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Monseigneur Repelaet van Driel,

Ministre d'Etat.

Monseigneur,

HORACE écrivait sous la protection de Mécène ; je le traduis sous vos auspices: il devait sa fortune au Ministre d'un Empereur qui avait des fautes à réparer; je dois la mienne au Ministre d'un Roi qui ne s'occupe qu'à réparer celles des autres: vous imitez le Protecteur des arts, je cherche à reproduire le Poëte. Votre rôle MONSEIGNEUR est le plus honorable; mais je

serai content du mien, si l'on juge que j'ai rendu

les pensées de l'Écrivain aussi fidèlement que

vous retracez les actions de l'homme d'État.

Je suis,

Monseigneuv,

Avec le plus profond respect,

DE VOTRE EXCELLENCE,

Le très-humble et très-obéissant

serviteur,

L.-V. RAOUL

PRÉFACE.

HORACE ORACE est plus difficile à faire passer dans nos langues modernes que Juvénal et que Perse lui-même. Perse est le poëte de la raison; mais son style philosophique et serré, quoiqu'il offre des beautés du premier ordre, est en général sec et tendu, et sous ce rapport, l'imitation n'en est que trop aisée. Juvénal est le peintre des mœurs; son imagination vigoureuse et féconde ne s'arrête pas toujours dans les bornes marquées par un goût sévère; il surcharge ses tableaux; et l'effet de toute copie étant d'affaiblir les teintes il en peut résulter qu'au lieu de perdre, il gagne

à subir l'épreuve d'une version. Il n'en est pas de même d'Horace; on ne trouve en lui ni cette extrême concision qui permet d'étendre le texte, ni cette excessive abondance qui oblige à le resserrer. Il ne dit ni trop ni trop peu, et il n'est pas possible de mieux dire. Il faut le rendre tout entier, tel qu'il est, sans lui ôter, sans lui ajouter un mot. Ce n'est pas que son style ait rien qui éblouisse où qui étonne: au contraire, à une première lecture, il n'est personne qui d'abord ne se figure qu'il en eût dit tout autant et de la même manière; ce n'est qu'à l'épreuve qu'on revient de celte erreur et qu'on s'aperçoit qu'il y a dans ce ton, en apparence si simple, une grâce qui ne se traduit pas, et un naturel qui est la perfection de l'art. Voltaire seul était capable de mettre Horace en français, et de nous le montrer s'entretenant avec Auguste et Mécène, comme lui-même il conversait avec

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Frédéric et d'Argenson. Monsieur Daru sans doute n'est point dépourvu des qualités requises pour un tel travail; homme d'esprit et homme du monde, il entre habilement dans le génie de son auteur, il en conserve le tour libre et familier; c'est le sermoni propiora, le musa pedestris du satirique latin : mais il faut l'avouer, et l'écueil était presque inévitable, il abuse un peu trop de la permission d'approcher en vers du langage de la prose; il n'est point assez fidèle au costume; il ne respecte point assez l'ordre et le fonds des pensées d'un poëte qui n'a rien pensé, rien écrit au hasard; il ne fait point assez attention, que, s'il traduit pour ceux qui ne connaissent pas les usages de Rome, il écrit aussi pour ceux qui les connaissent. Rarement il conserve les noms propres ; quelquefois il en substitue de grecs à de latins; souvent il ajoute; plus souvent il retranche; presque

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