Privatâ cum sorte patris de funere functi. 110 At mihi damna domûs, populantem illata per hostem, 120 Per quem cara mihi et patria et domus ipsa fiebat1 ;115 125 Illecebras, gravibus conjuncta et damna periclis. 130 Invitant adversa tamen per nostra tuorum Cognita donorum solatia, Christe, bonorum "; V. Actions de grâces. Opus hoc abs te, Deus, orsus, « Fiebat. » On sait que les poètes du siècle d'Auguste allongeaient la première syllabe de ce mot, malgré la règle générale qui veut que toute voyelle suivie d'une autre voyelle soit brève. Voyez nos observations à ce sujet, pages 249 et 250, note 6. 2 Specialia commoda matris, etc., avec l'intention d'attaquer les clauses particulières qu'il con 3 135 tenait en faveur de ma mère. « Læva facultatum fama mearum,» le fatal renom de mes richesses. 4 « Conjuncta damna >> est encore régi par «< inter. » Construisez : « Tamen solatia tuorum bonorum cognita per. adversa nostra invitant (sous-entendu « nie ») prodere fando tua munera, etc, Nunc quoque concludens tibi desino; teque precatus Ut, quia vitâ in hac', quâ nunc ego dego, senili, 2 140 145 Nec mihi quid potiùs cupiam discernere promptum est; 150 Sed quæcumque manet nostrum sors ultima finem, 155 des syllabes et je dirai même dans la délicatesse de l'expression. Toutes ces choses peuvent donner à une pièce de vers de l'éclat, du charme, si on en fait un bon usage. Mais, pour employer avec succès toutes les ressources de la poésie, il faut d'abord ressentir soi-même une émotion vive et sincêre. Il est bien rare que l'écrivain qui puise dans son propre cœur ses inspirations ne les fasse pas goûter à ses lecteurs. C'est pour faire naître chez les jeunes gens qui s'adonnent à la poésie des sentiments capables d'émouvoir leurs âmes que nous avons donné ici le récit de la vie si tourmentée et si pittoresque de Paulin. Claudien Mamert, le chantre célèbre du triomphe de la Croix, était prêtre de l'église de Vienne, et frère de l'évêque de cette ville. Il mourut l'an 474 de Jésus-Christ, et Sidoine Apollinaire composa son épitaphe. Voyez plus loin, page 270. " 1 DE CRUCE DOMINI. Pange, lingua, gloriosi prælium certaminis, 4 De parentis protoplasti3 fraude factor condolens, Hoc opus nostræ salutis ordo depoposcerat, Quando venit ergo sacri plenitudo temporis, Vagit infans inter arcta conditus præsepia; Pange, etc. » Vers trochaïques tétramètres catalectiques; voyez page 86, note 1. « Super » suivi de l'ablatif trophæo» est pris dans le sens de la préposition de. « Parentis protoplasti fraude.>> Le génitif est pris passivement; il ne s'agit point en effet de la fraude commise par notre premier père, mais de la fraude, Lustra sex qui jam peracta 1, tempus implens corporis, Se volente, natus ad hoc, Passioni deditus, Agnus in Cruce levatur', immolandus stipite. Hic acetum, fel, arundo, sputa, clavi, lancea: Crux fidelis inter omnes, arbor una nobilis ! Flecte ramos, arbor alta; tensa laxa viscera ; 5 Sola digna tu fuisti ferre pretium sæculi, Sidoine Apollinaire, issu de l'une des familles les plus illustres de la Gaule méridionale, naquit à Lyon le 5 novembre 430. Son père et son grand-père avaient été préfets du prétoire; il passa lui-même par les plus hautes dignités de l'empire, jouit successivement de la faveur des empereurs Avitus, Majorien, Anthémius, fut leur panégyriste, et se livra tout entier jusqu'à l'âge de 40 ans aux préoccupations d'une vie profane et de la polítique. Mais lorsqu'il devint évêque de Clermont en 471, un changement complet s'opéra en lui. Il renonça dès ce moment à la carrière des honneurs et à la poésie légère. Au milieu des agitations et des malheurs qui troublèrent son épiscopat, il se signala par la noblesse de son caractère et par la sainteté de sa vie. Il déploya une grandeur d'âme admirable en face des Goths qui assiégèrent sa ville épiscopale; il fut ensuite tout. le reste de sa vie l'appui et la consolation de son troupeau dont il s'efforça d'adoucir les malheurs par ses bienfaits. Il mourut le 21 août 488. Sidoine Apollinaire composait avec une extrême facilité; on croit même qu'il a improvisé tous ses poèmes. On remarque en général dans ses ouvrages de la chaleur et de la verve, de l'élégance et de l'esprit, mais souvent aussi de la recherche et de l'obscurité, des jeux de mots et des subtilités qui trahissent l'élève des muses et des rhéteurs du paganisme. Bien que les poésies qu'il a faites avant sa conversion n'offrent point ce caractère de simplicité que nous admirons dans les poètes chrétiens, nous n'avons cependant pas hésité à faire entrer dans notre recueil quelques extraits de ces poésies, parce qu'elles renferment des détails curieux et instructits sur les barbares et sur les événements du ve siècle. I. Epitaphe de Philimatią 1. Occasu celeri feroque raptam Philimatia, mère de cinq enfants, avait à peine trente ans lorsqu'elle mourut. Sa fin prématurée plongea toute sa famille dans la douleur. Ce fut à la demande du malheureux père de cette jeune femme, que Sidoine Apollinaire fit son épitaphe en verg hendécasyllabes. Le vers hendécasyllabe phalécien, employé dans cette petite pièce, se partage en cinq pieds le preinier est un spondée, le second un dactyle, les trois derniers sont des trochées, formant en tout onze syllabes; figure: |