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raël. Consens à abandonner ton pays: ne le veux-tu pas ? Ne délibère plus, Rahab, s'écria Horam, ta vie en dépend. L'ennemi nous entoure: échappons à sa rage; je vais t'ouvrir le chemin. Et sans se donner le tems d'achever, il s'élance le premier dans le Jourdain. Me suivras-tu? ma bien-aimée, s'écrie vivement Issachar. Je veux te sauver; j'ai de la force pour tous deux. Voici les soldats qui approchent : nous n'avons plus qu'un instant. Si tu restes, je reste aussi, et je meurs avec toi. -Fuis, Issachar, lui ditelle, ils vont te saisir. Israël t'attend, Dieu t'appelle, sauve-toi, je te suivrai. - Il jette un cri de victoire, se précipite dans le fleuve, repousse d'un bras les vagues qui veulent l'entraîner, et tend l'autre à Rahab. Elle s'avance sur le bord du roc elle fait un mouvement, elle va tomber; mais les satellites du tyran, qui atteignent en ce moment le sommet du rocher, et qui tremblent de perdre leur dernière proie, crient en fureur: Rahab, Rahab, souviens-toi de ton père. A ce nom, la vertueuse cananéenne frémit de son oubli, s'arrête, voit son sort et n'hésite pas. Tombant à

genoux sur la pointe du rocher, les mains élevées

vers le ciel, elle offre sa vie à l'Eternel, jette un triste regard sur son amant qui se débat contre le fleuve, lui crie un dernier adieu, et tombe inanimée entre les mains des farouches soldats qui la chargent de chaînes en la menaçant. Cependant Issachar, en la voyant disparaître sans pouvoir seulement tenter de la défendre, se sent percé d'une si violente douleur, qu'il pâlit, perd ses forces et devient le jouet du fleuve impétueux. Mais le Tout-Puissant veille sur lui et commande aux flots de le porter sur la rive orientale où Horam l'attendait, et où, à force de soins, il parvient à le rendre à la vie.

L'infortuné Issachar arrive le lendemain au camp d'Israël, la chevelure en désordre et l'œil étincelant d'une sombre fureur. A la vue de ses frères, il déchire ses vêtemens, il se jette le visage contre terre et couvre sa tête de poudre ; il conte ses aventures et le sort de Rahab. Ce funeste récit excite l'indignation de toutes les tribus; elles poussent des cris de vengeance, et demandent à Josué de les mener au secours de la libératrice d'Israël. Le saint général les écoute, les arrête et leur ré

pond: Si Dieu veut que Rahab périsse, vos armes ne la sauveront pas; et pour la dé livrer, il n'a pas besoin de votre aide. Attendez donc, pour combattre, que l'Eternel ait parlé; et qu'il ne soit pas dit qu'Israël se, se soit armé pour une femme. J'irai donc seul, s'écrie impétueusement Issachar; car, je le jure par le Dieu vivant ! je ne la laisserai pas périr sans secours.-A ces mots, il se lève; une partie de Juda se range auprès de lui, impatiente de venger son injure. L'austère Horam lui-même, touché du sort de Rahab, s'avance à la tête d'Ephraïm. Josué, qui voit les enfans d'Israël prêts à se révolter contre lui, se prosterne devant eux dans la poussière, et s'écrie : O Dieu! prends pitié de ton peuple, car il va t'abandonner et mériter ta colère. →→ Alors on entendit un grand bruit; l'Eternel tonna.du haut des cieux, la terre s'émút et trembla, des nuées s'amoncelèrent auprès du tabernacle, semblables à un pavillon de ténèbres, et de leur sein, une voix éclátante comme l'orage, fit entendre ces mots : Approche-toi, Josué, et écoute ces paroles de l'Eternel, ton Dieu : Comme j'ai été avec Moïse, je serai aussi avec toi; que ces

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hommes-ci s'arrêtent donc, te craignent et t'obéissent; que fout Israël, soumis et pénitent, se sanctifie aujourd'hui. Demain je lui ferai voir des choses merveilleuses. Voici l'arche d'alliance du dominateur de toute la terre; elle va passer à travers le Jourdain, et les eaux se reculeront devant elle avec respect. Dieu ayant parlé ainsi, dissipa d'un souffle, les tourbillons dont il était enveloppé. Son visage parut comme une flamme ardente. Il étendit la main vers son peuple, qui demeurait le front attaché contre terre. Alors l'incrédulité et la rébellion abandonnèrent tous les cœurs; et l'Eternel ordonnant aux vastes cieux de venir à lui, ils s'abaissèrent pour le recevoir dans leur sein; et toutes les choses arrivèrent ainsi qu'il l'avait dit.

FIN DU TROISIÈME CHANT.

CHANT IV.

Le lendemain, Josué, inspiré par l'Eternel, envoya des hérauts dans toute l'étendue du camp, annoncer aux douze tribus de se préparer, selon qu'il l'ordonnerait, pour la cérémonie du passage du fleuve, afin que la pompe solemnelle et l'appareil magnifique présidassent au grand jour qui coinmençait. Les lévites, chargés de porter l'arche sacrée, ouvraient la marche, revêtus de longs habits de lin. Le saint pontife, Eleazar, marchait à leur tête. Autour d'eux, des chœurs de jeunes hommes et de jeunes filles chantaient des cantiques sacrés. Une foule innombrable de soldats rangés en colonnes, à droite et à gauche du Saint des saints, remplissait un espace de quatre mille coudées ; et dans cet ordre admirable, Israël arriva tranquillement au bord du Jourdain.

C'était le tems où le fleuve grossissait par la fonte des neiges des montagnes du Liban; mais les lévites, loin d'être ef

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