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et si savante fût-elle, elle ne doit pas le faire dans les autres cas; on croirait alors qu'elle parle par vanité et pour paraître mieux élevée, plus vertueuse et plus sainte que les autres.

D'autre part, comme on ne saurait enseigner à autrui ce qu'on ignore soi-même, la veuve doit être instruite dans la science qu'elle désire communiquer, et en particulier sur deux points fondamentaux.

D'abord dans les voies de Dieu. Elle doit retenir fidèlement dans sa mémoire les articles de foi, les commandements divins, les conseils évangéliques, la doctrine de la vie spirituelle, en les apprenant par les prédications, les enseignements des docteurs, les exhortations particulières, les lectures des bons ouvrages et l'expérience personnelle. La doctrine que l'on connaît par l'expérience est plus salutaire et plus efficace que celle qu'on a apprise par la bouche d'autrui, alors surtout qu'elle est acquise par les illuminations célestes, reçues dans la sainte oraison et inspirées par l'amour divin. Tenez-vous soigneusement en garde contre les visions; le démon est subtil et en a trompé un grand nombre. Quand elles surviennent dans votre esprit, dites-le à votre confesseur, s'il est un homme prudent, savant et pieux. Dans le cas contraire, allez en trouver un qui soit capable de vous donner un bon conseil, et n'en parlez aucunement aux autres, à moins qu'ils ne vous y encouragent; sinon vous pourriez faire beaucoup de mal à votre âme.

Ensuite, dans le gouvernement de la maison, dans les bonnes mœurs et la bonne éducation. Chaque veuve doit être instruite et expérimentée sous ce rapport, afin de pouvoir enseigner sa propre famille. C'est dire assez que les jeunes veuves doivent s'instruire préalablement, et, quand je dis les jeunes veuves, remarquez bien, je ne parle pas

tant de l'âge que de la gravité et de la conduite; car, seJon la parole du Sage (IV, 8), la vieillesse ne s'estime pas d'après le grand nombre d'années, mais d'après le bon sens. Or les unes sont jeunes sous ce rapport, quoique vieilles par les années; celles-là doivent s'instruire et devenir vénérables par leur sagesse avant d'enseigner. Les autres sont jeunes quant à l'âge, mais vieilles quant au jugement, et, bien que la jeunesse diminue un peu l'autorité, elles peuvent enseigner, parce qu'elles en sont capables, quoique d'une manière moins fructueuse que si elles avaient la double vieillesse du bon sens et des années.

Ainsi, la veuve qui est bien instruite sur ces deux points, et qui observe les règles que je viens de tracer, pourra être utile aux âmes et annoncer le Christ à un grand nombre, à l'exemple de sainte Anne. Voyons maintenant quels sont ceux à qui elle doit donner ses enseignements.

CHAPITRE III

De la prudence dans l'enseignement.

Nous avons tous des supérieurs, des égaux, des inférieurs. La veuve, pas plus que nul autre, ne doit prétendre enseigner les supérieurs, sinon, à mon avis, par le bon exemple, qui est plus efficace que la parole, et lorsqu'ils font fausse route par rapport au salut. Dans ce cas, le supérieur devient inférieur, et, par conséquent, chaque fois qu'on voit un père, une mère, un maître quelconque,

s'éloigner du droit sentier, et qu'on se sent capable de l'y ramener, il faut le faire, mais avec sagesse et humilité. Si vous n'en avez pas le courage, consultez votre confesseur ou une personne prudente sur ce que vous pouvez faire pour sauver son âme, et ne laissez jamais courir à sa damnation celle que vous pouvez ramener. S'il ne vous reste plus d'espoir, priez pour elle peut-être Dieu daignera-t-il la ramener à lui.

Quant aux égaux, nous pouvons les enseigner, non seulement par la prière et l'exemple, et, lorsqu'ils font fausse route, par la correction fraternelle, mais encore par des exhortations et même par des réprimandes, pourvu que nous sachions leur prouver que nous faisons acte de charité et non de supériorité à leur égard. Toutefois, il est bien entendu que vous n'avez pas à rechercher et à examiner la vie privée de vos voisines et des autres, afin de leur faire la correction et de les pousser vers la vie éternelle. Ce serait s'abandonner soi-même pour autrui, et nous devons, avant tout, nous préoccuper de notre propre salut. Ne vous livrez donc à aucune enquête sur le prochain, et ne faites la correction que quand vous avez occasion de la faire par charité et avec prudence. Vous êtes alors obligée de prendre soin de son âme; car il est écrit : Dieu commande à chacun de veiller au salut d'autrui. (Eccli. XVII, 12.) La prudence vous sera enseignée par l'onction même de l'Esprit - Saint; elle s'acquiert principalement dans la prière.

A l'égard des inférieurs, vous pouvez agir, en outre, avec autorité; mais en conservant toujours au fond du cœur la sainte miséricorde, même quand vous usez de sévérité parce que la douceur ne suffit pas pour les corriger. Il est vrai qu'il faut y apporter une très grande discrétion; car

il faut enseigner autrement les petits enfants, autrement les jeunes gens, et autrement les hommes mûrs, comme il faut corriger d'une manière toute différente les orgueilleux et les humbles, les irascibles et les doux, les mélancoliques et les joyeux, les intempérants et les sobres, les envieux et les charitables. Je n'en finirais pas, si j'entrais dans les détails, et je me contente d'établir cette règle générale de tout enseignement et de toute correction. N'agissez jamais par orgueil ou par vaine gloire, et soyez toujours guidées par la charité et par le désir de gagner l'âme de votre prochain. Ce désir et cette charité vous révéleront la vraie mesure dont vous devez vous servir à l'égard de chaque personne, science exquise que l'onction de l'Esprit-Saint enseigne beaucoup mieux que tous les livres.

Lorsque la malice des égaux ou des supérieurs vous réduit à l'impuissance, laissez-les faire; il ne vous reste plus qu'à prier pour eux. Quant aux inférieurs, vous devez les contraindre par les menaces et les châtiments, afin qu'ils ne soient pas nuisibles aux autres.

O saintes veuves, imitez sainte Anne, qui n'annonçait pas le Christ à tous indistinctement, mais seulement à ceux qui étaient disposés, parce qu'ils attendaient la rédemption d'Israël. Soyez fidèles aux règles de conduite que je viens de vous tracer, et vous partagerez un jour avec elle dans la gloire du paradis les délices de l'Époux éternel des âmes, du Christ Jésus, qui vit et règne avec le Père et le SaintEsprit dans les siècles des siècles. Amen!

DE L'ORAISON MENTALE

Tractato de Frate Hieronymo de Ferrara del ordine de Fr. Pred. in defensione et commendatione della oratione mentale. Impresso in Firenze, per Maestro Antonio Mischomini, S. A., in-4°. Réimprimé à Florence, id., id., 1495; à Venise, 1538, 1747, etc.

Savonarole déclare, au commencement de ce petit traité, qu'il l'a composé et écrit en langue vulgaire pour confirmer la doctrine qu'il avait prêchée, pendant plusieurs années, sur la nécessité de l'oraison mentale, pour instruire, fortifier el consoler les âmes dévotes, et préserver les simples et les ignorants de l'erreur des tièdes et de tous ceux qui s'obstinaient à croire et à enseigner qu'il fallait s'allacher uniquement à la prière vocale.

On verra comment il a su faire une belle application de sa doctrine sur l'oraison mentale dans les traités que nous publions à la suite.

Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi. Ils m'honorent vainement, et enseignent des doctrines qui ne sont que des commandements des hommes. (Matth., xv, 8, 9.)

Tout homme, même instruit médiocrement dans la religion, sait très bien que la prière vocale est peu profitable sans la prière mentale, et que chaque chrétien doit faire. tout son possible pour s'élever jusqu'à l'oraison et à la contemplation des choses divines. Néanmoins un grand nombre de séculiers répandent parmi les simples, non sans détriment pour leurs âmes, que la prière ne doit pas être mentale. Ignorants et inexpérimentés dans la vie spirituelle, ils ne comprennent pas sainement les préceptes des docteurs et des prédicateurs; ils invoquent des auto

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