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sommes fâchés de trouver le docteur Sepp, dans sa Vie de Jésus, prétendent que, dans ces diverses relations des évangélistes, il ne faut voir qu'un même fait, placé, par suite d'une erreur chronologique, à deux époques différentes; mais leurs raisons, dont nous venons d'offrir l'exposé, ne supportent pas une discussion sérieuse.

Malgré la prétendue ressemblance que l'on a cru trouver entre les deux relations, cette ressemblance n'est pas tellement grande qu'on ne remarque entre elles des différences assez graves. Dans le récit des synoptiques, Jésus se sert, contre les profanateurs, de paroles plus fortes et plus énergiques, qui montrent que l'indignation du Sauveur s'était accrue par le renouvellement de cet abus. : « Il est écrit, leur dit-il, que ma maison est une maison de prière, et vous en faites une caverne de voleurs. » Quand au résultat, la différence n'est pas moins remarquable. Dans saint Jean, Jésus est pris à parti par les Juifs, qui lui demandent de quel droit il agit ainsi, et il leur répond: « Détruisez ce temple, et je le relèverai en trois jours; » dans les synoptiques, il n'est pas le moins du monde question de cet entretien. On peut donc conclure, avec toute raison, qu'il s'agit ici de deux événements différents. — «< Mais il est invraisemblable, que cet acte du Sauveur se soit renouvelé deux fois, presque dans les mêmes circonstances. » Tout au contraire, il est fort naturel que cet abus, après une interruption passagère, s'étant renouvelé, nécessitât une nouvelle entremise, de la part de Jésus, pour le faire cesser.

« Les Synoptiques ne savent rien d'une aventure antécédente de cette espèce. » Le critique aurait dû se contenter de dire qu'ils n'en parlent pas. Au reste, le silence que gardent les Synoptiques sur la première purification du temple, n'offre rien d'étonnant à celui qui considère qu'elle a eu lieu dans une période de la vie de Jésus-Christ qui se trouve entièrement omise par les trois premiers évangélistes; et quant au silence de S. Jean, à l'égard de la dernière purification, il ne prouve pas, non plus, qu'il n'en ait rien su: son Evangile ne contient qu'un choix des principaux événements de la vie de Jésus-Christ, et, d'ordinaire, il passe sous

silence ce qui se trouve déjà raconté dans les Evangiles qui ont précédé le sien.

2o « Quant à l'événement en lui-même, l'emploi d'un fouet, de la part de Jésus, semble offrir quelque chose de messéant et de contraire à la dignité du Sauveur. C'est un acte trop violent, et trop contraire à l'ordre, que de chasser les marchands du temple à coups de

fouet. >>

Rép. Tous les exégètes ne sont pas si délicats ni si susceptibles que nos superbes critiques. Beaucoup d'entre eux ne trouvent rien de choquant, ni d'invraisemblable à ce que Jésus-Christ, dans l'indignation toute sainte qui l'animait, ait employé le fouet, même contre les profanateurs du temple, et croient qu'il n'y a qu'une fausse délicatesse quí puisse s'en offusquer. Mais, pour rassurer nos critiques, nous leur dirons que le texte ne dit nullement que le fouet ait été employé à frapper les hommes, mais qu'il était probablement destiné à chasser les bêtes de somme. Il y a bien longtemps, déjà, qu'Euthyme a donné cette explication.

3o« Origène a trouvé incroyable qu'un seul homme, d'une autorité très-contestée, eût chassé, devant lui, sans résistance, une pareille foule d'hommes; aussi a-t-il invoqué la puissance supérieure de Jésus, à l'aide de laquelle il fut en état de dompter soudainement la colère de ses adversaires, ou de la rendre, du moins, inoffensive; et il a placé cette expulsion au nombre des plus grands miracles de Jésus-Christ. »

Rép. C'est, qu'apparemment, Origène n'éprouvait pas la même répugnance que nos modernes rationalistes à admettre en Jésus-Christ une puissance miraculeuse et surnaturelle. Nous avons déjà cité S. Jérôme qui nous dit qu'il sortait, sans doute, des yeux du Sauveur, des traits de feu, et des rayons tout célestes, et qu'il parut sur son visage quelque lueur de la Majesté divine. Il est très-permis, toutefois, au docteur Strauss, de n'y voir qu'un miracle de l'enthousiasme religieux, opéré par la force irrésistible avec laquelle les choses saintes, longtemps méprisées, se retournent parfois soudain contre leurs contempteurs.

ENSEIGNEMENTS PRATIQUES.

v. 13. « La pâque des Juifs étant proche, Jésus monta à Jéru salem. » A l'exemple de Jésus-Christ soyons fidèles à la loi qui nous impose le devoir pascal.

v. 14, 15. « Il trouva dans le temple des vendeurs de bœufs et de brebis, etc., et ayant fait un fouet, avec des cordes, il les chassa, etc. » Hélas! que de chrétiens imitent la conduite des Juifs, et ne craignent pas de profaner le temple de Dieu par leurs causeries indécentes, etc...! Combien assistent froids et distraits à ces touchants mystères, qui transportent les esprits célestes d'étonnement, de vénération et d'amour, et semblent prendre à tâche de braver la Majesté divine jusqu'au pied de son trône! N'est-ce pas se moquer de Dieu que de venir commettre de nouveaux outrages au lieu même où l'on doit venir pour l'honorer, pour pleurer et expier ses fautes? Si Jésus a témoigné tant d'indignation contre les profanateurs du temple de l'ancienne loi, comment punira-t-il ceux qui osent profaner ce sanctuaire redoutable, où Dieu lui-même habite corporellement, où s'accomplissent de si profonds mystères, dont le premier n'était que l'ombre et la figure?

v. 16. « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Le temple est la maison de Dieu; c'est là qu'il réside au milieu de nous, comme sur un trône de grâce, aussi réellement présent dans l'humble église du hameau le plus obscur, que dans le temple somptueux des villes les plus populeuses; c'est là que le Dieu du ciel nous donne audience, qu'il écoute nos vœux, qu'il prête l'oreille à nos prières. C'est là que nous prenons part au banquet du Père de famille, qu'il nous fait goûter le repos après le travail, qu'il nous console dans nos peines, qu'il nous fortifie pour le combat, qu'il guérit les blessures de notre âme, qu'il nous abreuve à la source des joies célestes, etc... (S. Chrysost.)

v. 17. « Le zèle de votre maison me dévore. » Le zèle, mais un zèle ardent, dévorant, conduit, toutefois, et réglé par la sagesse de Dieu, doit être la vertu propre et caractéristique de l'apôtre, du pasteur des âmes. Lorsque le véritable amour de Dieu règne dans nos cœurs, il ne peut rester inactif, et se manifeste nécessairement au dehors par l'ardeur du zèle, qui n'est autre chose que le feu de l'amour divin. Lorsqu'une fois ce feu sacré vient à brûler dans un cœur, il tend sans cesse à se propager, à s'étendre, a embraser de ses ardeurs tout ce qui l'environne: les obstacles, loin de l'amortir, lui donnent, au contraire, une nouvelle force. Mais, pour que le zèle soit véritable et béni de Dieu, il faut qu'll ait Dieu pour principe. Celui qui n'est que le produit d'une humeur sauvage, d'un tempérament bilieux et emporté, révolte les

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S XXII. VENDEURS CHASSÉS DU TEMPLE. 11 pécheurs, et fait décrîer la religion. Le zèle qui vient de Dieu est sage, prudent, éclairé : à un zèle semblable, tout cède, rien ne résiste.

v. 18. « Les Juifs lui dirent: Quel signe nous montrez-vous, pour que vous fassiez ces choses? » Les incrédules demandent es preuves pour croire, et ils sont décidés d'avance à ne pas se aisser convaincre.

v. 19. « Jésus leur répondit : Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours. » Jésus, lorsqu'il est interrogé par l'incrédulité, la mauvaise foi, une vaine curiosité, ou l'orgueil, ne leur donne que des réponses obscures et énigmatiques; mais aux simples de cœur, il parle clairement, et leur accorde ce qu'ils demandent. Dieu proportionne ses lumières et ses grâces aux dispositions de notre cœur. Le miracle de la résurrection de Jésus-Christ est la preuve fondamentale de la vérité de la religion chrétienne. C'est quand l'Eglise paraît vaincue, paraît prête à succomber, qu'elle triomphe avec plus de gloire.

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v. 21. « Mais lui, parlait du temple de son corps. » Le corps de Jésus-Christ est le véritable temple de la Divinité ; c'est là que Dieu habite corporellement au milieu des hommes; c'est par l'Incarnation du Verbe divin que Dieu reçoit un culte digne de lui. Le corps du chrétien, consacré par le baptême, devient aussi le temple de Dieu, le sanctuaire où réside l'Esprit-Saint (1. Cor. VI, 19). « Si quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le perdra; car le temple de Dieu est saint, et c'est vous qui êtes ce temple. »

v. 22. « Lorsqu'il fut ressuscité d'entre les morts, ses disciples se ressouvinrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Ecriture. » Souvent la parole de Dieu est un germe déposé dans les cœurs, et qui portera son fruit plus tard.

v. 24. « Mais Jésus ne se fait point à eux, parce qu'il les connaissait tous. » Ne jugeons pas notre prochain témérairement et sans preuves, mais, si nous ne voulons pas être trompés, ne donnons toute notre confiance à un ami que lorsque nous l'aurons éprouvé. Sage défiance est mère de sûreté. Défions-nous, surtout, des caractères inconstants et versatiles, aujourd'hui tout de feu pour le bien, bientôt lâches et faibles à la première tentation. v. 25. « Il savait lui-même ce qu'il y avait dans l'homme. » Jésus connaît le secret des cœurs l'hypocrisie ne peut lui en împoser.

PROJETS HOMILÉTIQUES.

A. LA PURIFICATION DU TEMPLE, UN SYMBOLE DE LA PURIFICATION DE NOTRE COEUR.

1. Le cœur de l'homme est le temple de la Divinitė.

4) Dieu a voulu qu'on lui érigeât un temple au milieu de son peuple,

où il pût faire sa demeure, et se rendre propice à ceux qui voudraient l'y invoquer « Ascendit in Jerusalem; » 2) Dieu s'est également båti un temple dans le cœur de l'homme; il aime à y faire sa demeure, et à Y être adoré en esprit et en vérité; 3) mais, de même que les marchands et les acheteurs profanaient le Temple de Jérusalem par leur commerce sacrilége, ainsi le tumulte des pensées impures, des passions mondaines, etc., souille et profane le temple de Dieu qui est au dedans de nous : « Invenit in templo vendentes boves, et oves, et columbas, etc. »

II. La purification du temple de Dieu.

4) Elle a lieu par l'effet d'une puissance supérieure. Devant la puissance irrésistible du Sauveur, les profanateurs du temple reculent consternés..., la tentation et les péchés fuient et disparaissent : « Et cùm fecisset quasi flagellum de funiculis, omnes ejecit de templo; » -2) mais cette purification ne peut avoir lieu sans douleurs et sans sacrifices: « Nummulariorum effudit æs, et mensas subvertit, etc.; » 3) désormais, le temple de Dieu..., extérieur ou intérieur..., doit servir uniquement à la gloire de Dieu : « Zelus domus tuæ comedit me. »

III. Le purificateur.

4) Comme les Juifs, notre cœur, porté au péché, demanderait volontiers au Sauveur de quel droit il nous impose une violence pénible: « Dixerunt ei: Quod signum ostendis nobis quia hæc facis? - 2) Mais celui qui a la vie en lui-même, qui est la source de tout être et de toute vie, a bien le droit, en même temps qu'il a la puissance, d'arracher notre âme aux étreintes de la mort spirituelle, et de la rappeler à la vie : « Solvite templum hoc, et in tribus diebus excitabo illud; » heureux ceux qui croient en la rédemption de Jésus-Christ, non d'une foi faible et chancelante, qui ne va pas jusqu'à la pratique... : « Jesus non credebat semetipsum eis; » mais d'une foi forte, sincère, animée par la confiance et l'amour : « Crediderunt Scripturæ, et sermoni quem dixit Jesus. >>

B. PROFANATION DU TEMPLE.

I. Sainteté du temple de Dieu.

3)

1) En lui-même. a) C'est dans son enceinte sacrée que nous rendons à la Divinité le culté qui lui est dû; b) c'est là que se renouvelle tous les jours l'auguste sacrifice de la Croix, qui réconcilie le ciel avec la terre; c) c'est là que Jésus-Christ réside corporellement, sous les espèces sacramentelles, et qu'il se montre toujours prêt à écouter nos prières, à répandre sur nous ses consolations et ses grâces. 2) Par rapport à nous. Nous y trouvons tous les moyens de sanctification...; a) les prières, les chants divins qui élèvent notre âme vers Dieu, et nous remplissent d'affections pieuses; b) les sacrements qui sont les canaux par lesquels les grâces de la rédemption de JésusChrist coulent dans notre âme..., qui augmentent en nous la grâce sanctifiante, et nous la rendent, quand nous l'avons perdue; c) la

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