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V. ÉPOQUE.

Consulat et Empire de Bonaparte du 18 novembre 1799 au 11 avril 1814.

Le 18 brumaire an 8 (8 novembre 1799,) Bonaparte revenu d'Egypte au moment où l'on s'y attendait le moins, renversa en un instant l'effroyable colosse élevé, par tous les crimes réunis, sur les ruines de la religion et de la monarchie.

ART. 41.

Bonaparte à l'Institut. Curieux.

Cet homme extraordinaire avait été reçu membre de l'Institut, le 25 décembre 1797, après ses victoires d'Italie. Sa lettre de remer címent fut ainsi conçue:... « Citoyen Président, >> le suffrage des hommes distingués qui com» posent l'Institut m'honore : je sens bien qu'a»vant d'être leur égal, je serai long-temps leur » écolier. S'il était une manière plus expressive » de leur faire connaître l'estime que j'ai pour >>eux, je m'en servirais. Les vraies conquêtes, >> les seules qui ne donnent aucun regret, sont >> celles que l'on fait sur l'ignorance: l'occupa» tion la plus honorable comme la plus utile » pour les nations, c'est de contribuer à l'ex>> tension des idées humaines. La vraie puis»sance de la république française doit consister » à ne pas permettre qu'il existe une seule idee »> nouvelle, qui ne lui appartienne.»

Le Moniteurdu 15 nivose an 6(4 janvier 1798,) dans lequel on trouve cette curieuse lettre, dit

D

en rendant compte de la séance de l'Institut où Bonaparte fut reçu ... « Que cet homme ex»traordinaire dont le citoyen (membre de » l'Institut et de la Chambre des pairs) a si bien >> dit, dans la même séance, que c'était un philosophe qui avait paru un moment à la tête » des armées, fit cette réponse en Italie, à des » généraux qui lui demandaient quel serait l'ali>> ment de son âme active, lorsque la paix l'au>> rait rendu à ses foyers.... Je m'enfoncerai dans » une retraite, et j'y travaillerai à mériter un » jour l'honneur d'être de l'Institut.... Ce jour» nal dit... qu'il est arrivé à la séance sans faste, » ya assisté avec modestie, et a reçu avec désin>> téressement les éloges qui lui ont été prodi» gués.... Un poëte, M. ***, lui a présagé la dé >> faite de l'Angleterre.... L'étranger a pu juger. » que cette guerre serait vraiment nationale, et >> que la ruine d'Albion seule y mettrait un

>> terme. >>

Bonaparte, ce philosophe si modeste et si désintéressé, après avoir détruit la république et ses constitutions, s'occupa peu de l'instruction publique dans sa nouvelle Constitution. De toutes les laborieuses constructions du philosophisme, il ne consacra que l'Institut. Le reste appelait de nouveaux architectes: ils sont désignés par lui, et se mettent à l'ouvrage.

ART. 42.

29. Plan. Prytanées.

Le 22 mars 1800, Lucien Bonaparte, ministre de l'Intérieur, fait approuver par les Consuls dont son frère était le maître, la di

vision du prytanée, fixé à Louis-le-Grand pour les enfants de la patrie, en quatre prytanées. Six jours après l'on y en joignit un cinquième pour Bruxelles. Le collégé de Louis-le-Grand, conservé d'abord sous le nom de collège de l'Egalité, puis sous celui d'Institut central des boursiers, fut converti le 2 juillet 1797 en prytanée. En proposant ce changement, Lucien Bonaparte dit: ... « Que depuis la suppression >> des corps enseignans, l'instruction était à peu »près nulle en France. >>

Le 24 décembre 1799, les fêtes républicaines instituées pour être l'une des bases de l'éducation, furent réduites à deux, celle du 14 juillet 1789, et celle du 1.er vendémiaire, jour de la fondation de la république, une, indivisible et impérissable. Bonaparte devenu le maître absolu, crut néanmoins devoir conserver encore quelque temps le nom de république.

ART. 43.

30. Plan. Écoles communales.

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Vers la fin de 1800, M. ***, l'un des architectes désignés par Bonaparte, présenta un nouveau plan d'éducation; il loua le génie de ses devanciers depuis 1789, avoua l'inutilité de leurs travaux, et donna pour base à son projet une profession de foi philosophique.... Il répéta comme les autres: ... « Que l'éducation » publique était presque nulle partout,... que >> presque partout les écoles centrales étaient » désertes. » Il proposa des écoles municipales depuis six ans jusqu'à 12, et qui seraient confiées à des maîtres d'école. — Des écoles com

munales ou espèces de colléges avec cinq instituteurs et un directeur qui devait donner des leçons de morale deux fois par décade. - Des écoles spéciales de législation, d'agriculture, de médecine, d'art vétérinaire, de beaux arts, d'arts mécaniques et chimiques, d'histoire naturelle, de littérature, des hautes sciences et des langues vivantes, etc., etc.... En parlant des anciennes écoles, l'auteur avoue... « qu'on » ne peut nier que la méthode d'enseigner n'y » fut admirable. » Son plan eût le sort de tant

d'autres.

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Quelque temps auparavant, M. *** régicide trop célèbre, avait écrit à Bonaparte pour lui demander un systême complet d'institutions républicaines,... en lui disant : attaché depuis long-temps à votre renommée philosophique, » et à votre gloire militaire, je n'ai pas attendu » que vous soyez puissant pour publier mon opinion sur vos vertus civiques qui doivent fixer les idées et nourir l'espoir des vrais ré»publicains. » (Fait assez curieux.)

ART. 44.

31. Plan. Religion appelée au secours.

Le 4 avril 1802, le ministre Portalis, en présentant au tribunat le concordat de 1801, dit au nom des departements:... «Il est temps que >> les théories se taisent devant les faits ... point » d'éducation... sans religion:... l'instruction >> est nulle depuis dix ans ;... toute la France >> appelle la religion au secours de la morale et » de la société.... Que cette religion, qui a ci2. vilisé l'Europe,... et ses vertus soient toujours

» associées aux lumières qui nous éclairent. » Les révolutionnaires eux-mêmes applaudirent ou se turent. Tout changea de face et de langage. Le concordat promptement exécuté faisait espérer que la religion sans laquelle il n'y aura jamais de véritable éducation, allait en redevenir l'âme et le principe. Vain espoir! En opérant brusquement un changement extérieur, presqu'incroyable, il eut fallu pouvoir encore changer les cœurs. Le sabre de Bonaparte ne suffisait pas pour opérer ce prodige.

ART. 45.

32. Plan. Lycées. Bourses. Éloges.

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Le 20 avril 1802, M. ***, Conseiller d'État, rédige par ordre de Bonaparte, présente et fait adopter au tribunat, et au corps législatif muet, un nouveau plan d'éducation. L'on y retrouve des écoles primaires, secondaires, - spéciales, et, de plus, des lycées égaux en nombre aux cours d'appel avec 6400 bourses où pensions, moyen jugé le plus sûr pour avoir des élèves; trois écoles de médecine; une école militaire; liberté d'établir des écoles secondaires avec l'autorisation du Gouvernement, et la surveillance des Préfets.... M.***, orateur du tribunat au corps legislatif, dit que ces encouragements allaient donner aux études en France une activité qu'elles n'avaient jamais eue que dans la capitale. (Il ne fut point prophète) Un orateur du Gouvernement ajouta... que la philosophie qui rétablissait l'instruc» tion avait aussi rappelé la religion. » ( L'on ne s'en serait probablement pas douté.) Quoiqu'il

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