D. Qu'entendez-vous par les hérétiques? R. J'entends ceux qui enseignent une autre doctrine que celle de l'Eglise, et qui s'y attachent opiniâtrément.

D. Qu'entendez-vous par les schismatiques? R. J'entends ceux qui se séparent de l'Eglise, et qui forment une société à part.

D. Vous dites que la vraie Eglise est unique; cependant on distingue plusieurs Eglises, celle de Paris, celle de Rouen, et une infinité d'autres; comment accorder cela?

R. C'est que toutes ces Eglises particulières sont réunies en un seul corps, et par leur union elles ne composent qu'une seule et même Eglise, qu'on appelle l'Eglise universelle ou catholique.

D. Comment toutes les Eglises particulières, et tous les fidèles répandus sur la terre ne font-ils qu'un seul et même corps? R. En quatre manières.

D. Qu'elle est la première?

R. C'est en ce qu'ils professent tous une même foi; c'est-à-dire, qu'ils croyent les mêmes vérités.

D. Qu'elle est la seconde ?

R. C'est qu'ils participent tous aux mêmes Sacremens.

D. Comment! c'est dans tout le monde le même Baptême, la même Eucharistie, la même Péniteuce, et ainsi des autres Sacremens?

R. Oui; on reçoit partout les mêmes.

D. Qu'elle est la troisième manière dont

toutes les Eglises catholiques du monde et tous les fidèles ne forment qu'un même corps?

R. C'est qu'ils ont entr'eux une société et communauté de prières.

D. En quoi consiste cette société et com munauté de prières?

R. Elle consiste en deux choses: 1° En ce que les fidèles, quelqu'éloignés qu'ils soient de leurs frères absens, prient tous les uns pour les autres. 2o En ce qu'ils prient tous ensemble dans les mêmes lieux.

D. Qu'entendez vous quand vous dites que les fidèles prient tous ensemble dans les mêmes lieux?

R. J'entends qu'en quelque pays où nous allions, s'il y a des catholiques, nous nous assemblons avec eux dans les mêmes Eglises. Au lieu que nous ne prions pas avec les hérétiques et les schismatiques, parce qu'ils ne sont pas unis de communion avec nous.

D. Quelle est la quatrième manière dont toutes les Eglises du monde ne font qu'un seul corps?

R. C'est qu'elles n'ont toutes qu'un même chef invisible, qui est J.-C., et un même chef visible, qui est le pape.

D. Qu'est-ce que le pape?

R. C'est le premier vicaire de J.-C. sur la terre, et le successeur de saint Pierre.

D. Les fidèles ont plusieurs évêques; ils ont donc plusieurs chefs visibles?

R. Quoiqu'il y ait plusieurs évêques, il y en a un qui est le premier de tous; savoir: l'évêque de Rome, ou le pape.

D. C'est donc du pape que les autres évêques reçoivent leur autorité?

R. Tous les évêques étant les successeurs des Apôtres, qui ont été institués immédiatement par J.-C., ils tiennent aussi leur autorité immédiatement de J.-C.; mais J.-C. a voulu qu'entre les Apôtres et entre les évêques qui leur ont succédé, il y en ait un qui soit le premier.

D. Pourquoi cela?

R. C'est pour marquer sensiblement l'unité de la vraie Eglise par l'unité de son chef visible, et pour établir dans son Eglise un centre de communion.

D. N'y a-t-il

de J.-C.

que le pape qui soit vicaire

R. Tous les évêques et les prêtres même sont aussi vicaires de J.-C., selon le degré de leur ordre et de leur jurisdiction; mais le pape est le premier de tous.

CHAPITRE XLIII.

Second caractère de l'Église, la Sainteté.

D. Vous venez de nous faire voir que l'unité est la première marque de la vraie Eglise ; dites-nous maintenant quelle est la seconde? R. C'est la sainteté.

D. Pourquoi dites-vous que l'Eglise est sainte?

R. Je dis que l'Eglise est sainte pour quatre

raisons: 1° Parce qu'elle a pour chef JésusChrist, qui est la sainteté même. 2o. Parce que sa doctrine est sainte et ne tend qu'à faire des Saints. 3°. Parce que ses Sacremens sont saints et ont la vertu de sanctifier ceux qui les reçoivent dignement. 4o. Parce qu'il n'y a de Saints que dans sa communion.

D. Y a-t-il toujours des Saints dans l'Eglise?
R. Il y en a toujours eu, et il y en aura

toujours.

D Prouvez-moi qu'il y a toujours des Saints dans l'Eglise.

R. J.-C. a promis que le St-Esprit demeurerait toujours dans l'Eglise. Or, le St-Esprit ne peut pas y être sans y former des Saints.

D. Apportez-moi encore d'autres preuves. R. Saint-Paul dit que Jésus-Christ s'est livré à la mort pour sanctifier son Eglise. Or, Jésus-Christ n'est pas mort en vain ; il y aura donc toujours des Saints dans l'Eglise.

D. N'y a-t-il pas aussi des Saints hors de la vraie Eglise ?

R. Il n'y en a point, et il ne peut y en avoir. D. Pourquoi ?

R. Parce que pour être Saint, il faut être animé de l'esprit de Jésus-Christ.

D. Jésus-Christ ne peut-il pas répandre son esprit hors de l'Eglise ?

R. Comme notre âme n'a d'influence que dans notre corps, ainsi l'esprit de J.-C. n'anime que son corps, qui est l'Eglise.

D. N'y a-t-il pas, dans l'ancien Testament, quelque figure de cette vérité?

R. Oui; comme tous ceux qui n'entrèrent pas dans l'arche de Noé périrent par les eaux du déluge; de même ceux qui ne sont pas dans l'Eglise périrout éternellement.

D. Mais ne voit-on pas des payens et des hérétiques qui pratiquent la vertu ? Comment dites-vous donc qu'ils ne sont pas saints?

R. Toutes les vertus des payens et des hérétiques n'ont qu'une apparence de vertu, parce que la foi en Jésus-Christ et sa grâce n'en sont pas le principe.

D. Est-ce que la grâce de Jésus-Christ n'est pas donnée aux payens et aux hérétiques ?

R. Quand Jésus-Christ touche par sa grâce les cœurs des infidèles ou des hérétiques, c'est pour les amener à la foi, pour les retirer des ténèbres du paganisme ou de l'hérésie, et pour les incorporer à son Eglise, hors de laquelle il n'y a point de salut.

D. N'y a-t-il que des saints dans l'Eglise ? R. L'Eglise sur la terre, est mêlée de bons et de méchants.

D. A quoi Jésus-Christ la compare-t-il ? R. A un champ où il y a de bon grain et de l'ivraie; à une aire où il y a de la paille et du grain. (Math. 13, 25 et suiv. Luc, 3, 17.)

D. Le nombre des méchants est-il bien grand dans l'Eglise ?

R. Oui, il est plus grand que celui des bons. Il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus, dit Jésus-Christ. (Math. 22, 14.) D. Les méchans étant en plus grand nombre, comment pouvez-vous dire qu'elle est sainte ?