiques aussi énormes? »

Réponse. Il est vrai qu'un assez grand nombre de critiques protestants, tels que von Ammon, de Wette, Weisse, Néander, Gfrorer, Schweizer, etc., et même quelques exégètes catholiques, parmi lesquels nous

ipse enim sciebat quid esset in homine.

sommes fâchés de trouver le docteur Sepp, dans sa Vie de Jésus, prétendent que, dans ces diverses relations des évangélistes, il ne faut voir qu'un même fait, placé, par suite d'une erreur chronologique, à deux époques différentes; mais leurs raisons, dont nous venons d'offrir l'exposé, ne supportent pas une discussion sérieuse.

Malgré la prétendue ressemblance que l'on a cru trouver entre les deux relations, cette ressemblance n'est pas tellement grande qu'on ne remarque entre elles des différences assez graves. Dans le récit des synoptiques, Jésus se sert, contre les profanateurs, de paroles plus fortes et plus énergiques, qui montrent que l'indignation du Sauveur s'était accrue par le renouvellement de cet abus.: « Il est écrit, leur dit-il, que ma maison est une maison de prière, et vous en faites une caverne de voleurs. » Quand au résultat, la différence n'est pas moins remarquable. Dans saint Jean, Jésus est pris à parti par les Juifs, qui lui demandent de quel droit il agit ainsi, et il leur répond: « Détruiseż ce temple, et je le relèverai en trois jours; » dans les synoptiques, il n'est pas le moins du monde question de cet entretien. On peut donc conclure, avec toute raison, qu'il s'agit ici de deux événements différents. — «< Mais il est invraisemblable, que cet acte du Sauveur se soit renouvelé deux fois, presque dans les mêmes circonstances. » Tout au contraire, il est fort naturel que cet abus, après une interruption passagère, s'étant renouvelé, nécessitât une nouvelle entremise, de la part de Jésus, pour le faire cesser.

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« Les Synoptiques ne savent rien d'une aventure antécédente de cette espèce. » Le critique aurait dû se contenter de dire qu'ils n'en parlent pas. Au reste, le silence que gardent les Synoptiques sur la première purification du temple, n'offre rien d'étonnant à celui qui considère qu'elle a eu lieu dans une période de la vie de Jésus-Christ qui se trouve entièrement omise par les trois premiers évangélistes; et quant au silence de S. Jean, à l'égard de la dernière purification, il ne prouve pas, non plus, qu'il n'en ait rien su: son Evangile ne contient qu'un choix des principaux événements de la vie de Jésus-Christ, et, d'ordinaire, il passe sous

§ XXII. VENDEURS CHASSÉS DU TEMPLE. 9 silence ce qui se trouve déjà raconté dans les Evangiles qui ont précédé le sien.

2o « Quant à l'événement en lui-même, l'emploi d'un fouet, de la part de Jésus, semble offrir quelque chose de messéant et de contraire à la dignité du Sauveur. C'est un acte trop violent, et trop contraire à l'ordre, que de chasser les marchands du temple à coups de fouet. »>>

Rép. Tous les exégètes ne sont pas si délicats ni si susceptibles que nos superbes critiques. Beaucoup d'entre eux ne trouvent rien de choquant, ni d'invraisemblable à ce que Jésus-Christ, dans l'indignation toute sainte qui l'animait, ait employé le fouet, même contre les profanateurs du temple, et croient qu'il n'y a qu'une fausse délicatesse qui puisse s'en offusquer. Mais, pour rassurer nos critiques, nous leur dirons que le texte ne dit nullement que le fouet ait été employé à frapper les hommes, mais qu'il était probablement destiné à chasser les bêtes de somme. Il y a bien longtemps, déjà, qu'Euthyme a donné cette explication.

30 « Origène a trouvé incroyable qu'un seul homme, d'une autorité très-contestée, eût chassé, devant lui, sans résistance, une pareille foule d'hommes; aussi a-t-il invoqué la puissance supérieure de Jésus, à l'aide de laquelle il fut en état de dompter soudainement la colère de ses adversaires, ou de la rendre, du moins, inoffensive; et il a placé cette expulsion au nombre des plus grands miracles de Jésus-Christ. »

Rép. C'est, qu'apparemment, Origène n'éprouvait pas la même répugnance que nos modernes rationalistes à admettre en Jésus-Christ une puissance miraculeuse et surnaturelle. Nous avons déjà cité S. Jérôme qui nous dit qu'il sortait, sans doute, des yeux du Sauveur, des traits de feu, et des rayons tout célestes, et qu'il parut sur son visage quelque lueur de la Majesté divine. Il est très-permis, toutefois, au docteur Strauss, de n'y voir qu'un miracle de l'enthousiasme religieux, opéré par la force irrésistible avec laquelle les choses saintes, longtemps méprisées, se retournent parfois soudain contre leurs contempteurs.

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