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PANÉGYRIQUE

DE TRAJAN.

AVERTISSEMENT

SUR LA TRADUCTION

DU PANÉGYRIQUE DE TRAJAN.

Les qualités et les défauts de Pline le Jeune ont été convenablement appréciés dans les divers morceaux qui précèdent ses Lettres cependant j'ai cru devoir placer à la tête du Panégyrique de Trajan le jugement que Thomas en a porté dans son Essai sur les éloges. Personne n'a mieux senti combien l'ouvrage de Pline exprimait avec fidélité les habitudes morales de son siècle. Il faut en convenir, il y a dans ces remercîmens, si pleins de reconnaissance et de surprise, quelque chose qui révèle la longue servitude des Romains: à ces louanges fastueuses, qui s'efforcent de donner du prix et du mérite aux moindres actions de Trajan, on reconnaît le peuple instruit à la flatterie par le despotisme ombra

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geux de quatre empereurs : il est esclave encore en louant la liberté. Si l'on songe que mois après la mort de Néron, Othon acceptait, comme titre d'honneur', le nom de ce monstre, qui depuis a paru aux plus cruels tyrans une cruelle injure; si, en parcourant les Satires de Juvénal, on se retrace à l'esprit cette bassesse d'adulation où la fierté romaine s'était ravalée sous Domitien, alors même que les règnes de Vespasien et de Titus semblaient avoir dû rendre quelque générosité au caractère public, on s'étonnera moins que, parmi tant d'éloges prodigués sans pudeur à la puissance coupable, un homme de bien comme Pline le Jeune n'ait pas su louer un bon prince avec plus de mesure et de dignité.

On a reproché à ses Lettres de manquer de simplicité et d'abandon; mais elles paraîtront d'un naturel exquis, si on les compare au Panégyrique. Pline trouvait dans cet éloge d'apparat une matière assortie à son goût pour la parure du style: servi par les libertés du genre académique, il donne carrière à son esprit ingénieux, et accumule les oppositions, les alliances de mots, les tours symétriques, tous

1 Suet., Oth., c. 7.

les jeux du langage, avec un art qui ne se cache jamais, et qui, pour s'appliquer à une infinie variété d'objets, n'en fatigue pas moins par la monotonie des formes. Nous l'avons dit ailleurs, cette recherche n'ajoutait rien aux difficultés de la traduction; mais De Sacy rencontrait dans le tour plus soutenu et plus périodique des phrases du Panégyrique des difficultés nouvelles, qu'il n'a pas toujours vaincues. C'est à resserrer son style, à lui donner plus de fermeté et de précision que j'ai employé mes soins : je ne me flatte pas d'avoir tout corrigé; car toutes les fautes ne venaient pas de la négligence de l'écrivain, et l'obstacle était quelquefois dans la nature des choses. J. P.

SUR

LE PANÉGYRIQUE DE TRAJAN

PAR

PLINE LE JEUNE.

(THOMAS, Essai sur les éloges, chap. 14.)

PLINE est assez connu: on sait qu'il fut un des premiers

orateurs de son siècle. Il était trop vertueux pour n'avoir rien à craindre sous Domitien; mais la mort du tyran le sauva. Nerva et Trajan le chérirent; et, ce qui met le comble à sa gloire, il fut le rival et l'ami de Tacite. Tous deux également célèbres, et tous deux jouissant de la gloire l'un de l'autre, ils goûtaient ensemble, dans le commerce de l'amitié et des lettres, ce bonheur si pur que ne donnent ni les dignités, ni la gloire, et qu'on trouve encore moins dans ce commerce d'amourpropre et de caresses, d'affection apparente et d'indifférence réelle, qu'on a nommé si faussement du nom de société; commerce trompeur qui peut satisfaire les âmes vaines, qui amuse les âmes indifférentes et légères, mais repousse les âmes sensibles, et qui sépare et isole les hommes, bien plus encore qu'il ne paraît les

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