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que lui adressa ce même pape Alexandre III, écrite au plus tôt en 1161, prouve encore que Nicolas n'était pas cardinal, puisqu'il est recommandé aux archevêques de Sens et de Reims, ainsi qu'à Henri, comte de Troies.

Quoique l'on ne sache pas quelle fut l'époque de sa mort, il est certain qu'il vivait encore en 1204, puisque la chronique dont il est auteur va jusqu'à cette année; or, il est difficile de concevoir comment, vivant en 1204, il aurait pu être cardinal en 1145 au plus tard; et comment, étant élevé à cette dignité dès cette époque, le pape Alexandre III aurait écrit à l'archevêque de Reims, en 1162, pour lui faire avoir une prébende. D'ailleurs, Oldoin dit que le cardinal Nicolas était très-savant dans la langue hébraïque, et qu'il composa un ouvrage volumineux sur l'Écriture sainte. Cependant aucun auteur ne parle de Nicolas d'Amiens sous ces rapports. Ce n'est pas une preuve directe, on le sait, mais au moins c'est un indice qui, joint aux raisons données plus haut, ne peut que confirmer l'opinion où l'on est, que Nicolas d'Amiens n'est pas le même que le cardinal Nicolas, dont parle Oldoin.

On a cru encore que Nicolas d'Amiens était le même qu'un disciple de Gilbert de la Porrée, qui porte le même nom, et dont il est fait mention dans le second Voyage littéraire de deux bénédictins de Saint-Maur. « Parmi les livres de théologie, disent-ils, nous vîmes les commentaires de Gilbert de la Porrée sur les livres de la trinité par Boèce: son por trait est à la tête, et au-dessous on voit celui de trois de ses disciples. Celui d'un quatrième est dans la lettre initiale, avec cette inscription: Nicolaus qui pro dignitate sua arcanis Pictaviensis episcopi sententiis, ut digni intromittantur ad eas, lucem plena expositionis infudit.

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Il est très-probable que cette inscription regarde Nicolas d'Amiens, qui aurait alors composé des commentaires ou gloses, pour expliquer ce qu'il y avait de plus difficile à entendre dans la doctrine de l'évêque de Poitiers, son maître. On pourrait cependant présumer que Nicolas d'Amiens n'est pas le même que le disciple de Gilbert de la Porrée, et cela parce qu'on ne trouve rien, dans son Ars fidei catholicæ, qui ne soit très-orthodoxe, tandis que, s'il eût été effectivement disciple de Gilbert, il est difficile de croire qu'il n'eût pas adopté quelques-unes des erreurs de ce docte prélat, et qu'il n'eût point surtout partagé la coutume de ramener tout aux

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XII, p. 469.

opinions sophistiques de l'école; coutume qui était si universellement répandue dans le siècle où il vivait. Cependant l'évêque de Poitiers ayant reconnu et rétracté ses erreurs en 1148, environ quarante ans avant que Nicolas ait composé son Hist. Litt. t. traité, il aura pu se faire que celui-ci eût également renoncé alors aux erreurs qu'il partageait peut-être avec son maître. Comme aucun auteur ne nous apprend rien de bien positif sur la vie de Nicolas d'Amiens, nous allons donner ici l'analyse des deux lettres d'Alexandre III, où il est fait mention de cet auteur; elles pourront jeter quelque jour sur le rang qu'il occupait et sur son caractère.

D. Martenne,

La première, datée d'Anagni, le 2 des nones de mars, est adressée à Nicolas lui-même. Le pape y donne de grands éloges à son zèle, à la constance et à la fermeté de sa foi. « De Ampliss.collect., 1. II, p. 658. votionis tuæ constantiam et fidei firmitatem, quam circà sacro-sanctam ecclesiam et personam nostram multis rerum experimentis, et ipso effectu operis te habere cognoscimus, gratam acceptamque tenemus, et eam plurimùm in domino commendamus. Novimus enim qualiter propriæ persona minime, pepercisti et pro negotio ecclesiæ satis multum laborasti. Unde nos propositum et voluntatem habemus personam tuam, sicut specialem ecclesiæ filium, sincerá caritate in domino diligere, et petitiones tuas omni tempore exaudire. » Il poursuit en l'exhortant à ne pas s'écarter d'une si bonne route; à conserver toujours le même attachement et le même zèle pour la foi catholique; et il finit en disant : « Nos si quidem pro devotione tua, venerabilibus fratribus nostris Hugoni Senonensi, et S. (Samsoni) Remensi archiepiscopis, nobili quoque viro comiti Henrico, commendatitias litteras pro te destinamus. » Cette lettre ne peut avoir été écrite que vers le commencement du pontificat d'Alexandre III, puisque Samson, archevêque de Reims, est mort en 1161.

Ibid., t. II,

La seconde lettre, adressée à Henri archevêque de Reims, nous apprend qu'Alexandre avait écrit plusieurs fois à Ro- P. 744bert, évêque d'Amiens, pour lui faire nommer Nicolas d'Amiens à la prébende que Théodoric, son prédécesseur, lui avait promise. Il se plaint de ce que cet évêque n'a fait aucun cas de sa recommandation, quoique depuis cette époque deux prébendes eussent vaqué. Il était sur le point de lui en témoigner son mécontentement lorsque cet évêque mourut. Il conclut ainsi : « Fraternitati tue per apostolica scripta mandamus, quatinus prædictum Nicolaum infrà viginti dies post

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N" 6506.

harum susceptionem, in canonicum Ambianensis ecclesiæ recipi.... et si qua præbenda, priùsquam ibi episcopus substituatur, vacaverit, eam sibi nihilominùs nullius contradictione vel appellatione obstante concedas pariter et assignes.... Si autem antè substitutionem episcopi nulla præbenda vacaverit, etiam episcopum substitutum maturiùs exequi quæ tibi mandavimus auctoritate nostrá et tua compellas, et tam ei quàm canonicis districtè prohibeas ne antequàm Nicolaus præbendam habeat, aliquem in canonicum recipere vel in stallo ponere ulla ratione præsumant. »

Cette lettre, datée de Bénévent, le 6 des nones de juillet, aura été écrite au commencement de l'épiscopat de Henri; la précédente surtout fait connaître que Nicolas était déja fort considéré dans les affaires de l'église, et, dans la suite, le traité de Arte fidei aura nécessairement contribué à augmenter sa réputation.

Ce traité existe manuscrit in-4° à la Bibliothèque du Roi. L'écriture est du XIVe siècle, et d'un caractère tellement fin et serré, que tout l'opuscule ne se compose que de huit pages. On y remarquera sans doute le titre du prologue, ainsi conçu: Incipit prologus in Artem fidei editam a Nicolao andratium. La faute du copiste est ici évidente, et, d'autant, que l'auteur de ce traité est uniformément surnommé Ambianensis dans les Catalogues du Vatican, du roi d'Angleterre et de la reine de Suède, que Montfaucon a reproduits. La faute est corrigée de même au catalogue du Roi.

Le titre, Ars fidei catholicæ, fait assez connaître que le sujet traité est un abrégé, plutôt qu'un exposé complet de la foi catholique. L'auteur le dédie au pape Clément III, << parce que, lui dit-il dans sa dédicace, comme vous êtes le vicaire de Jésus-Christ et le successeur de S. Pierre, prince des Apôtres, et que vous devez désirer les progrès de la foi, il m'a paru convenable de placer votre nom à la tête de cet ouvrage, afin que l'autorité de vos vertus aille toujours en croissant auprès des personnes qui le liront..... »

Il divise ensuite son ouvrage en cinq livres, dont le premier traite de Dieu et de sa nature; le second, de la création du monde, de celle de l'ange et de l'homme; le troisième, de l'incarnation; le quatrième, des sacrements; et le cinquième, de la résurrection. Il dit, dans sa préface, que son but, en composant cet ouvrage, a été de remédier autant que possible aux maux de la chrétienté, causés en Occident par de nom

passage est

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breuses hérésies, et en Orient par l'islamisme. Ce celui de tous qui peut le mieux faire juger du style de l'auteur. Partes occidentales imperii tot sectarum corruptas he- Libr. 1, § XVII. resibus officiosissimè contemplatus, ægrè sustinui adeo invalescentem, merito peccaminum, in confessione christiani nominis corruptelam. Cùm ad instar cancri serpens et palàm jam se prodere non formidans ecclesiæ scandalum grave pariat et irreparabile detrimentum. Cæterùm terræ orientalis incolæ ridiculosa Machomet doctrinâ seducti, iis præcipuè temporibus non solùm verbis sed armis professores christianæ fidei prosequuntur. Ego verò cum viribus corporis non possim resistere, tentavi saltem rationibus eorum malitiam impugnare. » Du reste, son style est, en général, assez remarquable par sa concision: presque toujours il pose une proposition, et il en donne la raison, mais sans la développer d'aucune manière. Ainsi, dit-il, deum nullâ scientia sed sola deprehendimus fide. Telle est sa proposition, et en voici la preuve : nihil enim sciri potest, nisi possit intelligi. C'est ce qui fait que cet ouvrage paraît être plutôt un plan qu'une explication de la foi; aussi l'appelle-t-il Ars fidei, et l'on peut présumer qu'il n'a voulu seulement qu'indiquer les questions et les preuves, laissant à d'autres le soin de les développer. Ce qui le prouve encore, c'est que souvent il ne donne aucune preuve, mais il se contente de renvoyer à un chapitre ou à un passage de l'écriture sainte où elle doit

se trouver.

Nicolas d'Amiens est encore auteur d'une chronique qui commence à la création et finit à l'an 1204. Elle existe en manuscrit à la Bibliothèque du Vatican, qui possède aussi un exemplaire de l'Ars fidei catholicæ; mais on ne connaît à Paris aucun manuscrit de la Chronique. P. R.

Montf., Bibl. biblioth, p. 35, n° 100, p. 137,

E.

RIGORD,

HISTORIEN,

MORT VERS 1209.

RIGORD, en dédiant son livre au jeune Louis, fils de Philippe Auguste, se qualifie lui-même Goth de nation, médecin

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de profession, chronographe du roi des Français, et le plus petit des clercs du monastère de Saint-Denis l'aréopagite: magister Rigordus, natione Gothus, professione physicus, regis Francorum chronographus, beati Dionysii areopagita Scriptor. rer. clericorum minimus. On a lieu de penser qu'il était né vers Gallic., t. XVII, 1140; car il nous apprend qu'en 1205, il touchait à la vieillesse après avoir raconté, sous cette date, avec quelle solennité le roi Philippe offrit à l'église de Saint-Denis les reliques envoyées de Constantinople par Baudouin, l'historien remercie Dieu qui lui a réservé, pour le déclin de ses ans, le bonheur d'assister à ce spectacle. Benedictus Deus, qui mihi... Ibid., p. 60. ferè in senio jam existenti... videre concessit. Nous n'avons

p. I.

T. IV, p. 74.

p. 3.

De Hist. Lat.,

t. II, p. 41.

point de renseignements sur sa famille, ni même sur le lieu de sa naissance, sinon que c'était une ville ou un village du Bas-Languedoc c'est ce qu'il indique en se donnant la qualité de Goth. Il écrit son nom Rigordus; d'autres l'ont appelé Rigoldus, Rigoltus ou Rigottus.

Eloy, dans son Dictionnaire historique de la médecine, dit que Rigord se borne à prendre le titre de clerc de Saint-Denis cette remarque est fort inexacte, puisque Rigord s'est déclaré expressément médecin de profession. Comme il parle, dans sa préface, de sa pénurie, du besoin qu'il a éprouvé de pourvoir à sa subsistance, egestas seu rerum inopia, acquiScriptor. rer. sitio victualium, instantia negotiorum, il est permis de supGallic., t. XVII, poser que l'art de guérir avait été long-temps son unique industrie lucrative. Vossius, Oudin, Fabricius, et plusieurs div. II, c. 57. lexicographes le font médecin du roi de France : les preComment. de mières lignes que nous avons citées le diraient formellement scriptor. eccles., si, en changeant la ponctuation, on lisait physicus regis Biblioth. med. Francorum; mais, ainsi que l'a remarqué Sainte Palaye, le et inf. Lat., t. IV, mot professione, qui précède physicus, ne permet pas d'y Mém. sur Ri- rattacher regis Francorum; car on ne s'intitule point médegord, Acad. des cin du roi, de profession; et ce n'est qu'à l'emploi de chroinscrip., t. VIII, nographe ou historiographe que les mots du roi de France peuvent se rapporter. D'autres questions se sont élevées, celles de savoir si Rigord a enseigné l'art médical, et s'il a Note sur les continué de l'exercer étant moine. Lorry veut qu'il ait été Mém. d'Astruc. professeur, et le conclut du titre de Magister, appliqué au nom de Rigordus. Ce titre, suivant Lorry, ne se prodiguait point alors les moines ne le prenaient qu'en deux cas, lors qu'ils étaient prêtres ou lorsqu'ils donnaient des leçons publiques dans une école approuvée. Or, Rigord ne s'attribue

P. 92.

p. 529-536.

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