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En effet, ce chapitre est intitulé : Jugement et condamnation de Jésus. L'auteur prend d'abord soin d'indiquer sous quel point de vue il entend rendre compte de cette accusation. << Que « l'on doive, dit-il, plaindre l'aveugle<< ment des Hébreux de n'avoir pas re<«< connu un Dieu dans Jésus, ce n'est << pas ce que j'examine. » (Il y a encore autre chose qu'il déclare ne vouloir pas non plus examiner.) « Mais, dès qu'ils «ne découvrirent en lui qu'un citoyen, « le jugèrent-ils d'après la loi et les for« mes existantes? >>

La question étant ainsi posée, M. Salvador parcourt toutes les phases de l'accusation, et sa conclusion est que la procédure a été parfaitement régulière, et la condamnation parfaitement appro

priée au fait. «Or, dit-il (p. 87), le sénat « jugeant que Jésus, fils de Joseph, né « à Bethleem, avait profané le nom de « Dieu en l'usurpant pour lui-même, << simple citoyen, lui fait application de << la loi sur le blasphème, et de la loi 5, << chapitre XIII du Deutéronome, et arti«< cle 20, chapitre xvin, d'après lesquels « tout prophète, même celui qui fait « des miracles, doit être puni, quand il parle d'un Dieu inconnu aux Hébreux << ou à leurs pères. »

Cette conclusion est faite pour plaire aux sectateurs de la loi judaïque : elle est tout à leur avantage; elle a pour but évident de les justifier du reproche de déicide.

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Évitons toutefois de traiter ce

grave sujet sous le rapport théologique.

Pour moi, Jésus-Christ est l'HommeDieu; mais ce n'est point avec des arguments tirés de ma religion et de ma croyance que je prétends combattre le récit et la conclusion de M. Salvador. Le siècle m'accuserait d'intolérance, et c'est un reproche que je n'encourrai jamais. D'ailleurs, je ne veux point donner aux adversaires du christianisme l'avantage de s'écrier que l'on redoute d'entrer en discussion avec eux, et que l'on veut accabler plutôt que convaincre. Content d'avoir exposé ma foi, de même que M. Salvador a très clairement laissé entrevoir la sienne, je veux bien aussi examiner la question sous le point de vue purement humain, et me demander avec lui, « si Jésus-Christ, considéré «< comme un simple citoyen, a été jugé

« d'après la loi et les formes existantes? >>

La religion catholique elle-même m'y autorise: ce n'est point une pure fiction car Dieu a voulu que Jésus revêtît les formes de l'humanité (et homo factus est); qu'il en subît la condition et les misères. Fils de Dieu, par sa morale et son esprit saint, c'est aussi en réalité le fils de l'homme par l'accomplissement même de la mission qu'il est venu remplir sur la terre.

Cela posé, j'entre en matière et je vais prouver, qu'en examinant toutes les circonstances de ce grand procès, on est loin d'y trouver l'application de ces maximes tutélaires du droit des accusés, dont le chapitre de M.Salvador, sur l'administration de la justice, offre le séduisant exposé.

L'accusation de Jésus, suscitée par la haine des prêtres et des pharisiens, présentée d'abord comme accusation de sacrilége, ensuite convertie en délit politique et en crime d'État,fut marquée, dans toutes ses phases, des souillures de la violence et de la perfidie. C'est moins un jugement environné des formes légales, qu'une véritable passion, une souffrance prolongée, où l'inaltérable douceur de la victime rend plus manifeste encore l'acharnement de ses persécuteurs.

Quand Jésus apparut parmi les Juifs, ce peuple n'était plus que l'ombre de lui-même. Flétri plus d'une fois par la servitude, divisé par des factions et des sectes irréconciliables, il avait en dernier ieu succombé sous le poids des armes

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