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possession, la charité une flamme qui, le consumant luimême, le transforme, pour ainsi dire, tout entier en Dieu; la prudence est une contemplation permanente des choses divines et une impulsion céleste, en sorte qu'il est plutôt dirigé qu'il ne se dirige lui-même dans ses actions; la justice, une ferme rectitude de l'âme et une entière conformité à la volonté de Dieu; la force, une constance inébranlable qui ne connaît ni trouble ni crainte; la tempérance enfin, une pureté de cœur telle que l'aiguillon de la chair ne se fait plus sentir. Sur ces hauteurs l'âme jouit d'une sérénité inaltérable; elle ne pense qu'à Dieu et repose doucement sur son sein en redisant avec le prophète : Je dormirai dans la paix et je reposerai sur lui-même. (Ps. IV, 9.) Notre grand Docteur a donc bien nommé tranquillité le septième et dernier degré, qui n'est accessible qu'à un bien petit nombre.

Celui qui n'a pas atteint le premier degré est malheureux. Qu'il gémisse jour et nuit jusqu'à ce qu'il y soit arrivé. Dès qu'il y aura réussi, qu'il ne s'y arrête pas. Qu'il s'efforce, au contraire, de monter au deuxième, et qu'il poursuive cette ascension, jusqu'au jour où il lui sera donné de jouir de Dieu. Car personne dans la vie présente n'est tellement parfait qu'il ne puisse se perfectionner encore la grâce n'a été donnée sans mesure qu'à JésusChrist et à lui seul. Nous devons donc marcher toujours de vertu en vertu, jusqu'à ce que nous soyons arrivés à voir le Dieu des dieux dans Sion, où il vit et règne avec ses saints dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

DE L'HUMILITÉ

Tractato dell' humilila composto p. Frate Hieronymo da Ferrara... a Impresso in Firenze, per Antonio Mischomini a di ultimo di guigno, 1492, in-4°. »>

Ce traité est adressé par Savonarole, sous forme de lettre, en réponse à la demande d'une dame du monde, sa fille spirituelle. Il fut souvent réimprimé : à Florence, 1495; à Venise, en 1538 et 1547, etc.

Nous l'avons traduit sur le première édition de Venise, où il est mis en tête de plusieurs traités du même auteur.

« C'est à mes yeux, très-chère fille en Jésus-Christ, « une grande et intolérable présomption, que de pré<< tendre enseigner aux autres ce qu'on ignore soi-même. « Cela est vrai surtout quand il s'agit de morale et de << vertu, car l'homme ne devient savant parfait en ces ma« tières que par un long et continuel exercice. Cela est << encore plus vrai par rapport à la perfection de la vie spi«< rituelle. Nul, en effet, ne peut souffrir l'orgueil de ceux << qui osent l'enseigner aux autres, sans en avoir senti en << eux-mêmes la plus petite flamme, sans l'avoir expéri<< mentée, et même sans l'avoir connue d'une manière quel« conque. On peut en donner plusieurs raisons. D'abord, >> les pauvres orgueilleux sont naturellement détestés. Ces « faux docteurs leur ressemblent; ils sont pauvres par les « vertus qui leur manquent, et orgueilleux par la pré<< somption qui les remplit. Ensuite l'opinion publique n'a << aucune estime pour celui qui encourt le blâme des per«sonnes honorables. Or, ces docteurs, qui prêchent ce « qu'ils ne font point, se condamnent eux-mêmes et dévoi

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<«<lent leur honte en citant les paroles de Dieu, de la <«< sainte Écriture et des saints. Enfin, tout censeur est généralement détesté, surtout lorsque sa conduite est << en contradiction avec sa doctrine; ses auditeurs disent « avec l'Évangile O médecin, commence par te guérir « toi-même, et tu pourras ensuite guérir les autres. (Luc. << IV, 23.)

« Aussi, très-chère fille en Notre-Seigneur, après avoir «< fait toutes ces réflexions, il me semble bien difficile << d'exaucer votre demande et d'écrire sur l'humilité et la « charité. Ces deux vertus occupent les deux points << extrêmes dans l'édifice de la vie spirituelle. L'humilité << en est le fondement; sans elle chaque partie de l'édifice, « et l'édifice tout entier s'écrouleraient bientôt. La charité << en est la consommation et la perfection; elle unit toutes « les parties entre elles: si bien que sans ce ciment elles << se sépareraient les unes des autres, et que l'édifice entier, « même les fondements, ne tarderaient pas à s'écrouler. « Par conséquent, ces deux vertus excellentes exigeraient <«< un écrivain et un panégyriste exercé non pas tant dans << l'art de bien dire que dans la pratique parfaite des bonnes « œuvres. Certes, je n'en suis point là, et, si vous ne << m'aviez point adressé une demande aussi juste et aussi << raisonnable, le sentiment profond de ma propre faiblesse « aurait toujours empêché mon esprit de composer, mes « lèvres de parler, et ma plume d'écrire sur un tel sujet, « trop au-dessus de mes forces. Mais quand je songe que << vous ne pouviez pas exprimer à votre père spirituel un

vœu plus utile pour le salut de l'âme, plus convenable à « mon ministère, et plus nécessaire à votre état, je ne <«< crois pas pouvoir vous répondre par un refus. Loin de là; « et quoique je sois peut-être présomptueux, je me sens

« plutôt pressé d'exciter ma tiédeur que d'écouter ma né« gligence et de vous refuser un enseignement qui pourra « contribuer à l'avancement des personnes pieuses dans la « vertu. Plût au Ciel que ces deux vertus fussent aussi « profondément enracinées dans mon âme que je le vou«drais! Je serais alors plus capable de satisfaire votre bon « désir.

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« Cependant remarquez bien ceci tout d'abord. De même « que ceux qui auront progressé davantage dans ces deux « grandes vertus, dont l'une est morale et l'autre théolo«gique, seront plus honorés et élevés dans le ciel; de « même ceux (qui auront fait plus de lectures, afin de les acquérir, et n'auront point su en profiter, seront plus « déshonorés et châtiés dans l'enfer. C'est la parole de NotreSeigneur On châtiera davantage le serviteur qui connais« sant la volonté de son maître ne l'aura point exécutée. ( Luc. XII, 47.) Et la raison en est que les sciences morales n'ont << point pour but la spéculation, mais la pratique, comme « le dit Aristote. Quant à moi, j'ose l'espérer du secours « d'en haut, vous et tous ceux qui liront ce petit traité, qui « méditeront avec soin ses enseignements, empruntés à << Dieu et aux saints, en invoquant par leurs prières et leurs << soupirs la miséricorde de Jésus-Christ, principe de « toute vertu, ne manqueront pas de s'avancer chaque « jour dans la voie de Dieu, qui se résume dans l'humilité « et la charité. Aussi, bien assuré que l'Esprit - Saint dai« gnera m'illuminer, j'aborde maintenant cette œuvre au« dessus de mes forces. Et comme dans toute construction « d'un édifice il faut poser avant tout le fondement, je << vais traiter d'abord de l'humilité, vertu qui est le fonde«ment de la vie spirituelle. Puis, si le temps me le permet « et si ma lettre n'est pas trop longue, je traiterai de la

«< charité; sinon, je le ferai dans une deuxième lettre, qui « suivra de près celle-ci1. »

L'humilité est une vertu qui empêche l'esprit de s'élever d'une manière déréglée. La définition mème de cette vertu en démontre la nécessité; car tous les hommes, ou plutôt toutes les créatures intelligentes, ont une tendance naturelle à rechercher par-dessus toutes choses leur propre excellence. Tel est le puissant moteur, le vif aiguillon de tous leurs désirs; et voilà pourquoi l'homme la recherche souvent d'une manière désordonnée. De là encore la nécessité de l'humilité, qui nous apprend quelle excellence nous devons désirer, en qui et comment nous devons la rechercher. Elle nous apprend qu'on ne doit pas préférer sa propre gloire à la gloire de Dieu; qu'après la gloire de Dieu, il faut rechercher d'abord la félicité éternelle; et après la félicité éternelle, la perfection intérieure, couronnement de toutes les vertus. Elle nous apprend que nous ne devons pas espérer d'obtenir tous ces biens par nos propres forces et nos mérites, mais par la seule miséricorde du Dieu toutpuissant. Elle nous apprend qu'on doit plutôt éviter que rechercher les honneurs du monde ou les louanges des hommes qui, malgré leur vanité, chatouillent le cœur, l'enflent d'orgueil et le précipitent vers une grande ruine. Elle nous apprend qu'il faut rester dans la situation où Dieu nous a placés, et être contents de tout ce qui lui plaît. Êtes

1 Nous diviserons ce traité en paragraphes correspondant à l'ordre des matières, afin d'en faciliter la lecture.

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