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l'Evangile, le pardon n'est accordé à l'enfant prodigue que parce qu'il est de retour à la vertu : Il était mort, et il est revenu à la vie... L'amour du père de famille a pressenti la régénération morale de son enfant, et, quoiqu'il n'ait pas entendu la résolution touchante que le fils a prise dans la misère et dans la solitude << d'aller trouver son père, et de s'humilier devant lui », cependant, dès qu'il le voit de loin, il sait son repentir, il court à lui, et il l'embrasse. Et ce qu'il y a de beau dans ce pardon si soudain à la fois et si juste, c'est que la clémence paternelle est, dans l'Evangile, le symbole de la clémence divine. Pour faire comprendre la miséricorde infinie de Dieu à notre égard, l'Evangile n'a pas cru pouvoir la comparer mieux qu'à la clémence d'un père, et en même temps il explique, par cette belle histoire, comment il entend le cœur d'un père à qui le repentir suffit sans l'aveu, et qui, comme Dieu même, entend le pénitent avant qu'il ait parlé. Aussi, point de dialogue entre le père et le fils, point d'explications; tout s'accomplit dans un muet et profond embrassement. Dans cette parabole, les deux sentiments du cœur humain qui ont entre eux une secrète et divine sympathie, la clémence et le repentir, sont élevés au plns haut degré de perfection qu'ils puissent atteindre, et ils s'y élèvent en s'aidant l'un l'autre : admirable exemple d'une clémence infinie, qui ne coûte rien à la justice, et d'un repentir infini aussi, qui n'ôte rien au bonheur de la réconciliation (1)! »

(1) M. Saint-Marc-Girardin, Cours de Littérature dramatique, De la Clémence paternelle.

128 ÉTUDE SUR LA PARABOLE DE L'ENFANT PRODIGUE.

Un mot encore. La philosophie, quand elle a bien voulu être religieuse, et laisser à Dieu une place dans les choses de ce monde, a altéré l'idée du repentir dès qu'elle y a touché. On répète quelquefois, d'un ton moitié sérieux moitié badin, ce vers de Voltaire :

Dieu fit du repentir la vertu des mortels.

Que le repentir soit une vertu, et cette vertu un don du Ciel, tout chrétien y souscrira sans peine : c'est là sa foi et son espérance. Cependant, faire du repentir, non pas la vertu par excellence, mais l'unique vertu dont nous soyons vraiment capables, comme ce vers l'insinue, n'est-ce pas mettre les mortels un peu trop à l'aise? N'estce pas implicitement supprimer ou du moins déprécier les vertus proprement dites? Voyez, au contraire, combien est pure la doctrine évangélique, et comme elle nous apprend la véritable valeur de chaque chose. En nous disant qu'il y aura plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur pénitent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence, elle nous émeut et nous attire, sans rien ôter au mérite de la vertu conservée; et, si le père de famille pardonne avec bonheur au fils repentant qui s'était éloigné, ne loue-t-il pas l'autre d'être toujours resté avec lui?

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MÉMOIRES

DE L'ACADÉMIE

IMPERIALE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DE DIJON.

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