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tesse plusieurs fautes du Menagiana. Nous en avons donné des échantillons. Dans la seconde, il tombe à bras raccourcis sur le médecin hollandois, Helvétius, qu'il appelle l'imberbis, et il fait une peinture comique de l'académie de Ménage, qu'il appelle une ménagerie. L'abbé Cotin a donné le même nom à une satire contre Ménage, et c'est peut-être le seul ouvrage de Cotin que l'on recherche encore aujourd'hui.

On vit paroître en 1694, Menagiana, ou les bons mots, les pensées critiques, historiques, 'morales et d'érudition de M. Ménage, recueillies (sic) par ses amis, seconde édition, augmentée. Il n'y a point au titre premier volume. La même année il en parut un autre avec le titre de second volume. Quelques exemplaires de ce second volume portent 1695, et les libraires sont marqués comme demeurans rue Saint-Jacques, au-dessus de la rue des Mathurins, tandis que sur les autres exemplaires, qui portent 1694, ils sont dits demeurer devant l'église de Sorbonne. Au commencement du premier, on trouve un avis du libraire, où l'on annonce que le second volume s'imprime, qu'on ne répondra pas ici à l'extravagant auteur de l'Antimenagiana, etc. L'avertissement est changé en beaucoup d'endroits, et assez conforme à celui que M. de la Monnoye mit à la tête de son édition de 1715.

Plusieurs raisons me font croire que le premier Menagiana causa quelques désagrémens aux éditeurs. S'ils eurent quelque part à la seconde édition, ils ne s'en vantèrent point. Ce qu'il y a

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de sûr, c'est que le principal éditeur fut une espèce d'enfant perdu, un homme qui ne s'effarouchoit pas beaucoup du bruit; en un mot, le trop célèbre abbé Faydit, connu surtout par ses deux volumes de prétendues remarques sur Virgile, l'ouvrage le plus fou peut-être qu'on puisse lire, quoique l'auteur ne manquât ni d'esprit ni de connoissances. L'abbé Tricaud; dans ses essais de littérature de 1703, dit que l'abbé Faydit fournit en deux jours suffisamment de la matière pour composer les deux tiers du Menagiana de la seconde édition; qu'on juge, ajoute-t-il, de l'exactitude de ces ouvrages (des Ana); et où est l'homme un peu sensé qui voudroit faire fonds sur une pareille autorité. » Faydit lui-même convient, dans ses remarques sur Virgile, qu'il a eu une grande part au Menagiana. Je pourrois même prouver qu'il ne se borna pas au simple rôle d'éditeur. Dans plusieurs articles, on reconnoît parfaitement l'auteur des remarques sur Virgile; tels sont les grands éloges qu'on fait de Faydit et de ses vers latins, les déclamations indécentes contre le P. Bramanchelli, par lequel il entend le P. Malebranche, les longs articles de généalogies, surtout de familles d'Auvergne, pays de Faydit, etc., etc. Tout cela ne peut être de Menage, c'est du Faydit tout pur, et néanmoins M. de la Monnoye ne fait aucune remarque à ce sujet.

Quoique cette seconde édition du Menagiana soit augmentée de plus d'un volume entier, on y T. V. Septembre 1805.

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a cependant supprimé quelques articles qui ne se trouvent que dans le Menagiana de 1693. En revanche, il y a dans le Menagiana de 1694 quelques articles, en petit nombre à la vérité, que M. de la Monnoye n'a pas osé reproduire. dans le Menagiana de 1715. Dès 1693 on avoit réimprimé en Hollande le premier volume du Menagiana, et on y réimprima le second en 1695, sous le titre : Suite du Menagiana, ou bons mots, rencontres agréables, etc., de M. Menage, de l'Académie française (c'est une erreur ou bien une espèce d'épigramme de la part du libraire); à Paris, chez de Laulne (c'est encore une fausse indication); dans cette édition de Hollande, qui est en deux volumes, petit in-12, on a fait quelques changemens. En voici un bien remarquable. A la page 360 de l'édition véritable de Paris, après avoir parlé de l'ingratitude de la patrie envers les grands hommes, etc., Menage disoit : « Il s'en trouve des exemples de nos jours presque dans tous les états du monde ». Jusqu'ici les deux éditions sont conformes. Ce qui suit a été retranché dans l'édition de Hollande, par le moyen d'un carton, qui frappe d'autant plus, qu'il est en plus gros caractère, afin de regagner le terrain perdu. Voici ce qu'on lisoit : «Mais aucun pays ne nous en fourait davantage que la Hollande. On a vu périr Barneveld; MM. de With furent sacrifiés à l'ambition du prince d'Orange; Grotius l'échappa belle et l'on prétend que l'amiral Tromp a été empoisonné avec de la cervelle de chat. »

Cette dernière anecdote peut être un conte et historique et physique; mais on sent combien un pareil article devoit offenser les Hollandais. Ce carton prouve aussi qu'il y a une espèce de censure et d'inquisition pour les livres dans les pays les plus libres, et surtout dans cette république ; ce qu'on peut encore prouver par l'édition in-4°. qu'Elzevir donna des œuvres de Nicolas Clemengis, dont l'éditeur Lydius fut forcé, ainsi que le démontre la censure de la faculté de théologie de Leyde, signée Polyander et Episcopius, de ne publier l'ouvrage de Clemengis qu'emenda um ac castigatum; et comme il n'y a eu que cette édition des œuvres de Clemengis (édition trèsfautive), est-il surprenant que plusieurs mi nistres protestans aient avancé que Clemengis pensoit comme eux sur plusieurs points de théologie? On en avoit supprimé tout ce qui n'étoit pas dans l'esprit des prétendus réformés.

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Enfin parut l'édition de M. de la Monnoye en quatre tomes, sous le titre de troisième édition, plus ample de moitié et plus correcte que les précédentes; Paris, de Laulne, 1715, quoique le privilége soit de 1713, sur quoi j'observerai que le second volume du Menagiana de 1694, n'avoit eu réellement ni approbation ni privilége, puisqu'on le fit paroître à la faveur du premier privilége et de la première approbation du Menagiana de 1693. Cette augmentation de plus d'une moitié appartient entièrement à M. de la Monnoye. Pour mettre plus de variété dans l'ouvrage, il inséra parmi les anciens

articles, auxquels il fit les corrections et les additions qu'il crut nécessaires, des anecdotes trèspiquantes, des pièces de vers latins, français et même grecs, de lui ou de ses amis, des disser-' tations curieuses, des pièces très-rares ou inédites, etc. Ce n'est point ici le lieu d'entrer dans de plus grands détails, et de faire connoître tout le mérite de l'édition de M. de la Monnoye, quoiqu'elle ne soit pas exempte de fautes, ainsi que nous l'avons fait voir.

Plusieurs articles un peu libres ayant donné lieu à quelques plaintes, on força le libraire de mettre un grand nombre de cartons, et M. de la Monnoye se chargea lui-même de composer les nouveaux articles, que l'on peut voir dans la seconde partie des mémoires de Sallengre. Ils avoient paru sous le titre d'Indice expurgatoire du Menagiana, mais on en imprima très-peu d'exemplaires. Le libraire se hâtoit lentement, et vendoit toujours ses exemplaires non corrigés. Il arriva donc le contraire de ce qui arrive ordinairement, et les exemplaires corrigés du Menagiana sont infiniment plus rares que ceux qui sont sans les cartons. Je n'ai même jamais vu que de ces derniers; et c'est sans aucun fondement que M. d'Alembert, dans ses éloges des académiciens, dit que malgré ces amputations (il suppose donc qu'elles furent effectuées), le Menagiana, tel qu'il est, mérite d'être distingué de cette foule de compilations, etc. »

Le Menagiana de M. de la Monnoye a été réimprimé plusieurs fois; je ne parlerai point

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