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ton fils: c'eft lui, c'est Laufus qui combat! Mézence regarde, & reconnoît Phanor qui fe précipite vers lui. O Dieux! que vois-je ? Peuples fecourezmoi; jetez-vous dans l'arène, arracheż - mon fils à la mort !

Au nom de Laufus, Lydie fe renverse expirante fur les marches de l'amphithéâtre; fon cœur fe glace, fes yeux fe couvrent de ténèbres. Mézence ne voit que fon fils dans un danger inévitable; mille bras s'arment en vain pour fa défense: le monftre le pourfuit, & l'aura dévoré avant qu'on foit arrivé jufqu'à lui. Mais, prodige incroyable! bonheur inespéré ! Laufus, en se dérobant aux élans de l'animal furieux, le frappe lui-même du coup mortel ; & le fer dont fa main eft armée, fort fumant du cœur du lion. Il tombe, & nage dans les flots de fang que vomit fa gueule écumante. L'alarme univerfelle fe change en triomphe; & le peuple ne répond aux cris douloureux de Mézence, que

par des cris d'admiration & de joie. Ces cris rappellent Lydie à la lumière; elle ouvre les yeux; elle voit Laufus aux pieds de Mézence, tenant d'une main le poignard fanglant, de l'autre fon cher & fidèle Phanor. C'est moi, dit-il à fon père, c'est moi seul qui fuis coupable. Le crime de Phanor étoit le mien: c'étoit à moi à l'expier. Je l'ai forcé à me céder fa place ; j'allois mourir s'il m'eût résisté. Je respire, je lui dois la vie ; & fi votre fils vous eft cher encore, vous lui devez votre fils. Mais fi votre vengeance n'eft pas appaifée, nos jours font en vos mains; frappez: nous périrons ensemble; nos coeurs en ont fait le ferment. Lydie, tremblante à ce difcours, regardoit Mézence avec des yeux fupplians & remplis de larmes. La cruauté du tyran ne peut foutenir cette épreuve. Le cri de la naturę & la voix des remords font taire dans fon cœur la jaloufie & la vengeance. Il demeure long-temps immobile &

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muet, roulant tour à tour fur les objets qui l'environnent, des regards troublés & confus, où l'amour & la haîne, l'indignation & la pitié fe combattent & fe fuccèdent. Tout tremble autour du tyran. Laufus, Phanor, Lydie, un peuple, innombrable, attendent avec effroi les premiers mots qu'il va prononcer. Il fuccombe enfin, malgré lui, fous la vertu dont l'afcendant l'accable; & paffant tout à coup, avec une violence impétueuse, de la fureur à la tendreffe, il se jette dans les bras de fon fils. Oui, lui dit-il, je te pardonne, & je pardonne à ton ami. Vivez, aimezvous l'un l'autre. Mais il me reste encore un facrifice à te faire, & tu viens de t'en rendre digne. Reçois-la donc, dit-il avec un nouvel effort, reçois-la cette main dont le préfent t'eft plus cher que la vie : c'est ta valeur qui me l'arrache; elle feule pouvoit l'obtenir,

EVITEZ VITEZ les piéges des hommes dit-on fans ceffe à une jeune fille : évitez la féduction des femmes, dit-on fans ceffe à un jeune homme. Eft-ce le plan de la nature que l'on croit fuivre, en faisant d'un fexe l'ennemi de l'autre ? ne font-ils faits que pour se nuire ? font-ils deftinés à fe fuir? & quel feroit le fruit de ces leçons, fi -tous les deux les prenoient à la lettre?

Lorfqu'Elife fortit du couvent pour aller à l'autel époufer le Marquis de Volange, elle étoit bien perfuadée qu'après un amant, l'être le plus dangereux de la nature étoit un mari. Elevée par une de ces folitaires dont l'imagination mélancolique fe peint en noir tous les objets, elle ne voyoit pour elle, dans le monde, que des écueils, & que des piéges dans le ma

riage. fon ame délicate & timide fut d'abord flétrie par la crainte ; & l'âge n'avoit pas encore donné à fes fens P'heureux pouvoir de vaincre l'ascendant de l'opinion. Ainfi, tout fut pour elle, dans l'hymen, humiliant & pénible. Les premiers foins de fon époux, loin de la raffurer, l'alarmoient encore. C'est ainfi, difoit-elle, que les hommes couvrent de fleurs les chaînes de notre efclavage. La flatterie couronne la victime; lorgueil va bientôt l'immoler. On confulte aujourd'hui mes défirs, pour les contrarier fans ceffe. On veut pénétrer dans mon cœur, pour en développer les replis ; & fi on me découvre quelque foibleffe, c'est par-là même qu'on aura foin de m'humilier avec plus d'avantage. Gardons-nous bien des piéges qu'on nous tend.

Il eft aifé de prévoir l'amertume & la froideur que ce funefte préjugé répandit du côté d'Elife, dans leur commerce le plus intime. Volange s'aperçut de

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